F. Jarraud Quelques lignes pour réfléchir aux grandes orientations du système éducatif. La carte scolaire garante des inégalités ? « De fait, la carte scolaire telle qu’elle existe aujourd’hui contraint et pénalise les plus démunis en les cantonnant trop souvent dans des établissements ghettos, et protège les plus riches d’une trop grande mixité sociale et ethnique. En un mot elle renforce les inégalités. À plus d’un titre donc, ses effets ne vont pas dans le sens escompté. Et l’on peut ajouter enfin que le lien établi entre les espaces urbains et les secteurs scolaires tend à renforcer, comme par un » effet en retour « , la ségrégation urbaine elle-même. Les enjeux scolaires sont si forts que les collèges qualifient ou disqualifient leur quartier d’implantation en fonction de leur réputation et de leur public. Ce qui tend à produire une » spirale ségrégative » sans fin. Car c’est bien souvent la question du choix de l’établissement scolaire pour ses enfants qui suscite le » séparatisme » ethnique et social des groupes les plus aisés ». Dans une tribune accordée à Education & Devenir, Georges Félouzis, auteur de L’apartheid scolaire, attaque la carte scolaire et plaide pour une nouvelle politique. « Comment concevoir, dans un tel contexte, une régulation politique ? Il semble important de comprendre qu’en l’état de la très forte imbrication du scolaire et de l’urbain, la seule politique possible est d’agir simultanément sur l’un et l’autre, et donc de penser les politiques scolaires locales dans le cadre des politiques de la ville. De manière concrète, la question des ghettos scolaires semble difficile à résoudre, tant le fait social ségrégatif est ancré dans les conduites sociales. Toutefois, il est toujours possible de viser les conséquences de la ségrégation, et notamment d’entreprendre une action à deux niveaux. Le premier est celui des établissements ghettos. Il s’agirait de compenser le handicap scolaire que constituent ces collèges par une politique volontariste, bien plus affirmée que celle de ZEP, qui agirait non seulement sur les moyens attribués aux établissements, mais aussi sur l’organisation des collèges (repenser le travail et les emplois du temps des enseignants par exemple). Le second niveau est celui des familles les plus démunies, pour lesquelles il faut envisager une action de compensation ciblée, sous forme de bourse ou d’aide à la mobilité scolaire. Ce n’est qu’à ce prix que le séparatisme social de nos cités pourra être limité, tout au moins dans ses conséquences les plus négatives ». Une réflexion qui prolonge l’étude sur les inégalités spatiales en éducation. A voir également : La mixité sociale est bonne pour l’école Primaire : Lecture : vrai débat et fausses solutions Fin 2005, le ministre de l’Education Nationale lance une polémique qu’on croyait largement dépassée en publiant une circulaire sur l’enseignement de la lecture, assortie d’une campagne médiatique de grande ampleur.
Il s’agit – ni plus ni moins – que de rendre obligatoire une seule méthode d’apprentissage de la lecture, celle qui s’appuie sur l’enseignement syllabique, en s’appuyant sur une prétendue unanimité de la communauté scientifique sur la question. Ce dossier fait le point sur les réactions suscitées par ce texte, et tente de rappeler le contenu des programmes de 2002, actuellement en vigueur. Primaire : Calcul : Pourquoi refuser le retour de la division en CP ? « Si nous devions revenir aux programmes de 1945 et si ces programmes devaient créer à nouveau toutes les difficultés qui ont été analysées dans ce texte (notamment : un ennui important dans les classes du fait de la répétition, un désintérêt généralisé des enseignants pour le fonctionnement intellectuel de leurs élèves, un enseignement élitiste parce que seuls les enfants qui s’auto-questionnent progressent en résolution de problèmes…), malgré toutes ces difficultés, nous n’en garderions pas moins ces programmes pendant 50, voire 100 ans. En effet, quiconque voudrait dénoncer le prétendu enseignement de la multiplication et de la division dès le CP, qu’une campagne de type populiste le ramènerait bien vite à la raison : » Ils ne veulent plus que nos enfants apprennent la multiplication et la division dès le CP ! » ; » À une époque qui nécessite des savoirs de haut niveau, ils alignent les programmes vers le bas ! « . L’enjeu, aujourd’hui, est qu’une campagne de même type ne nous emmène vers cette