Pour travailler ensemble : connaître les ressources, les partenaires, mais aussi, connaître les programmes…
Mireille Lamouroux est responsable des services documentaires au CDDP du Bourget (Académie de Créteil). Elle a organisé en 2006/2007 un stage destiné aux documentalistes sur les sciences, les ressources scientifiques pour leur donner des atouts afin de travailler plus facilement avec les professeurs disciplinaires.
Café Pédagogique : Vous avez organisé un stage pour des documentalistes sur l’académie de Créteil, avec pour thématique la culture scientifique et technique au CDI : Quels en étaient les objectifs ?
Mireille Lamouroux
Deux mots auparavant pour dire que ces stages communément proposés par les CRDP et CDDP répondent à une mission dévolue au réseau CNDP, renouvelée par le Plan national d’action pour la diffusion de la culture scientifique et technique lancé en 2004. Ils s’intègrent dans une action plus large de relais de la politique menée par le Ministère de la Recherche depuis trois ans en faveur des sciences. Celui que j’ai proposé s’inscrit donc naturellement dans l’opération « Sciences à l’école » (circulaire n° 2004-086 du 25 avril 2004 « Actions éducatives et innovantes à caractère scientifique et technique et ateliers scientifiques et techniques »).
Mon ambition principale lorsque je l’ai organisé était de favoriser le rapprochement des enseignants des disciplines scientifiques et des documentalistes en permettant à ces derniers de se positionner en véritables partenaires.
Parmi les objectifs principaux cités dans la circulaire de mai 2004, j’ai repris celui de « concevoir et réaliser des projets avec d’autres acteurs ». En l’occurrence, il s’agissait pour moi, de faire découvrir sous un autre angle, trois structures documentaires et muséales scientifiques emblématiques et exemplaires à divers titres : la médiathèque de la cité des sciences et de l’industrie, le centre de documentation du Musée des Arts et métiers, et le Palais de la Découverte. Ces trois lieux différents et riches de potentialités ont comme point commun d’avoir des services pédagogiques de grande qualité mais sous-utilisés.
Il s’agissait également de réfléchir aux conditions de mise en œuvre de projets communs (attentes, obstacles, facteurs de réussite), en s’appuyant sur le témoignage d’un enseignant stagiaire de mathématiques et sur les questionnements de son tuteur, Alain Bernard, formateur à l’IUFM de Créteil.
Café Pédagogique : L’enseignement des sciences et de la technologie prend-il en compte suffisamment la culture scientifique ? est-elle à la marge ?Mireille Lamouroux
Les programmes de sciences et de technologie au collège rénovés en 2005 ont été prolongés par les thèmes de convergence interdisciplinaires qui insistent notamment sur la terminologie scientifique et l’histoire des sciences. Au lycée, on a décidé de porter l’effort sur la connaissance des débouchés qu’offrent les carrières scientifiques. Je ne sais pas si la prise en compte de la culture scientifique est suffisante dans l’enseignement des sciences et des techniques à l’école. Mais je suis certaine que cet effort doit être partagé et que les documentalistes sont des porteurs privilégiés dans ce domaine.
Café Pédagogique : Quel devrait être le rôle des professeurs documentalistes dans cette mission de formation du citoyen aux débats scientifiques et techniques d’aujourd’hui ?
Mireille Lamouroux
Le rôle du professeur documentaliste est de contribuer à communiquer aux élèves le goût des sciences, à éveiller leur curiosité. Le documentaliste est un acteur du « renouvellement et de la modernisation des façons de transmettre et de sensibiliser à la culture scientifique » (Plan national d’action, 2004). Il peut aider à transmettre le patrimoine scientifique en le rendant plus accessible aux élèves. En termes d’action et d’animation, tout est imaginable. Il faut surtout que le documentaliste s’appuie sur l’offre et l’expertise des organismes spécialisés et sur leurs professionnels qui sont prêts à fournir conseils, aides logistiques, chercheurs, documentation…
Un des rôles principaux du documentaliste se situe au niveau du langage de transfert, de la reformulation du discours scientifique dans les échanges avec les élèves.
Il a également comme autre rôle d’établir la liaison entre les sujets et les thèmes à l’intérieur ou entre les disciplines. Il est en effet le médiateur qui permet ces passerelles grâce à une approche « systémique » favorisée par son statut qui le situe à distance des savoirs disciplinaires et rend son intervention libre, et par l’offre documentaire encyclopédique qu’il met à disposition dans son CDI.
Une occasion toute trouvée pour le documentaliste de faire découvrir le monde de la recherche et ses enjeux ainsi que les dimensions sociales, économiques et éthiques de la science et de la technologie est « d’investir » les actions éducatives complémentaires aux enseignements par le biais des ateliers scientifiques et techniques proposés au collège et au lycée.
Café Pédagogique : Comment rapprocher les documentalistes (fortement littéraires) des enseignants de sciences ?
Mireille Lamouroux
Un rapprochement entre documentalistes et enseignants des sciences nécessite le dépassement des représentations a priori respectives.
Pour cela, rien de tel qu’un travail sur des points communs. Par exemple, on peut confronter nos questionnements dans les démarches de vérification de l’information et de validation des savoirs, mais aussi nos démarches d’investigation, et encore nos conceptions de la formation méthodologique de l’élève. On peut sans doute aussi comparer les méthodes de recherche documentaire et d’enseignement des sciences. Par exemple, on peut mettre en relation les quatre grandes compétences visées par l’enseignement des sciences de la vie et de la terre : s’informer, raisonner, réaliser, communiquer, avec les compétences documentaires.
Si le documentaliste articule, coordonne et valorise des initiatives scientifiques internes et externes, nul doute qu’il convaincra ses collègues enseignants des sciences de l’intérêt qu’ils auront à travailler avec lui.
Au niveau de la formation continue, le pari est gagné puisque nous envisageons pour l’année prochaine de proposer un module interdisciplinaire maths-physique-documentation intitulé « Quelle interaction entre le cours de sciences, la culture scientifique et le travail documentaire ?