Par François Jarraud
Quelques travaux récents pour réfléchir ensemble à l’Ecole. Par exemple sur l’importance des compétences sociales des élèves.
Les compétences sociales déterminent la réussite scolaire
Les compétences scolaires sont-elles les plus importantes ? Pedro Carneiro, Claire Crawford et Alissa Goodman, du Centre for the Economics of Education, ont analysé les résultats d’une enquête britannique pour calculer l’importance des compétences sociales dans la réussite scolaire et sociale.
Les résultats sont clairs. Les compétences sociales déterminent la réussite scolaire et l’accès à l’emploi. Quand elles sont pauvres, elles déterminent un risque de comportements dangereux qui sont finalement coûteux pour la société. Les compétences scolaires et sociales dépendent largement du milieu familial. Les auteurs recommandent que les compétences sociales soient davantage prises en compte dans les politiques éducatives.
L’étude
http://www.dfes.gov.uk/research/data/uploadfiles/DCSF-CEE-03-07.pdf
La lecture, PIRLS et la réforme du primaire
« Encore nous avons perdu des places… Aujourd’hui, sur 40 pays, nous sommes dans les six derniers. Même la Bulgarie est devant nous ». S’exprimant au grand jury RTL, Xavier Darcos a annoncé de mauvais résultats pour la France à l’enquête internationale PIRLS 2006. Il a aussitôt annoncé une « clarification » des programmes de l’école : « Il faut que dans les objectifs de l’école primaire que nous centrions sur l’écriture, la lecture, le français. Sans maîtrise de la langue, nous ne ferons rien »
Les premiers résultats de l’enquête PIRLS 2006 devraient être publiés dans trois semaines. PIRLS évalue les habiletés des élèves de 9 ans par rapport à la lecture de textes littéraires et informatifs. 43 pays ont participé à cette enquête qui fait suite à Pirls 2001 et à une première étude en 1991.
L’enquête de 2001 avait déjà montré une position médiocre de la France. 12 pays faisaient mieux qu’elle, 15 moins bien et 7 avaient des résultats similaires. A noter que la Bulgarie, citée par le ministre en repoussoir, obtenait d’excellents scolaires en 2001, se classant 4ème. Les résultats français étaient un peu plus faibles en 2001 qu’en 1991. Les propos de X. Darcos laissent penser que la position de la France a continué à empirer depuis 2001.
Comment expliquer ce phénomène ? Nous avons interrogé Bruno Suchaut, qui avait travaillé sur les résultats de 2001. Qui est responsable de ce fiasco éventuel ?
» Il est vrai que depuis 30 ans », nous dit B. Suchaut, « le classement de la France dans les évaluations internationales est moins favorable. Pour l’école primaire on ne dispose que peu d’évaluations et les résultats de PIRLS 2006 constitueront une base de comparaisons pertinente (mise en rapport des résultats de PIRLS 2001).
Les causes de cette baisse relative de qualité n’est en tout cas pas à mettre du côté des ressources car, le coût par élève a augmenté significativement dans la même période. Les conditions globales d’enseignement se seraient donc plutôt améliorées (en termes de taux d’encadrement notamment). La problème est que le système éducatif français (école primaire notamment) n’a pas pu transformer efficacement les ressources en résultats.
La recherche des causes de ces moindres performances n’est pas aisée, car elle demande à bien séparer ce qui tient au contexte économique et sociale du pays (et donc des caractéristiques socio-économiques de la population) de ce qui tient au fonctionnement de l’école. La mise à disposition des données de PIRLS 2006 permettront d’examiner plus en détail la part de chacun de ces facteurs.
Ce que l’on sait en revanche, c’est que le pilotage de l’école primaire n’est pas efficace actuellement, d’autant plus que des réformes se succèdent sans qu’elle ne puissent véritablement être appliquées. Mais de là à penser que c’est la seule raison des baisses de performances….
On peut supposer que les enseignants ont besoin de repères stables pour leur pratiques, ce qui n’est pas le cas actuellement dans les discours successifs des ministres (comme on peut le voir au sujet du débat sur l’enseignement de la lecture par exemple)
Je ne pense pas que les solutions soient à rechercher du côté de prescription officielle car on sait que les modalités de mises en oeuvre des textes portant sur les pratiques sont difficiles. C’est sans doute plus dans une réflexion sur une nouvelle organisation du pilotage de l’école, plus proche des classes, des enseignants et des élèves qu’il faut s’orienter.