situation bloquée ». Dans un article accordé au Café pédagogique, Rémi Brissiaud, Maître de conférence de psychologie cognitive à l’IUFM de Versailles, dénonce les tentatives de retour aux programmes de calcul de 1945 qui proposaient l’apprentissage des 4 opérations dès le CP. Si ces programmes avaient l’avantage d’inciter de façon précoce les élèves à mémoriser des relations numériques, il avaient aussi de gros défauts : » les enseignants faisaient obstacle au progrès de certains élèves en assimilant sur une longue durée la division au partage,… l’apprentissage de la résolution de problèmes se faisait seulement à partir de résolutions-types, ce qui légitime l’usage d’analogies superficielles ». Ainsi , » l’enseignement de la division avant 1970 n’est pas un » paradis pédagogique » perdu » sauf pour la petite élite qui s’adaptait au moule du programme traditionnel. Est-ce à dire que les programmes actuels soient parfaits ? R. Brissiaud ne le pense pas. Il constate d’ailleurs qu’ils sont largement interprétés de telle sorte que la division est acquise au CE2. Et c’est cette capacité d’évolution des programmes qui semble la plus enrichissante Ce que dénonce finalement R. Brissiaud c’est le populisme affiché à la tête de l’Education nationale. « Au début de l’année 2006, un sondage a été commandé par le Ministère de l’Éducation Nationale, qui demandait aux personnes sondées si elles étaient pour ou contre la méthode globale d’apprentissage de la lecture. Ce fut évidemment un raz-de-marée de » contre » (environ 90 %). Imaginons qu’on fasse aujourd’hui un sondage en disant aux personnes interrogées qu’il est possible d’enseigner la division au CP parce que ça se faisait il y a quelque temps et en leur demandant si elles désirent que leurs enfants bénéficient de cet enseignement… Quel parent ne souhaite pas que ses enfants apprennent tout ce que l’école est susceptible de leur enseigner ? Supposons que des chercheurs tentent d’expliquer qu’en réalité, c’est toujours le partage qu’il est ainsi proposé d’enseigner aux enfants mais un partage qu’on a » habillé » du langage et des signes arithmétiques de la division. Supposons que ces chercheurs tentent d’expliquer que, ce faisant, certains élèves n’accéderont peut-être jamais au concept de division parce que trop longtemps, ils penseront que division = partage. Ce discours paraîtra bien complexe et il ne trouvera place que dans des médias très spécialisés… Avec le développement des moyens modernes de communication (télévision et internet notamment), une démocratie comme la nôtre est de moins en moins à l’abri du populisme. On connaît les belles analyses que fait Pierre Rosanvallon de cette pathologie de la démocratie : il ne la définit pas comme une idéologie mais par son fonctionnement. Il considère le populisme comme un retournement pervers contre elle-même des idéaux et des procédures de la démocratie. Le populisme repose sur le fantasme d’un peuple qui serait unanime à penser autrement qu’une petite élite alors que celle-ci tenterait d’imposer son point de vue. Par exemple : le fantasme d’un peuple unanime à penser qu’il faut revenir à l’enseignement des 4 opérations dès le CP alors qu’une poignée de pédagogues défendraient le contraire ». L’article de Rémi Brissiaud lance un débat important. Il a suscité des réactions. Roland Charnay, Joël Briand, David Lefebvre contribuent au débat dans un nouveau dossier du Café. Le décret sur le socle commun
Conformément aux recommandations du HCE, le socle comporte 7 piliers. Le premier concerne « la maîtrise de la langue française » réduite à la lecture, l’apprentissage de l’orthographe et la grammaire, c’est-à-dire aux dictées et à la leçon de grammaire, des procédés dont la performance est contestée. Le pilier mathématique concerne les 4 opérations, le calcul mental, les théorèmes de la géométrie plane, les équations du premier degré. Le troisième pilier concerne « la culture humaniste » : « il s’agit de donner des repères solides. Ce qui suppose évidemment un apprentissage de la chronologie en histoire et de la cartographie en géographie ». Viennent ensuite la langue étrangère, la maîtrise des TIC, des compétences civiques et sociales, enfin, à la demande du HCE, le développement de l’autonomie et l’initiative de l’élève. Pour le ministre, « la définition du socle commun est un acte capital pour l’avenir de notre système éducatif ! Ce socle sera la base culturelle