Par Cyril Froidure
La Russie et ses marges : un nouvel empire ?, Michel Nazet, collections CQFD, éditions Ellipses, 191 pages, 2007.
Dans le cadre de la collection CQFD, cet ouvrage aborde l’un des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), l’un de ses grands pays émergents dont l’influence, le poids n’ont cessé de croître ces dernières années.
La Russie fait beaucoup parler d’elle par l’intermédiaire de son futur ex-président et peut-être futur premier ministre, Vladimir Poutine et de par son ambition de retrouver un rôle majeur sur l’échiquier international. La Russie fait aussi beaucoup écrire : les universitaires, notamment dans le cadre de l’agrégation, la presse quotidienne ou périodique qui multiplie les articles ou dossiers sur la question énergétique, la place de la Russie dans les relations internationales.
Rappelons que la collection CQFD (cartes, courbes, faits, dates) se positionne comme un outil destiné aux étudiants en classes préparatoires économiques et commerciales ainsi qu’aux étudiants de premier cycle universitaire Toutefois, l’enseignant du secondaire y trouvera une mise au point synthétique et, ce qui n’est pas négligeable des documents forts utiles à la réalisation de séances pour ses élèves.
Scindé en dix chapitres, le développement aborde son sujet en revenant sur la période post-1991 ce qui conduit l’auteur à réaliser un historique classique de cette période, rappel utile s’appuyant sur les pages Quoi ?Qui ? permettant de présenter rapidement personnages (Gorbatchev), des institutions (FSB, CEI)… Rappel notamment du choc que fut le passage au libéralisme provoquant croissance des inégalités, de l’inflation, désordres intérieurs. L’accession de Poutine au poste de président de la fédération marque le début d’une triple dynamique : mise au pas intérieur, retour sur le devant de la scène internationale, explosion de la rente pétrolière.
Intitulant son chapitre 3, La maison Russie (reprise du titre d’un thriller de John Le Carré) en quête d’une démocratie à la russe, Michel Nazet entend démontrer la reprise en main du pays, évoquée plus haut : réforme administrative pour un affaiblissement de l’autonomie des régions, concentration d’anciens militaires, du FSB dans les hautes sphères du pouvoir, réduction de l’autonomie des régions…. soit un retour à la « verticale du pouvoir ». A l’heure du bilan, l’auteur cite Marie Mendras (« la Russie de Poutine ») pour tirer un constat fort négatif de l’action intérieure du président russe.
Les chapitres suivants sont consacrés à l’économie et à la société russe. Une équation à trois inconnues, telle est l’expression utilisée pour décrire l’économie russe dans laquelle l’état garde le contrôle des secteurs dits stratégiques, limitant l’accès des capitaux étrangers à ceux-ci et favorisant la formation de grands champions nationaux (Gazprom). Le marché est désormais la référence en Russie ou plutôt le quasi-marché tant les blocages persistent ainsi que l’économie informelle (40% du PIB). D’autres facteurs fragilisent l’économie russe : le manque de financement et de voies de communication modernes.
Quant à la société russe, Miche Nazet insiste sur la démographie qui pourrait amener le pays à moins de 100 millions d’habitants en 2050, la montée des inégalités et des vulnérabilités que les Russes souhaiteraient voir disparaître. Il n’en reste pas moins que l’on constate un mieux certain car nombreux sont les voyants au vert : croissance du PIB, des réserves de change, des prix du pétrole, des salaires, de la demande intérieure. Le maintien de cette dynamique tiendra pour de nombreux experts à trois choses : la résolution de la crise démographie, la question des réformes et la fluctuation des prix des hydrocarbures.
A partir du chapitre 7, la Russie est envisagée dans ses relations avec son environnement. Les territoires de l’ex-URSS ont fait l’objet d’une restructuration encore en cours. Les tentatives de structurations régionales n’ont pas rencontré le succès attendu tant les rivalités et le poids de la Russie freinent toute intégration régionale.
C’est ainsi que l’auteur distingue trois cercles, trois niveaux de rapports entre la Russie et son « étranger proche » : des pays plutôt proches de la Russie (Arménie, Biélorussie bien que pour cette dernière, le problème du gaz risque de modifier la donne), des partenaires loyaux (le Kazakhstan), des partenaires réticents (Ukraine, Azerbaïdjan). Un focus revient sur la Tchétchénie : au début des années 90, la tendance à l’autonomie des régions de la fédération favorisée par Boris Eltsine a affaibli la mainmise de l’état dans cette région. Vladimir Poutine a opéré dès son accession à la présidence un tour de vis en direction des régions leur coupant les vivres (diminution des recettes fiscales) afin de réduire les tendances séparatistes. Dans le cas de la Tchétchénie, deux conflits armés successifs puis une normalisation sous la férule de Ramzan Kadyrov ont stabilisé la situation. Il semble qu’il ne soit pas question pour la Russie de « lâcher » et ce pour au moins deux raisons : l’impact sur l’avenir de la fédération, la menace islamiste.
