L’enseignement des sciences et la culture scientifique
Rapport du Député JM Rolland sur l’enseignement des disciplines scientifiques dans le primaire et le secondaire. (2 mai 2006).
La question de la diffusion des connaissances scientifiques est large. Cette commission a tenté de poser le problème notamment en ces termes : «[…] savoir pourquoi, si la science permet à l’homme de devenir « un inventeur de phénomènes », selon les termes de Claude Bernard, son enseignement n’est bien souvent que le « téléchargement de données abstraites » pour reprendre une expression entendue au Québec ». On le voit, l’Ecole ne tient pas un joli rôle. Et c’est sans prendre en considération la désaffection des jeunes pour les carrières scientifiques qui semble être un phénomène mondial. La place des femmes dans la science est préoccupante.
Pourquoi ? Que faire ?
Si l’image du chercheur en blouse blanche dans son laboratoire, ayant peine à gagner sa vie n’est guère une perspective enthousiasmante, les études scientifiques en elles-mêmes restent peu attrayantes. Une analyse menée en France et dans trois pays montre que les scientifiques ne sont plus impliquées dans la vie quotidienne, « faute d’avoir conduit une réflexion suffisamment approfondie sur les implication philosophiques, éthiques, voire métaphysiques des découvertes et théories scientifiques ». Pas de débat, des débats laissés aux politiques par exemples, ne contribuent pas à impliquer la population dans la réflexion sur le progrès et peut même laisser la place à des réflexions de mouvements tels les créationnistes ! C’est aussi la conséquence d’un enseignement scientifique cloisonné qui ne permet pas de relier les connaissances entre elles, mais plus sûrement de les accumuler sans construire de sens.
Quel patrimoine transmettre aux futures générations ?
Si l’enseignement des sciences dans son programme permet l’acquisition d’un grand nombre de notions, la culture scientifique tendrait à faire défaut. Quel patrimoine transmettre aux futures générations ?
« D’autres sources de formation [que le cours magistral de l’école] et d’information en direction du public scolaire et non scolaire existent et doivent être encouragées et multipliées. Elles contribuent non seulement à irradier la culture scientifique dans le pays mais aussi à dynamiser l’enseignement traditionnel. L’éducation non formelle, en particulier par les musées scientifiques, doit être l’occasion pour chacun de développer son esprit scientifique et de prolonger sa formation au-delà des portes de l’école. Débarrassés des contraintes disciplinaires et de l’obsessions des notes, les jeunes peuvent dans un environnement stimulant, en prise avec les questions scientifiques d’actualité laisser libre cours à une forme de réflexion personnelle tout en restant dans une démarche de découverte et d’apprentissage ». (p. 39-40). Avec les musées et les institutions, les médias peuvent aussi représenter une source d’apprentissage et de questionnements intéressants pour les jeunes. Malheureusement le rapport, signale le peu d’émissions de qualité et les problèmes de diffusion (horaires, rediffusions rares…). En revanche, la diffusion scientifique via Internet, montre un « déferlement d’informations » qu’il convient d’apprendre à trier, hiérarchiser, authentifier… ce qui semble difficile d’après l’enquête menée. Un effort est à faire.
« Seules les sciences ne sont pas enseignées comme une culture »
L’enseignement des sciences est souvent vécu comme ennuyeux. Il peut être rendu passionnant si on y adjoint l’histoire des sciences car cette histoire est pleine d’aventures, de découvertes, de passions… elle implique des débats, l’exercice de son esprit critique, la relativité des jugements, … « La restitution de l’histoire des disciplines scientifiques est fondamentale pour aider les élèves et les autres à comprendre que ce qui fait progresser la sciences et la compréhension du monde c’est le questionnement. » Cela participe de la construction de la démocratie. Cette perspective contribue à donner au jeune les moyens de s’impliquer dans les débats et d’argumenter, de devenir un citoyen averti.
Deux moments clé pour intervenir : le primaire et quand le jeune atteint l’âge de 15 ans. Au primaire, on regrette le peu de professeurs d’école portés par l’enseignement scientifique à passer le concours. Au secondaire, on regrette l’enfermement des professeurs disciplinaires scientifiques dans leur discipline et le manque de formation quant à l’expérimentation pour les deux catégories. Le rapport relève aussi un déficit de formation continue.
http://www.assemblee-nationale.fr/12/pdf/rap-info/i3061.pdf
La diffusion de la culture scientifique
La diffusion de la culture scientifique et technique pour tous doit être une priorité nationale. Il faut la développer via les établissements d’enseignement en mettant à la disposition des organismes de diffusion de la culture scientifique des services de médiation et en ouvrant leurs locaux. Les universités doivent s’impliquer dans cette transmission culturelle.
Consulter le Rapport d’information n° 392 (2002-2003) de Mme Marie-Christine BLANDIN et M. Ivan RENAR, fait au nom de la commission des affaires culturelles, déposé le 10 juillet 2003 :
http://www.senat.fr/rap/r02-392/r02-392.html
La science dans la société de l’information
Lisbeth Fog, pour l’UNESCO rend compte dans cet ouvrage daté de 2003 de la place des sciences dans la société de l’information. La diffusion des connaissances scientifiques de part le monde est atout central pour le développement des sociétés. A ce titre, les sciences occupent une place centrale pour l’accès à l’information et combler le fossé numérique entre les pays contribuera aussi à combler le fossé du savoir et de l’accès au progrès scientifique et à la formation.