commune à tous les Français, en même temps que la première étape du processus de formation tout au long de la vie. Il engagera très fortement l’Education nationale, à commencer par le ministre. Car il lui imposera une véritable obligation de résultat ». Oui mais comment passer de l’objectif au résultat ? Le ministre annonce des évaluations régulières en Ce1, Cm2 et au brevet. Et une réforme des programmes du collège. Le socle sera atteint par tous les élèves parce que les enseignants pour la première fois seront « responsabilisés ». A croire que les professeurs jusque là ne travaillaient pas. Pourtant, par exemple, les repères en géographie et histoire sont évalués au brevet depuis déjà quelque temps… Autonomie, initiative : comment les promouvoir quand le ministère s’attaque aux IDD et aux TPE ? « Il n’y a pas de lieu pour l’apprentissage de l’autonomie, c’est un principe qui peut se retrouver partout« . Ou bien nulle part s’il n’a pas de place reconnue dans le système éducatif. Le socle permettra-t-il d’assurer un niveau minimum à tous les élèves ? Le Café a demandé au ministre comment il comptait assurer la réussite des apprentis juniors. Ces jeunes de 14 ans, issus de milieu populaire, en échec scolaire, ne disposeront que de 15 heures de cours pendant deux trimestres sur trois durant leur première année de formation. Encore moins l’année suivante. Ils auront deux fois moins de cours que leurs camarades. Comment dans ces conditions rattraper leur retard et atteindre les objectifs du socle ? Le ministre affirme « Oui c’est possible ! ». Il semble que le socle soit simplement incantatoire ou pas si commun. Harcèlement, autoritarisme administratif : le rapport du médiateur de l’Education nationale « Le nombre de conflits au sein du système éducatif et, en particulier dans les établissements scolaires, s’accroît. Les médiateurs sont de plus en plus sollicités pour faciliter leur règlement. Ces conflits opposent des usagers aux personnels (enseignants, chefs d’établissement, conseillers principaux d’éducation) des établissements scolaires ; ces conflits peuvent également se produire au sein même d’équipes d’établissements ». Le médiateur de l’éducation nationale a rendu son rapport annuel le 23 juin. Plus de conflits ? Peut-être mais en tous cas un peu moins de plaintes cette année : 5456 réclamations en 2005, 1% de moins par rapport à 2004. La grande nouveauté c’est la montée des plaintes d’usagers : cette année elles deviennent pour la première fois majoritaires (53% contre 49% en 2004). De quoi se plaignent les parents ? « . Leurs causes sont multiples et semblent se rattacher, en profondeur, à l’évolution des mentalités. La vie sociale actuelle favorise en effet, chez les usagers, au regard des prestations des services publics, le développement d’un comportement de » consommateur » et, chez la nouvelle génération d’élèves, un état d’esprit qui les conduit à accepter beaucoup plus difficilement qu’auparavant l’expression de l’autorité » affirme le médiateur, sans doute avec raison. Mais il y a aussi les pratiques discrétionnaires des administrations. Ainsi à propos de l’orientation. » Une forme classique de dysfonctionnement administratif est de faire dépendre une orientation plus de la stratégie des services gestionnaires que des vœux des principaux intéressés. En effet, si les difficultés de gestion des moyens de l’académie impliquent la fixation d’un nombre d’élèves minimum pour l’ouverture d’une section ou d’une option, cela ne doit pas se traduire pour autant par une orientation forcée ». Une pratique qui n’est pas si rare que cela… Mieux vaut aussi se couler dans le moule : quand on est candidat libre, ou victime d’un handicap on a davantage de chances de croiser la surdité administrative. Les enseignants appellent aussi le médiateur qui s’interroge sur certaines pratiques managériales. » Parmi les causes de conflit, le type de » management » adopté par certains chefs d’établissements et par certains gestionnaires, au nom de l’efficacité, peut être source de conflits et de stress. Certaines personnes n’y résistent pas et se trouvent en grande détresse ou tombent malades. La limite entre un » management musclé » et le harcèlement moral devient floue et il peut arriver que l’on passe insensiblement et inconsciemment de l’un à l’autre. Il semble que les personnels d’encadrement soient peu sensibilisés à ce problème ». De ce triste inventaire, le