Publié juste avant la rentrée, rédigé parfois sans prudence, le rapport du Haut Conseil de l’Education invite à la polémique. Vous trouverez ici des réactions de spécialistes de l’enseignement primaire.
L’analyse de Sylvain Grandserre : A ceux qui ne voient pas bien le rapport…
Lundi 27 août, le président Sarkozy a donc reçu, avec une inhabituelle discrétion, le rapport annuel sur l’école du Haut Conseil de l’Education dont la parution a pourtant fait grand bruit. Pour l’essentiel, les médias et ceux qui les écoutent risquent de ne retenir – sans bien l’identifier – que le caractère alarmiste d’un document pourtant intéressant. […]
L’analyse d’André Giordan : Paradoxe des paradoxes, l’école n’apprend que trop rarement à apprendre efficacement
« « Notre école primaire », peut-on lire dès l’introduction du récent rapport du Haut Conseil de l’Education sur l’Ecole primaire «se porte moins bien que l’opinion publique ne l’a cru longtemps. En particulier, elle ne parvient pas, malgré la conscience professionnelle de son corps enseignant, à réduire des difficultés pourtant repérées très tôt chez certains élèves et qui s’aggraveront tout au long de leur parcours scolaire ». »
L’analyse de Bruno Suchaut (Iredu, Université de Bourgogne) : « Echec de l’école ou échec de la politique éducative ? »
« Ce qui mérite sans soute d’être le plus souligné dans le rapport du HCE, c’est le constat réalisé sur le pilotage de notre système éducatif. Des vraies questions sont posées sur la faible efficacité de la gestion pédagogique de l’école primaire ».
L’analyse de Pierre Frackowiak : Amnésie et cécité
Le rapport du HCE peut être un détonateur ou un levier. Il peut être lu, présenté, exploité pour conduire le système éducatif à sa ruine. Il peut l’être pour construire une école enfin adaptée à son temps et inscrite clairement ans la perspective d’une réelle démocratisation. »
L’analyse de Patrick Picard
« Le récent rapport du Haut Conseil de l’Education sur l’Ecole primaire, remis lundi au chef de l’Etat, est-il un pétard mouillé ou une nouvelle preuve de l’inefficacité de l’action du ministère ? Les lecteurs du Café se feront leur idée en en lisant les 26 pages, mais le moins qu’on puisse dire est qu’ils y chercheront vainement les nouveautés : s’y côtoient quelques truismes largement connus de tous, et quelques contre-vérités aux relents très idéologiques ».
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http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/primaire/Pages/85[…]
Le rapport : Le Haut Conseil de l’Education épingle l’école primaire
« Chaque année, quatre écoliers sur dix, soit environ 300 000 élèves, sortent du CM2 avec de graves lacunes : près de 200 000 d’entre eux ont des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul ; plus de 100 000 n’ont pas la maîtrise des compétences de base dans ces domaines. Comme la fin du CM2 n’est plus la fin de l’école obligatoire, leurs lacunes empêcheront ces élèves de poursuivre une scolarité normale au collège ». Remis le 27 août, le rapport annuel du Haut Conseil de l’Education relève les maux de l’école primaire.
Il dénonce l’inefficacité du redoublement. « Le redoublement précoce est inefficace. Son but est de remettre les élèves à niveau, mais il n’y parvient pas, comme deux enquêtes effectuées à plus de vingt ans d’intervalle l’ont montré. Très vraisemblablement inefficace ainsi que contraire à l’égalité des chances entre les enfants nés dans différents milieux sociaux et aux différents mois de l’année, le redoublement précoce peut difficilement être considéré comme un remède acceptable aux difficultés rencontrées par certains enfants en début de scolarité ».
Le fonctionnement des cycles est aussi critiqué (« trompe l’œil ») ainsi que l’usage qui est fait des évaluations. » Ces évaluations ne sont pas utilisées comme elles le devraient. D’une part, certains maîtres pensent qu’elles sont principalement destinées à une exploitation statistique par leur hiérarchie, sous-estimant ainsi le parti qu’ils peuvent tirer eux-mêmes de ces informations sur les forces et les faiblesses de leurs élèves pour adapter leur pédagogie. D’autre part, à moins d’un an de la fin d’un cycle, il se peut que ces évaluations ne laissent pas assez de temps pour remédier aux difficultés scolaires qu’elles détectent. Au lieu de servir d’instantanés sur les acquis des élèves, elles les enferment alors dans leurs lacunes ».
Que propose le HCE ? Renforcer le pilotage et récupérer des moyens. Le HCE veut renforcer le rôle des directeurs et inspecteurs. Il croit aussi qu’il est possible de récupérer des moyens parmi les maîtres non affectés.
C’est cette absence de propositions qui suscite le plus de critiques. Le Snuipp juge le rapport « décevant ». « Il est uniquement composé d’extraits de textes antérieurs déjà connus et publiés. Il n’apporte véritablement aucune idée nouvelle » estime le syndicat. Pour lui, « Si l’école connaît des insuffisances réelles et peine à faire réussir tous les élèves ce n’est pas ce texte qui peut constituer un outil utile pour tracer des pistes pour transformer l’école ».
Le Se-Unsa souligne que Les éléments chiffrés et leurs sources manquent souvent à l’appui des affirmations, tandis que certaines reposent sur des statistiques datant de près de dix ans. Les taux d’encadrement dans le primaire sont ainsi présentés comme en constante amélioration… alors qu’ils ne cessent de se détériorer depuis 2001 !… L’intérêt des jeunes doit redevenir le cœur de la politique éducative et non, comme actuellement, le seul objectif d’économies budgétaires. Le rapport du HCE peut en fournir l’occasion. Le gouvernement Fillon souhaite-t-il vraiment mettre en œuvre la loi d’orientation Filllon ? »
Le rapport