Le fichier est téléchargeable en français en pdf
http://portal.unesco.org/ci/fr/ev.php-URL_ID=12852&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html
Le goût des sciences : une exposition à Rouen
Le musée National de l’Education Rouen propose un exposition intitulée « le goût des sciences ». Un regard sur deux cents ans de diffusion des contenus et des pratiques scientifiques à l’école et dans la société permet de proposer -avec mise en valeur de plus de 300 objets et documents- un parcours autour de sept thèmes :
Enseigner les sciences : pour quoi faire ?, Lire et écrire la science, Observer, Expérimenter, De l’expérimentation à l’investigation, La science à l’écran, Sciences et société.
Jeux et jouets, photographies, ouvrages de vulgarisation scientifiques du début du siècle, schémas des manuels scolaires… permettent mettre en perspective les enjeux et les limites du développement des connaissances scientifiques en France, centrés sur les sciences d’observation et d’expérimentation.
http://www.inrp.fr/musee/page3.php?version=francais&rubrique=INFORMATION_7
Des textes officiels pour prendre appui
Bulletin officiel de l’Education Nationale : le 25 août 2005. Dans le hors série numéro 5, les thèmes de convergences apparaissent comme obligatoires. Ils n’introduisent pas de nouvelles compétences, ni n’impliquent de nouveaux programmes. Ils demandent en revanche une transdisciplinarité pour au moins deux disciplines (la maximum n’est pas proposé). Cette nouvelle façon d’enseigner les notions retenues (6 thèmes) nécessitent une coordination des enseignants des disciplines concernées et devrait favoriser la construction d’une « représentation globale et cohérente du monde dans lequel [l’élève] vit ». Si on lit le texte soigneusement on peut y découvrir qu’il préconise des « interventions conjointes de deux professeurs devant un même groupe d’élèves ». Avec la mise en place du socle commun de compétences et de connaissances (primaire et collège), la culture scientifique et technique tend à prendre une place dans l’enseignement.
Les six thèmes de convergence retenus :
§ Energie
§ Environnement et développement durable
§ Météorologie et climatologie
§ Mode de pensée statistique dans le regard scientifique sur le monde
§ Santé
§ Sécurité
Le socle commun, comporte en troisième partie : les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique. « La présentation de l’histoire de la découverte des lois et les étapes de l’élaboration des concepts, en mobilisant les ressources de toutes les disciplines concernées, constitue en particulier un moyen efficace d’aborder la complexité : la perspective historique contribue à donner une vision cohérente des sciences et techniques et de leur développement conjoint ». (article L. 122-1-1).
Les programmes d’enseignement
Nous n’aurons pas la prétention de l’exhaustivité, mais la lecture des programmes est toujours un point d’ancrage intéressant. Il nous montre à la fois sur quels points du programme intervenir et comment un travail avec un enseignant documentaliste peut être complémentaire. En mathématiques par exemple le programme au BO (HS n°4, 9 septembre 2004 définissent les programmes entant en application au collège pour la rentrée 2005-2006) on peut relever que l’enseignement des mathématiques amène l’élève à maîtrise les techniques mathématiques élémentaires et d’en comprendre et pratiquer le langage : d’où la nécessité de le maîtriser par l’usage notamment des moyens actuels de traitement de l’information et de la communication (voir les opérateurs booléens par exemple !). Pour la classe de cinquième on peut relever la phrase suivante dans le chapitre Organisation et gestion de données, fonction : proportionnalité, présentation des informations et mise en évidence de la relativité de l’information représentée : « Les travaux correspondants sont conduits à partir d’exemples et en liaison, chaque fois qu’il est possible, avec l’enseignement des autres disciplines : sciences de la vie et de la terre, technologie, géographie…., et l’étude des thèmes de convergence. ».
On retrouve des objectifs éducatifs visant la responsabilisation : contribution à la formation du citoyen dans le domaine de la santé et de l’environnement) outre les objectifs cognitifs liés à l’enseignement des SVT au collège. Aussi dans les cours, une part de l’histoire des sciences doit-il contribuer à construire chez l’élève une réflexion sur les savoirs enseignés. La lecture attentive du BO HS n°5 du 9 août 2004 permet de faire ressortir des compétences liées à la maîtrise de l’information : « on attend de chaque élève […] qu’il ait appris à : s’informer, en particulier à observer […], communiquer dans un domaine scientifique, oralement ou par écrit (ce qui suppose la maîtrise des langages en général et des spécificités des langages scientifiques en particulier) ». En classe de cinquième on notera une entrée en géologie sur l’influence de l’homme sur les paysages : à mettre en relation avec l’EEDD. En classe de cinquième on notera une entrée en géologie sur l’influence de l’homme sur les paysages : à mettre en relation avec l’EEDD. On connaît aussi dans les établissements la mise en place des CESC pour la participation à l’éducation à la santé.
La chimie et les sciences physiques ne commencent certes qu’en classe de cinquième au collège, mais elles participent avec les autres disciplines (histoire-géographie, technologie, mathématiques, SVT…) à la formation du citoyen, à l’EEDD. Comme les autres disciplines elle demande une maîtrise de l’écrit et de l’oral qui seront acquises par des « activités documentaires » (sic). Comme tout enseignement elles demandes un apprentissage de notions, mais aussi la mise en pratique du raisonnement scientifique pour résoudre des questions. Ceci sera notamment mis en œuvre par des « travaux de rédaction consécutifs à des recherches personneles (au CDI, sur le Web)… ». (BO HS n°5 du 9 août 2004).