Au-delà de l’étranger proche, la Russie envisage ses relations extérieures sous trois angles : le souhait de redevenir une grande puissance, la sécurisation de ses frontières, le maintien de sa zone d’influence. Ses relations avec les puissances de ce monde oscillent entre accords et désaccords : le cas des Etats-Unis est symptomatique. Après le soutien donné suite au 11/09, la Russie se montre plus réservée désormais depuis le soutien américain aux révolutions colorées et le lancement du projet de bouclier anti-missile.
La réflexion sur la politique étrangère russe s’achève par un extrait de « Face à l’hyperpuissance » d’Hubert Védrine pour qui Poutine « hiérarchise ses priorités » avec comme priorité absolue de faire de la Russie un pays moderne.
Questions internationales, La Russie, N°27, septembre-octobre 2007. La Documentation Française.
La Russie au sommaire de Questions Internationales. En Somme rien de surprenant tant l’actualité politique (prochaine présidentielle), énergétique (rente pétrolière en forte croissance), diplomatique (course au pôle, relation Russie/étranger proche, bouclier anti-missile), des concours de l’enseignement (sujet de l’agrégation) fait du plus grand pays du monde, un de ceux qui fait le plus parler de lui, le plus écrire sur lui avec la Chine et les Etats-Unis.
83 pages lui sont consacrées, articulées entre une présentation d’une « Russie en mouvement », des articles de fonds, des encarts présentant des aspects particuliers (Saint-Pétersbourg, la défense russe, la Tchétchénie, les institutions…) et enfin une bibliographie/sitographie sur une double-page. L’ensemble est de lecture agréable tant par la qualité des articles que par la qualité de la revue en elle-même.
Un premier article d’Anne de Tinguy, professeur à l’INALCO, revient sur le processus de formation du territoire de l’empire russe puis de l’URSS en insistant sur deux idées-phares : une avancée presque continue, une progression de proche en proche. Cet article, étayé par une sérieuse chronologie et une série de cartes, met en lumière l’existence d’un syndrome post-impérial, les dirigeants russe considérant que la Russie devait conserver un rôle de stabilisateur dabs l’espace ex-soviétique tout en y défendant ses « intérêts vitaux ». Mais l’échec de la CEI, l’apparition des Etats-Unis, de la Chine, de l’UE, les révolutions de couleur ont confirmé le passage de la notion d’ « étranger proche » à étranger tout court pour cet espace. Il n’en reste pas moins que, dès le début de son premier mandat, Vladimir Poutine a souhaité y restaurer l’influence russe à l’aide de moyens économiques (rentre pétrolière) voire culturels (un soft power à la russe), n’envisageant cet espace « qu’en terme de zone d’influence ».
Laurent Rucker, maître de conférences à Sciences-Po questionne la nouvelle puissance russe. Il ne la remet pas totalement en questions : la croissance économique, les pétrodollars, l’intégration du pays dans les institutions internationales sont un signe de renouveau. Intégration certes mais aussi affirmation des positions particulières face notamment aux Etats-Unis ou aux Européens sur la question du bouclier anti-missile ou des révolutions colorées. Toutefois les atouts de la Russie restent à confirmer : les hydrocarbures permettent de fortes rentrées de devises mais il faudra investir dans des infrastructures d’évacuation pour valoriser ces ressources. Surtout, l’auteur relève trois faiblesses structurelles, talons d’Achille du pays : le faible poids de l’économie russe dans l’économie mondiale, la question démographique et l’absence de véritables alliés dans le domaine diplomatique.
Quel sera le bilan de Vladimir Poutine concernant l’espace post-soviétique ? A la fin des années 90, la Russie est clairement en perte de vitesse dans ce qui fut son empire. Depuis la politique russe est passée par plusieurs phases, entérinant la « mort » de la CEI, réactivant une partie de son influence mais les révolutions colorées ont contribué à durcir les positions russes utilisant à plusieurs reprises le levier énergétique pour tenter de faire plier ses voisins ukrainiens et biélorusses. A ce jour la Russie s’engage, selon Arnaud Dubien, rédacteur en chef des lettres Ukraine Intelligence et Russie Intelligence, dans ces espaces avec pour objectif de défendre ses intérêts comme tout un chacun : intérêts énergétiques en Asie centrale, politique en Moldavie.
