pédagogique
Historiquement,
dans les années 50, on nomme « dyslexiques » les élèves plutôt
favorisés qui n’arrivent pas à réussir leurs études, afin de chercher à
expliquer leurs difficultés…
Mais
d’autres chercheurs visent aussi une autre catégorie d’élèves : ceux
des milieux populaires qu’on identifie comme risquant à l’époque d’être
orientés vers les filières ségrégatives des « classes de
perfectionnement », réglementairement créées pour les « débiles
éduquables ». Pour certains pédagogues, comme Zazzo, leur permettre
d’être identifés comme « dyslexiques » serait aussi permettre à ces
enfants de changer d’étiquette, d’échapper aux structures de relégation
ou à l’utilisation abusive des tests de mesure d’intelligence de
Binet-Simon.
Les
psychologues scolaires essaient de se construire des outils pour
distinguer ceux des « dyslexiques » qui reléveraient du médical, et
ceux qui, en « difficultés d’apprentissage », pourraient bénéficier de
modifications des pratiques pédagogiques.
Enseignants spécialisés et orthophonistes
: territoires contigus ?
Les
orthophonistes, nés officiellement en 1964 avec le remboursement des
actes par la Sécurité Sociale, reconnaissent, par la voix de
Borel-Mesonny elle-même, ces deux catégories, et demandent qu’on ne
leur adresse pas des élèves qui relèvent du champ de l’Ecole. Mais
l’évolution de leur professionnalité, en libéral plutôt qu’à l’hôpital,
modifie progressivement le type de pathologie qu’ils vont prendre en
charge. Ils vont ainsi glisser vers une « rivalité de territoire » avec
les enseignants, qui grandit dans les années 70, même si leur culture
professionnelle n’est au départ pas si distante de celle des équipes de
RASED…
Progressivement,
les pédagogiques se demandent dans quelle mesure l’étiquette « dys » ne
risque-t-elle pas d’être un objet qui empêche de s’intéresser de près
aux difficultés sociales et scolaires dans les apprentissages.
L’apparition d’associations de parents dyslexiques, comme d’autres
associations d’enfants porteurs de handicap, met en scène un nouveau
groupe de pression qui vise non seulement à informer les parents, mais
aussi à faire lobby au ministère et devant les députés pour faire
valoir leurs intérêts… Le paysage change…