Catherine Ouvrard, une des responsables nationales de l’ICEM, assume cette idée de « communauté d’artisans », mais souhaite la faire évoluer. « Lorsqu’on lit Freinet, on constate le positionnement anti-universitaire de sa pensée. Mais nous évoluons, et il est nécessaire que notre travail devienne lisible pour des équipes comme celle de Théodile, afin d’avoir une recherche évaluative sur notre travail. Je pense aussi important de préciser qu’une telle étude ne peut mesurer que ce qui se fait dans une école, et que ça ne dit rien de l’immense diversité des pratiques des enseignants qui se revendiquent de la pédagogie Freinet. »
Si la thématique du travail a été choisie par l’équipe responsable du congrès, c’est bien pour assumer son héritage, en montrant qu’il ne fallait pas l’abandonner aux libéraux. « Le travail est une contrainte, mais il a aussi un pouvoir désaliénant : apprendre le travail, c’est une des missions de l’Ecole ». Le fait est que dans une classe Freinet, on voit des élèves au travail. On peut imaginer que ça réjouisse les ministres, mais on fait une grande différence entre le turbin et le travail. Chez nous, tout fonctionne en système : les enfants savent pourquoi ils travaillent… »
Mais elle assure en même temps s’entendre aussi très bien avec les collègues de son école qui ne travaillent pas comme elle, et qui ont aussi « de grandes compétences professionnelles ».
L’avenir de l’ICEM ? Le nombre de participants au congrès la rend confiante… « Beaucoup de jeunes viennent à nous à partir d’infos qu’ils ont glanées sur Internet, de réseaux de discussions. Pas forcément par compagnonnage comme cela se faisait autrefois… » L’objectif pour les années à venir ? Devenir plus visible, plus lisible, mieux montrer que la pédagogie Freinet est adaptée à notre époque, y compris aux zones en difficultés. « Et pour cela, pas besoin d’être dévoué corps et âme à la pédagogie. Beaucoup viennent aussi pour trouver des moyens de mieux se dépatouiller, mieux vivre leur quotidien scolaire… Je vois beaucoup de jeunes enseignants très volontaires, très affutés, qui acquièrent très vite des compétences professionnelles extraordinaires… Et pour les y aider, au delà des vissiscitudes ministérielles, nos groupes locaux ont de la force, les réseaux continuent de vivre, de travailler. On se serre les coudes, on a confiance dans ce qu’on fait… »
Catherine Chabrun, qui consacre une grande énergie à faire repartir la publication du « Nouvel Educateur », revue de référence de l’ICEM, partage cet optimisme, lorsqu’elle voit des jeunes, qui démarrent à Bobigny, arrivant à créer des environnements de travail sereints dans les écoles, avec l’appui du groupe ICEM départemental : « Le contexte politique sévère, les craintes de voir se réduire l’espace pédagogique de l’enseignant, tout cela aiguise paradoxalement l’appêtit d’un certain nombre de gens, et c’est heureux… Le tâtonnement des adultes, c’est autorisé aussi…»
Les priorités pour 2008 ? Relancer les publications, les chantiers, en réinventant des outils et de la formation, y compris en direction du second degré, où trditionnellement l’ICEM est moins implanté. Lors de la récente rencontre avec le ministère, avec les membres du CLIMOPE, les mouvements d’éducation populaire ont réitéré leur demande d’être considéré comme des partenaires. « Le droit à l’expérimentation a été réaffirmé, c’est positif. Je pense que le nouveau ministère va avoir à cœur de ne pas réiter les erreuts du précédent… »
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