Et qu’en est-il de la place de la Russie en Europe ? Les discours sont ambigus côté Poutine : oui la Russie est européenne mais elle a sa spécificité. Dans le même temps, les Russes sont sensibles au mode de vie des Européens. Toute une série d’accords, d’institutions régissent les relations Russie/Europe mais les relations bilatérales sont très diverses allant de plutôt mauvaises avec la Pologne à bonnes avec les grands états. L’avenir de celles-ci dépend des réponses apportées aux questions suivantes : le statut du Kosovo, la définition d’un nouveau cadre juridique Russie/Europe, les conflits dans l’attente d’une solution viable (Trasnistrie), l’énergie.
L’article se pose la question de savoir qui gouverne en Russie. Rappel est fait des évolutions postérieures à 1991 en soulignant les points rapprochant Eltsine de Poutine et ce qui les éloigne. Les éloigne la popularité du deuxième mais aussi sa volonté de rétablir la fameuse « verticale du pouvoir »,, symbolisée par Vladimir Poutine et son entourage, le clan des Pétersbourgeois (Dmitri Medvedev, Alexeï Miller). Jean-Robert Raviot, maître de conférences à Paris X, fait remarquer ensuite la proximité entre politique et économie : le premier permettant un enrichissement personnel ou la formation d’un réseau, le cumul de fonctions politiques et économiques par certains des plus hauts dignitaires (Igor Setchine, chef adjoint de l’administration présidentielle et président du directoire de Rosneft). Ce système est à ce point rodé qu’il en résulte un « déficit méritocratique » au profit du clientélisme.
Les deux derniers articles abordent spécifiquement les volets économique et sociétal. Yves Zlotowski, économiste senior à Coface, conclut à une renaissance de l’économie russe, illustrée par une forte croissance de la consommation et une discipline fiscale, rendue possible par l’envolée des cours des hydrocarbures. Mais l’auteur voit plusieurs raisons d’envisager l’avenir en noir : le manque d’investissements symbolisé par les fortes réticences à laisser des majors s’introduire dans la capitale des champions nationaux de l’énergie, la fin annoncée des ressources en énergie fossiles, l’absence de diversification de l’économie, l’existence d’un état à la fois entrepreneur et nécessairement réformateur.
Quant à la société russe, Myriam Désert, maître de conférences à Pairs IV, en trace un tableau contrasté. Fortement secouée par la période de transition et la crise de 98, elle a connu une forte polarisation mais vu aussi l’émergence d’une classe moyenne, plutôt jeune, urbaine (moscovite), individualiste, dont les revenus oscillent entre 12 000 et 27 000 roubles (350 à 780 euros) et se démarquant du reste de la population par sa consommation de loisirs. Ces mutations sont à mettre en relation avec l’apparition d’un « discours sur l’appauvrissement du spirituel » et le succès de l’individualisme. Les multiples pertes d’identités suite à la chute de l’URSS ont amené un repli sur le groupe des proches, sur le fonctionnement en réseau, mais impossible pour les plus démunis.
Utile pour les aspirants à l’agrégation, ce numéro ne le sera pas moins pour l’enseignant du secondaire qui pourra y trouver de nombreux documents : cartes (IDH, répartition des ressources, de la population, des sujets de la fédération), graphiques (8 graphiques sur la situation de la Russie par rapport aux autres membres du G8 concernant 8 paramètres).
La Russie, sous la direction de Gabriel Wackermann, 397 pages, éditions Ellipses.
Question de concours oblige, nombreux sont les ouvrages publiés sur ce pays. Celui-ci est destiné aux candidats du Capes et de l’Agrégation même si les enseignants du second degré y trouveront analyses et documents pour aborder la Russie en quatrième ou terminale.