médiateur tire quelques recommandations. Ainsi une instruction contre le harcèlement moral est à l’étude au ministère. Le médiateur attire aussi l’attention du ministre sur la nécessité d’une harmonisation systématique des notes au bac, sur l’amélioration de la procédure d’orientation, et d’une façon générale sur une meilleure information des parents sur le fonctionnement du système éducatif. L’apprentissage n’est pas une réponse adaptée aux jeunes non qualifiés « Derrière une idée simple, l’apprentissage se compose en fait d’espaces divers… dont le plus dynamique actuellement n’est peut-être pas le mieux à même de répondre au principal enjeu des politiques de l’emploi : réduire le chômage des jeunes ». Dans une étude qui compare rémunération et chômage après ou sans apprentissage, le Céreq met en évidence l’éclatement de l’apprentissage ne trois branches nettement différentes en terme de débouchés. Un premier apprentissage correspond à des métiers anciens, comme la coiffure, le commerce alimentaire ou l’hôtellerie – restauration. « Centré sur les CAP, cet ensemble se situe à contre-courant de l’évolution générale de l’apprentissage. Ainsi, entre 1995 et 2003, les effectifs d’apprentis ont globalement augmenté mais ils ont diminué de 13 % dans les métiers de l’alimentation et de la cuisine, de 16 % dans l’hôtellerie-restauration. Ces métiers sont pour certains saturés, tel coiffeur ou employé de pharmacie. D’autres sont devenus peu attractifs pour les jeunes qui s’orientent aujourd’hui vers l’apprentissage ». Résultat : pour les jeunes peu qualifiés l’apprentissage n’est pas ,pour le Céreq, une réponse efficace. Mais alors comment expliquer son succès ? C’est qu’il existe deux autres formes d’apprentissage qui fonctionnent mieux. Une seconde forme « relève de la stratégie.. de branches professionnelles – le bâtiment et la mécanique automobile constituent les deux grands exemples – dont l’objectif est la production collective de qualifications négociables sur un » marché professionnel » où puisent des entreprises de différentes tailles… Quand la conjoncture d’un secteur d’activité est favorable, les effectifs d’apprentis progressent… Lorsque le secteur recrute peu, un glissement de l’apprentissage s’opère du niveau CAP et BEP vers le niveau baccalauréat, comme ce fut le cas pour l’électricité et la mécanique automobile entre 1995 et 2003″. Le troisième ensemble est le territoire du » nouvel apprentissage « . Il est investi massivement par l’enseignement supérieur : les écoles de commerce, universités. Il prépare à des professions qui auparavant étaient alimentées soit par des diplômés ayant suivi un enseignement général ou technologique par la voie scolaire, soit par la promotion interne ou la formation continue des salariés : cadres et techniciens commerciaux, cadres de gestion, métiers de la banque et de l’assurance, ingénieurs de production… C’est cet ensemble qui a connu l’expansion la plus nette ». Mais il n’est pas accessible aux jeunes des banlieues. Une nouvelle étude confirme l’impact négatif de la sélection précoce Comment assurer à tous la meilleure éducation ? Tous les systèmes scolaires ont à faire face à l’hétérogénéité scolaire, rappellent Vincent Dupriez et Xavier Dumay (Université catholique de Louvain). Certains préfèrent intégrer les élèves en difficulté dans un tronc commun. D’autres pays séparent les élèves dans des filières différentes. V. Dupriez et X. Dumay ont cherché, en se basant sur les résultats de Pisa, le mode de gestion le plus performant. « La sélection précoce opérée dans le modèle de la séparation isole en particulier les élèves issus de milieux peu favorisés, à travers des mécanismes d’auto et d’hétéro- sélection. Ces derniers se retrouvent dans des classes et des écoles plus faibles où le climat de discipline et les conditions d’enseignement sont moins favorables ; le curriculum y est généralement moins ambitieux. