Par François Jarraud
Des publications récentes font débat. Ainsi l’Ocde qui condamne à nouveau l’idée de « l’inflation scolaire ». Les actes d’un colloque Ciep qui s’en prend aux évaluations pisa et aux tests internationaux en général etc.
L’OCDE conteste l’idée de l’inflation scolaire
» Les taux de réussite des études tertiaires ont énormément augmenté dans les pays de l’OCDE ces dernières années. Quel en est l’impact sur les marchés du travail ? L’accroissement de l’offre de travailleurs qualifiés est-il allé de pair avec la création d’autant d’emplois hautement qualifiés ? Ou doit-on craindre qu’un jour, tout le monde travaillera au salaire minimum malgré un diplôme universitaire ? » Dans Regards sur l’éducation, la synthèse annuelle de l’Ocde publiée le 18 septembre, Barbara Ischinger, directeur de l’éducation à l’Ocde, réfléchit aux effets de l’augmentation du nombre de diplômés.
Le débat sur « l’inflation scolaire » a pris une grande importance en France. Il s’agit d’abord d’un débat scientifique qui oppose des spécialistes sur la rentabilité économique de l’éducation et ses effets sur l’inégalité sociale. Ainsi Marie Duru-Bellat a pu attaquer la course aux diplômes en France. « Quand on pense qu’on s’achemine vers une population de jeunes dont un sur deux a un diplôme du supérieur, il faut comprendre qu’ils rêvent tous de devenir cadres. Or on est à 15% de cadres pas à 50%. Si on passe à 20% dans les prochaines années ça ne fera toujours pas 50% ! Donc il faut prévenir ces jeunes qu’ils seront employés » déclarait-elle au Café en 2006.
L’OCDE ne partage pas cet avis. En se basant sur l’analyse du chômage et de la scolarisation, B.Ischinger, estime que « rien n’indique que les moins qualifiés sont écartés du marché du travail ; au contraire, tout porte à croire que la tendance inverse s’installe : les moins qualifiés jouissent de meilleures perspectives d’emploi lorsque la scolarisation augmente aux niveaux supérieurs de l’enseignement. Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que l’élévation du niveau de formation est favorable non seulement à la croissance, mais aussi à l’égalité des chances sur le marché de l’emploi…
Tout ce qui précède donne à penser que les perspectives d’emploi des moins qualifiés dépendent avant tout de la croissance économique et de la hausse de la productivité en général, qu’une offre suffisante de main-d’œuvre hautement qualifiée peut favoriser. Une bonne conjoncture économique suffit donc à compenser plus que largement les éventuels effets d’une mainmise des plus qualifiés sur l’emploi et à générer des avantages positifs pour les moins qualifiés. ».
Regards sur l’éducation 2007
http://www.oecd.org/document/43/0,3343,fr_2649_201185[…]
Inflation scolaire : le dossier du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/11032007Ar[…]
L’éducation des filles préjuge celle des enfants
Quel effet peut avoir l’éducation de la mère sur celle de ses enfants ? P. Carneiro, C. Meghir et M. Parey, University College London, analysent l’évolution des enfants. Selon eux, l’éducation de la mère réduit le risque de problèmes comportementaux de l ‘enfant. Elle améliore les résultats scolaires de 7 à 8 ans et diminue le risque de délinquance à l’adolescence. Ainsi l’éducation des filles est importante pour elles mais aussi pour leur futur enfant.
Etude (en pdf)
CRPE : Sur quels critères les IUFM recrutent-ils ?
Vincent Lang et Christophe Michaut (CREN Nantes) ont analysé les procédures de recrutement des IUFM. Résultat : les IUFM procèdent de façon très diverses selon les finalités qu’ils ont retenu. Tantôt ils favorisent l’excellence scolaire, tantôt les expériences préprofessionnelles.
Etude
http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00172099/fr/
Le salaire enseignant a à voir avec la féminisation…
Comment se positionne le salaire des enseignants par rapport aux autres catégories de salariés ? Bruno Suchaut et Alain Mingat (Iredu) ont pu comparer le (ou les) salaire(s) enseignant(s) en utilisant une banque de données de plus de 35 000 personnes réalisés par l’Insee.