Cet ouvrage collectif (16) se décompose en 6 parties passant en revue quelques grands thèmes histoire, frontières, démographie… Notons que la question environnementale est traitée, signe des temps, en deuxième position. Cet ouvrage sera donc fort utile en complément de la Nouvelle Russie de Jean Radvanyi scindée en deux parties : thématique et régionale. Les chapitres sont de longueurs variées, s’achevant systématiquement par une bibliographie et dans certains cas par une sitographie (chapitre l’industrie russe), la place accordée aux documents est elle aussi variable allant de forte (La Russie, un peuplement faible, inégal et diversifié) à faible (une redécouverte de Moscou). Soulignons enfin la multitude d’informations très récentes concernant des signatures de contrat, la construction d’infrastructures…
La première partie « Du passé au présent », s’ouvre sur un historique passant en revue les périodes tsariste, soviétique et post-soviétique car, dans ce pays en particulier, le passé est nécessaire pour expliciter le présent ; ainsi le souvenir de la grandeur de l’URSS, voire de la Russie impériale nourrit le souci actuel de retrouver une place conforme à son histoire dans le monde. L’ambition russe se manifeste en de début de XXIème siècle par une tentative visant à maintenir son influence dans son « étranger proche » mais aussi une « offensive tous azimuts » cherchant à insérer la Russie dans le monde d’aujourd’hui s’appuyant souvent sur partenaires historiques : multiplication des contrats avec des firmes étrangères, Sotchi désignée ville olympique… Passé aussi présent à l’intérieur des frontières : le cas de l’urbanisme est évoqué, urbanisme subordonné à une planification économique favorisant le développement industriel de l’URSS. La fin de cette période de près de 70 ans marque l’entrée brutale dans la mondialisation provoquant nombre de bouleversements sociaux, de nouvelles inégalités ; une mondialisation « internationale » plus que globale dans la mesure où l’état y joue un rôle fondamental. Dans cette Russie mondialisée, quel avenir pour les quelques 110 langues parlées en Russie ? Le russe reste la langue officielle mais la Russie étant un état multinational, elle partage souvent cette faveur avec ou plusieurs autres langues.
Dans la seconde partie, il est question d’environnement Michel Deshaies liste les atteintes à l’environnement (eau, air, sol..) résultant de l’exploitation des ressources naturelles, héritées de la période soviétique, associée à une sensibilité environnementale minoritaire.. Or, 0,5% du budget est consacré à la protection de l’environnement soit moins que la Chine souvent montrée du doigt. Toutefois des oppositions locales à des projets jugés peu respectueux de l’environnement se font jour et parviennent parfois à des résultats tel le déplacement du tracé de l’oléoduc Sibérie-Pacifique, l’éloignant du lac Baïkal. La forêt est victime, elle aussi, d’une exploitation peu soucieuse de durabilité même si on décèle les premières tentatives de certification. Marc Galochet le rappelle, la Russie est le plus vaste pays forestier où le couvert forestier est très inégalement exploité. Cette ressource fait du pays le plus grand fournisseur mondial de bois brut mais un faible exportateur de produits transformés.
La partie 3 envisage les relations de la Russie avec ceux qui l’entourent. Avec l’Europe, celles-ci oscillent entre méfiance, dépendance respective et confiance. Le futur partenariat stratégique, encore à définir, permettra d’évaluer la balance entre ces trois sentiments.
Depuis l’explosion de l’URSS, les frontières (les plus longues du monde) concentrent toujours les attentions jouant simultanément un rôle d’interface, de filtre voire de mur dans certains cas. Elles servent ou desservent la volonté de puissance de la Russie, placée devant la disparition de son glacis protecteur, l’intrusion dans sa périphérie Sud des grandes puissances.
La question démographique, partie 4, a été confiée à G.F.Dumont qui revient sur les caractéristiques connues du peuplement russe : disparité du peuplement, concentration à l’Ouest, urbanisation majoritaire récente (années 50), urbanisation et peuplement en forme d’entonnoir.
L’évolution démographique est inquiétante car la population, qui diminue déjà depuis 1992, est annoncée selon les prévisions aux alentours de la centaine de millions en 2050. Les explications sont multiples mais on peut en citer deux en particulier : un déficit de naissances, une hausse du nombre des décès le tout non compensé par des flux migratoires suffisants.
Monde rural, questions urbaines et disparités régionales laissent un peu perplexe quant au rassemblement de ces trois questions qui finalement sont abordées les unes après les autres. Monde rural et agriculture, très rapidement étudiés, le sont sous l’angle de la permanence et de la mutation. Permanence des effectifs agricoles et ruraux, des difficultés à vivre dans ce monde, du potentiel et des contraintes des terroirs russes ; mutation dans les modes d’exploitation essentiellement sous l’angle d’un passage du collectif au privé.