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de constater que dans de tels systèmes, les écarts de performances entre élèves se creusent, de même que les écarts de performances entre groupes sociaux ». Les résultats de cette étude confirment donc des travaux antérieurs. La sélection précoce, par exemple l’apprentissage à 14 ans décidé par le gouvernement, est préjudiciable aux élèves faibles. » Il semble que ce soit les élèves faibles scolarisés dans un modèle de séparation qui tendent à bénéficier des environnements les moins favorables au regard de la composition des écoles, tant sur le plan académique que socioculturel ». Bac : Il y a-t-il trop de diplômés ? « A-t-on raison de persister à vouloir mener 80 % d’une classe d’âge au bac ? Oui, si l’objectif est de donner à tous un niveau commun de formation. Encore faut-il le définir. Les comparaisons internationales montrent que les facteurs affectant le plus la cohésion sociale ne relèvent pas tant du niveau d’instruction moyen de la population que de l’égalité de niveau entre chacun : plus les écarts se creusent, plus les effets sont négatifs et se ressentent, par exemple, en termes de violence. Or, plus on élève le niveau, plus il est difficile de l’atteindre, et plus on prend le risque que subsiste un noyau d’exclus. C’est le reproche à faire aux 80 % : quid des 20 % restants ? » Dans L’Humanité Marie Duru-Bellat jette un regard critique sur la course au bac et aux diplômes. » Encore une fois, cela profite à ceux qui sont déjà en tête. En outre, je m’interroge : ces jeunes, qui sont en maîtrise, y prennent-ils du plaisir ? Beaucoup disent qu’ils n’ont pas le choix, parce qu’on leur a dit que pour trouver un emploi il fallait un bac + 4″. Faut-il élever le nombre de reçus au bac ? A-t-on besoin de davantage de diplômés ? Marie Duru-Bellat, dans son livre sur « L’inflation scolaire » juge que non. La question fait débat. Ainsi pour A. Schleicher, patron de l’éducation à l’OCDE, » les économies les plus compétitives seront celles qui produiront le plus d’information et de connaissances… On pourrait penser qu’avec un tel développement de l’éducation il y aurait une baisse de la valeur des diplômes. A l’évidence c’est le contraire. A l’exception de l’Espagne, les revenus et les autres variables qui nous informent sur la valeur sur le marché du travail de l’éducation ont augmenté plus vite que l’offre depuis 1998. La demande de personnel qualifié augmente plus vite que la fourniture par nos universités ». Retrouvez dans le Café les éléments du débat. Evaluation : Peut-on évaluer autrement? Comment lutter contre l’échec et l’humiliation scolaires ? André Antibi propose un système d’évaluation qui bénéficie du soutien de nombreuses organisations professionnelles et touche maintenant plus d’un millier d’enseignants. A. Antibi est parti d’un constat : la répartition des notes dans le système éducatif français est très différente de celle des autres systèmes éducatifs. Elle suit exactement la même courbe de Gauss quels que soient les élèves, éliminant toujours une partie importante de ceux-ci. « En raison de conceptions ancrées sur le classement des individus, les pratiques d’évaluation apparaissent souvent comme un couperet destiné à sélectionner. Elles sont assujetties généralement à la règle des trois tiers : un tiers de » mauvais « , un tiers de » moyens » et un tiers de » bons « , y compris quand les objectifs ont été globalement atteints par la grande majorité des élèves. Ce phénomène, relaté sous le nom de » constante macabre » se manifeste à des degrés divers aux différents étages du système éducatif ». Ce système de notation « pourrit l’Ecole », démobilise une partie importante des élèves, crée de la rancune et de l’agressivité et finalement génère un taux constant d’échec scolaire. Pour André Antibi, « une telle situation n’est pas fatale. Inverser la tendance est possible, rapidement, au bénéfice de toutes les parties prenantes. Cela suppose une prise de conscience de ce dysfonctionnement, et la volonté clairement affichée de l’éradiquer. Des solutions simples et efficaces existent, déjà expérimentées… En particulier, le contenu d’une épreuve d’examen ainsi que sa longueur doivent correspondre à un contrat clairement annoncé par l’enseignant, sans piège. Dans ces conditions, l’échec éventuel d’un élève ne serait plus ressenti comme une injustice ». Ce que recommande le MCLCM c’est « l’évaluation par contrat de confiance » (EPCC), une méthode où l’élève est informé du contenu de l’exercice et s’y prépare. Mardi 20 juin, il faisait le point sur une année d’action. Le Mouvement bénéficie du soutien actif des associations de parents d’élèves, des syndicats enseignants et de nombreuses associations professionnelles et d’une reconnaissance formelle du ministre de l’éducation nationale. En une année il a doublé le nombre d’enseignants expérimentateurs, passant le cap du millier d’enseignants. Plusieurs