Ils montrent une première originalité des enseignants : la distribution des salaires est moins large chez les enseignants que dans l’ensemble de la population. Pour autant, ily a des différences selon le corps et le sexe. Et elles expliquent par exemple la féminisation. » Si les hommes sont les plus désavantagés en termes relatifs, ce désavantage est plus marqués chez les enseignants du primaire (17%) que chez les enseignants du secondaire (6%). Chez la population féminine, c’est dans l’enseignement secondaire que l’avantage est le plus net (11%), alors qu’il est plus faible (4%) pour les enseignantes exerçant dans le primaire. Même si les résultats présentés dans cette étude sont limités, ils peuvent néanmoins contribuer de manière plus large à la réflexion sur la condition de la profession enseignante et son évolution… La féminisation du corps enseignant qui s’est accrue fortement ces dernières décennies est déjà une question directement associée aux analyses présentées dans ce texte…. La dimension salariale du métier apparaît comme un élément pour expliquer ce phénomène puisque les hommes ont moins d’intérêt financier que les femmes à s’engager dans ce métier. Bien entendu, la condition de la profession enseignante ne peut s’appréhender que par la question des salaires, mais celle-ci reste de toute évidence au centre des débats ».
L’étude
http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00172974/fr/
Les évaluations internationales au CIEP
« Il n’existe pas de modèle type de l’évaluation des acquis scolaires… Chaque pays doit s’approprier… un modèle d’évaluation qui réponde à une urgence identifiée ». Du 29 mai au 2 juin 2006,le CIEP a réuni à Sèvres une trentaine de responsables de systèmes éducatifs africains et asiatiques sur le thème des évaluations internationales.
Celles-ci ont pris une importance certaine. Outre Pisa, le colloque a pu montrer d’autres exemples d’évaluations partagées entre pays du Sud. Ou encore des exemples d’évaluations nationales comme en Guinée ou à Madagascar.
Car c’est un peu un « front du refus » qu’accueillait le Ciep,ls participants dénonçant PISA comme un instrument de domination des grandes puissances. Pourtant un article montre l’intérêt de Pisa pour le système éducatif. Pisa montre, par exemple, que si élèves « à l’heure » ont un score en maths supérieur au score moyen des élèves finlandais, les élèves en retard ou en 2de professionnelle ont des scores très inférieurs.
Les actes du colloque
http://www.ciep.fr/publi_educ/docs/Actes_evaluation.pdf
L’interculturel en éducation
» Déjà prônée par le Conseil de l’Europe dès les années 1970 pour favoriser la paix, l’éducation interculturelle est devenue une priorité pour les institutions européennes dans les années 1990 et 2000. Les approches interculturelles dans la forme scolaire se présentent à la fois comme un enjeu pour les « minorités », les migrants ou plus généralement l’ensemble des élèves, et comme un défi pour les autorités éducatives chargées de les promouvoir. Il nous a semblé intéressant de montrer comment elles ont été mises en place selon les contextes socioculturels – avec une approche historique et actuelle – en Europe et dans les Amériques ». Ce nouveau dossier de veille de l’INRP fait le point sur ces pratiques.
L’étude
http://www.inrp.fr/vst/Dossiers/Interculturel/sommaire.htm
Savoirs pédagogiques et légitimation des réformes
« Le champ de la politique oscille toujours entre deux critères de validation, la science et le plébiscite ». Pour Hugues Draelants (Girsef), rien n’illustre mieux cette réflexion de Bourdieu que l’étude des réformes éducatives. Il étudie la légitimation des politiques publiques d’éducation depuis les années 1990 dans la Communauté française de Belgique.
Pour lui, après une période de légitimation par les sciences de l’éducation, leur politisation et les résistances rencontrées ont amené les décideurs à faire davantage appel au plébiscite des acteurs. « On assiste à une progressive reconfiguration des relations entre politiques, experts et enseignants ». En ce sens, la politisation du débat éducatif, dont nous avons tant d’exemples du Québec à la Suisse, est déjà une défaite de sciences de l’éducation.
L’étude
http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/girsef/documents/cahier_59[…]