La question urbaine s’ouvre sur une localisation des villes de la fédération et les explications à celle-ci pour ensuite s’intéresser à ces « villes russes en révolution » (Denis Eckert), révolution dans le domaine des activités (le tertiaire en croissance) par exemple. Dans le cas moscovite, Jean-Pierre Paulet reprend à nouveau une expression de D.Eckert parlant dans ce cas de « ville mutante », devenue métropole internationale, symbolisée par la croissance de l’activité tertiaire qui trouvera sa traduction par la construction d’un quartier d’affaires pour 2012.
Poursuivant sur Moscou, Philippe Haeringer nous invite à découvrir certaines des dynamiques à l’œuvre dans cette cité : dépeuplement du centre, naissance de nouvelles formes d’urbanisation sous l’impulsion des plus riches alors que les nouveaux pauvres se maintiennent dans leurs logements de l’époque soviétique qu’ils ont pu acquérir dans les années 90 à petits prix. L’idée d’un dédoublement de Moscou est même avancée et serait à situer au-delà de l’anneau autoroutier. Il s’agit du phénomène de datchas que possèderaient 22% des citadins mais dont profiteraient un nombre supérieur de moscovites ; ainsi à une ville collectiviste (omniprésence des grands ensembles d’habitations) ferait écho une ville plus individualiste.
La question régionale est présentée dans un premier temps sous l’angle chronologique : période soviétique de détermination de 89 sujets répondant au problème des nationalités puis après la disparition de l’URSS, une course à l’autonomie encouragée par l’effondrement du pouvoir central et personnifiée par B.Eltsine ; enfin depuis 1998, le début de fusion de certaines entités qui se poursuit puisqu’en 2008, l’oblast de Kamtchatka et le district des Koriaks fusionneront. Ce mouvement s’accompagne simultanément d’un souci de recentralisation voulue par V.Poutine soucieux de rétablir la « verticale du pouvoir ».
La sixième et dernière partie traite de la question économique.
La Russie est-elle une puissance énergétique ? Oui si l’on considère que le pays possède toutes énergies fossiles confondues 30% des ressources mondiales mais tout cela est à nuancer, selon Michel Deshaies, car la Russie a une série de problèmes à régler : la localisation de nombre de ces gisements dans des milieux contraignants (Sibérie orientale, Extrême-Orient), nécessitant d’énormes investissements donc une participation de compagnies étrangères à ce jour limitée du fait de la volonté du pouvoir de maintenir les ressources stratégiques sous contrôle, l’obligation de réduire le gaspillage des ressources et d’accroître l’efficacité énergétique…
L’industrie fut le parent riche du système soviétique qui en fit sa priorité. Aujourd’hui, les paysages de l’industrie russe sont les héritiers de la politique soviétique : usines géantes, villes-usines mais avec la fin du régime communiste de nouveaux paysages sont apparus : d’immenses friches, des villes-usines en partie abandonnées, de nouvelles villes-champignons liées aux hydrocarbures (Novy Ourengoï). Simon Edelblutte identifie ensuite les défis de l’industrie russe : l’intégration à l’économie mondialisée, la reconversion du complexe militaro-industriel, la résolution des problèmes environnementaux. Il trace une nouvelle géographie industrielle autour des hydrocarbures, des métropoles et des littoraux (figure 10 p 353).
Les derniers thèmes présentés concernent le transport dans ce pays aux distances gigantesques. Jérôme Verny présente un système de transports dominé pour le fret par le rail et les tubes et pour les personnes par le rail (pour les trajets courts et moyens) et les transports collectifs dans les villes. On l’aura compris le chemin de fer est d’une importance considérable et c’est donc pour cela que toute une stratégie est redéfinie prévoyant la mise en place d’un marché concurrentiel par la création de nouvelles compagnies, la modernisation du matériel en associant avec des constructeurs occidentaux (Alstom, Bombardier, Siemens), la construction de lignes à grande vitesse dont une est prévue entre Helsinki et Saint-Pétersbourg.
Au final, on a entre les mains un manuel de base utile en ce qu’il tente d’offrir une vision d’ensemble de la Russie d’aujourd’hui tout en prenant bien soin de replacer les dynamiques actuelles dans leur épaisseur historique. Il faudra néanmoins que les candidats aux concours complètent cette lecture par celles d’ouvrages de spécialistes de la Russie (D.Eckert, J.Radvanyi) cités à plusieurs reprises dans le développement.
Pour le compte-rendu de « La nouvelle Russie » de Jean Radvanyi :
http://www.clionautes.org/spip.php?article1156&var_recherche=russie