enseignants témoignaient des effets de la méthode Antibi. Ils ont vu les résultats de la plupart des élèves monter et la confiance en eux revenir. Ce qui les amène à travailler davantage. Ce que confirment deux lycéens de seconde, élèves de Corinne Croc au lycée de Pont-Audemer. « On est mieux préparé au contrôle. Ca encourage à travailler. Du coup on a de meilleures notes et ça aussi c’est encourageant. Autant travailler pour avoir une bonne note ». Ce succès est-il généralisable ? Pour le recteur Joutard, si la démarche est bonne, si « l’évaluation traditionnelle pourrit le système scolaire », l’EPCC doit faire son chemin chez les enseignants de terrain, au prix d’une adaptation pour les disciplines non-scientifiques. Un appui ministériel plus actif y aiderait. En 2005, la Desco avait promis d’adresser un courrier aux recteurs et aux inspecteurs d’académie pour faire connaître son soutien à cette initiative. La lettre n’est toujours pas partie. Handicap : Un collectif fait un point critique de l’application de la loi « Le Collectif pour la Refondation de la Politique du Handicap continue de douter sur la capacité structurelle du cadre législatif de répondre aux attentes et aux besoins des personnes en situations de handicap, ainsi que sur les financements mobilisés pour atteindre cet objectif ». Le collectif, qui regroupe une trentaine d’associations (Fcpe, Afm, Apajh, Cmt France, Dden, Fsu, Jpa, Se-Unsa, Mgen, Ligue de l’enseignement etc.) dénonce l’insuffisance des moyens budgétaires mis pour appliquer la loi du 11 février 2005. Le lycée comme les lycéens le souhaitent « Conscients que l’exclusion de l’emploi est intimement liée à l’exclusion scolaire, il est aussi de notre responsabilité de réduire la fracture scolaire en réformant un système éducatif à deux vitesses, qui laisse un nombre trop important de jeunes sur le bord de la route et les mène tout droit vers l’exclusion ». Annoncée le 3 mai, la campagne de l’UNL pour l’éducation se décline en trois points. « Nous pensons qu’il est aujourd’hui nécessaire que les élèves puissent sortir du lycée en ayant acquis des réflexes sur le plan des méthodes de travail, passage obligatoire vers une autonomie indispensable dans l’enseignement supérieur comme dans la vie active. Qui plus est, la façon dont sont cloisonnées les disciplines engendre une difficulté pour les élèves à envisager leurs projets d’orientation dans la mesure où il existe une inéquation totale entre le secondaire et le supérieur…. Face à ce constat, nous défendons une révolution pédagogique qui puisse redonner tout son sens à l’enseignement secondaire et aux projets d’avenir des jeunes. Cette révolution devra permettre l’acquisition de méthodes de travail solides en vue d’une autonomie des élèves dans leurs recherches personnelles mais aussi leur permettre de faire le lien entre les disciplines, de prendre du recul quant aux finalités des savoirs acquis, de stimuler leur esprit critique et de leur donner une ouverture sur le monde ». Ce nouvel outil c’est le « Projet interdisciplinaire pour l’autonomie » (PIA) qui serait un module obligatoire destiné aux élèves de 2de divisé en deux temps : initiation à la recherche documentaire et à l’organisation du travail personnel puis élaboration d’un projet interdisciplinaire en petits groupes. Ce module de seconde permettrait une vraie préparation aux TPE. « Le manque d’information complète et sérieuse sur l’orientation conduit à une autocensure de certains élèves dans leur choix. Ceci entretient le phénomène de reproduction sociale ». L’UNL estime que le système d’orientation est « défaillant » et demande la mise en place d’un portail Internet de l’orientation et une redéfinition de la formation des C.O. et des professeurs. L’UNL recommande la mise en place d’une sorte de portfolio individuel sur l’orientation qui garderait trace des démarches de l’élève. « Le manque de passerelles est l’un des facteurs qui participent de la dévalorisation des filières professionnelles. Cette non-reconnaissance du droit à l’erreur et à la réorientation n’encourage pas les élèves à se risquer dans un parcours qu’ils jugeront trop ciblé ». L’UNL demande la création de Lycées polyvalents des métiers qui regrouperaient des filières générales, technologiques et professionnelles et mettrait en place des passerelles entre elles. Sommaire du guide des parents
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