Après tout, la société a beaucoup évolué ces dernières décennies, l’école a connu aussi des évolutions dans son organisation, mais rien n’a changé dans l’organisation des mécanismes de gestion pédagogique, de pilotage et d’évaluation des enseignants, des établissements et des élèves ».
Déclarations Darcos
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20071029.OBS1890/[…]
Pirls 2006
http://www.iea.nl/pirls2006.html
Analyse officielle en 2003
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni0322.pdf
PISA 2006 : Qu’en attend la France ?
Alors qu’on attend les résultats de l’enquête internationale Pisa 2006, chaque pays participant précise ses attentes. Ainsi la France accorde de l’importance aux enquêtes sur l’intérêt envers la science, les connaissances sur l’environnement, les inégalités sociales à l’école , les caractères des bonnes écoles. Mais peu d’intérêt pour une comparaison publique – privé ou les items relatifs aux TIC. Pisa 2006 amis l’accent sur la culture scientifique. Les résultats devraient être connus début 2008.
Document Pisa (en pdf)
http://www.olis.oecd.org/olis/2007doc.nsf/8d00615172fd[…]
Sur le Café : Pisa 2006
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/larecherche/Pages/20[…]
Sur le Café : Pisa 2006
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/larecherche/Pages/2[…]
La politique prioritaire anglaise remise en question
Bill Boyle et Joanna Bragg, de l’Université de Manchester, font les titres de la presse britannique. Au terme d’une étude sur 375 établissements secondaires, ils sont arrivés à la situation que les grands programmes d’éducation prioritaires mis en place en Angleterre n’ont été qu’une « perte de temps coûteuse ». Selon eux 2 milliards de livres auraient été gaspillées. Les programmes n’auraient eu aucun effet sur le niveau en calcul et maîtrise de la langue des élèves.
Leur rapport met en question le pilotage par l’évaluation mis en place dans le cadre de ces projets. Les écoles ont vite appris à plier leurs enseignements aux exigences des tests.
Le rapport est contesté par le ministère des écoles. Parmi ces programmes, Excellence in Cities est souvent donné en exemple en France,par exemple dans « Améliorer l’école » (Puf 2006). Il fait appel à des tuteurs pour améliorer le comportement et le niveau des élèves et à des « groupes de soutien à l’apprentissage » qui prennent en charge les élèves les plus en difficulté. Les évaluations faites par l’Ofsted montrent une baisse de l’absentéisme et un meilleur taux de réussite aux examens.
Université de Manchester
http://www.manchester.ac.uk/aboutus/news/display/?id=126106
Eric Maurin : Il faut poursuivre la démocratisation de l’enseignement
Invité à l’université d’automne du Snuipp à La Londe-les-Maures (83), Eric Maurin s’est confié à l’AFP. « Le diagnostic est sans appel: les générations qui ont bénéficié de ces réformes ont un niveau moyen de formation plus élevé et réussissent mieux que les personnes sélectionnées très tôt à l’entrée du collège » a déclaré l’économiste faisant allusion aux réformes de démocratisation de l’école (collège unique par exemple). « Il y a aujourd’hui beaucoup de scepticisme autour des efforts engagés, comme si ces politiques avaient raté leurs objectifs, ou étaient incohérentes avec le marché de l’emploi. Je constate pour ma part que l’effort réalisé à cette époque a payé : le niveau de formation des personnes au moment de chercher un emploi a bondi. Et la détérioration, en cours à ce moment là, de la situation des jeunes à l’entrée du marché du travail, s’est arrêtée ».
Dépêche AFP
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nous/l_[…]
Le collège unique dans le Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2007/r2007_Edu[…]
Pourquoi l’anti-pédagogie ?
« La France semblait avoir le monopole de la dénonciation de la pédagogie » écrit Philippe Meirieu. « Or, depuis quelques mois, d’autres pays nous ont rejoint : l’an dernier, le mouvement a provoqué, dans le canton de Genève, une « votation » contre les réformes pédagogiques et entraîné la suppression des cycles et la réintroduction des notes. Aujourd’hui, c’est le Québec qui prend la même voie ». Pourquoi cette évolution ? P. Meirieu évoque Neil Postman. Mais aussi l’état général de la société française.
Tribune de P. Meirieu
http://www.meirieu.com/ACTUALITE/anti_pedagogie.pdf