Le catalogue est accessible en ligne. Il comprend des milliers de références tant de ressources analogiques que numériques, écrites, audio, vidéo… Rencontre avec Sylviane Pellenq, médiathécaire à la médiathèque de la Cité des Sciences et de l’Industrie
Café Pédagogique : Quelles sont les missions de la médiathèque de la Cité des Sciences et de l’Industrie ?
Sylviane Pellenq : La première mission de la médiathèque de la Cité des Sciences et de l’Industrie reste toujours à la ‘image de la Cité des Sciences et de l’Industrie : la mission de vulgarisation. C’est sa mission essentielle. Avec le développement de l’accès aux ressources numériques par tous, les missions ont un peu évolué et la médiathèque a dû s’adapter. Le public est devenu moins nombreux : on se rend compte que le grand public (les familles) n’est pas si nombreux et que les scolaires (lycéens) deviennent une population « ur représentée » ce qui pose des problèmes de cohabitation. Par exemple la vidéothèque n’est que peu utilisée par les lycéens alors qu’ils occupent les terminaux la majorité du temps, les rendant ainsi inaccessibles aux autres usagers. Autre conséquence : la médiathèque a décidé d’acheter quelques manuels scolaires, ce qui était alors impensable. Il y a cette nécessité de mieux servir ce public lycée qui n’exprime pas tant un besoin de documentation qu’un besoin de lieu, d’espace, de convivialité. Leur demande d’information est de l’ordre de la consommation (Question / Réponse) ce qui nécessite d’envisager un accueil différent pour permettre un accompagnement différent.
Bien-sûr on a toujours cet accompagnement à la recherche sur le catalogue, sur le plan de classement, sur l’utilisation des index etc…, mais il nous faudrait mieux organiser la formation pour ce nouveau public. Ce que nous faisons le plus souvent est en liaison avec les thèmes des expositions : là nous proposons des bibliographies faites à l’image des expositions de la Cité pour les prolonger.
NDLR : Voir sur le site les bibliographies et les dossiers proposés par les médiathécaires parmi lesquels on peut noter ‘Destination mars’, le ‘Développement durable’, l’ ‘exobiologie’… Ces dossiers comprennent une introduction, un point sur les notions à comprendre, biblio- et sito- -graphie.
Les médiathécaires, gèrent un domaine du repérage à la mise en rayon et sa valorisation en passant par la veille, les acquisitions… Elles se spécialisent par domaine. Dans le catalogue de la médiathèque sont intégrés des sites repérés comme fiables, apportant des informations intéressantes et sûre. Cette attention est d’autant plus accrue pour l’espace jeunesse. Aussi le catalogue en ligne de la médiathèque est-il riche de supports analogiques et numériques dont un fonds non négligeable est directement accessible sur place puisque numérisé.
Café Pédagogique : Les TPE ont-ils modifié les demandes ? Les comportements ? Vos services ?
Sylviane Pellenq : Les personnes au service du public voyaient bien qu’il y avait un malaise entre le public des lycéens et le public familial ou d’étudiants qui fréquentent ensemble l’espace de la médiathèque. Cela a remis en cause à la fois notre offre documentaire que nous avons dû adapter (c’est l’époque à laquelle nous avons décidé d’acquérir des manuels scolaires) et que dans l’immédiat, offrir un accompagnement (qui n’est pas un cours de soutien, un enseignement, ni une aide scolaire) pourrait permettre de montrer aux lycéens que la médiathèque n’est pas qu’un lieu à investir comme une salle des pas perdus. Ce n’était pas non plus un lieu de rencontres, de rendez-vous… Le rappel à la règle, même s’il fait partie des missions de l’accueil du public ne peut pas être sa seule tâche. Il existe donc un service depuis trois ou quatre ans qui s’adresse aux lycéens : des étudiants (à l’origine de dernière année de polytechnique) ont proposé une aide là encore sans inscription et gratuite parce qu’on s’était rendu compte que l’inscription ne serait-ce qu’à quelques jours de délais à un atelier est pour certains rédhibitoire. Il y a tout un ensemble d’adolescents pour lesquels c’est un ensemble insurmontable. S’engager pour… ce n’est pas possible. Donc l’aide aux devoirs est gratuite et sans inscription
NDLR : pour ce service voir sur le site à partir de la page d’accueil de la médiathèque, réservée au public scolaires / lycéens
Le retour qu’on a pu en avoir de la part des étudiants c’est que souvent ces jeunes ont le sentiment s’impuissance, le sentiment d’échec pour des raisons très simples, pour des questions de méthodes : savoir écrire les bonnes informations au bon endroit d’une manière claire, savoir lire un énoncé ou une consigne, un problème. On a maintenant trois étudiants d’école supérieure qui sont entourés d’une nuée de lycéens. L’aide reste ponctuelle. L’étudiant est là pour débloquer des situations, de donner des outils techniques, … Ils ne sont pas dans le suivi pédagogique du tout.
Café Pédagogique : n’est-ce pas là prendre le risque d’entrer dans une démarche de consommation de l’information de type question/réponse dont on parlait plus haut ?
Sylviane Pellenq : Pas du tout car ce n’est pas la réponse au problème. C’est un lien, une analyse du problème, un renvoi vers la documentation de la médiathèque : on a de la documentation de vulgarisation et aussi plus intimement liée aux programmes scolaires. La littérature dite de vulgarisation n’est pas toujours satisfaisante car la production éditoriale dans ces disciplines n’est pas énorme en français et bien qu’on ait un rythme d’acquisition soutenu avec des budgets suffisants (on s’arrête au deuxième cycle universitaire). Mais les élèves ont besoin des manuels. Est-ce parce que l’information dans les manuels est structurée, organisée de manière rassurante pour eux. Ou est-ce nous que cela rassure ?…Ce serait bien qu’ils lisent autre chose, mais le livre scolaire reste le lien le plus direct pour eux.
Café Pédagogique : Quelles sont les services proposés par la médiathèque de la Cité des Sciences et de l’Industrie ?
Sylviane Pellenq : Nous proposons des bibliographies, des dossiers faits en liaison avec les thèmes des expositions, faites à l’image des expositions de la Cité des Sciences et de l’Industrie. Le site présente des ressources rassemblées par thématique, avec des points d’actualité.
Il y a la Cité de la santé : les lycéens, comme le grand public peuvent venir anonymement et sous couvert du secret médical pour poser des questions à des spécialistes (médecins à la retraite souvent, infirmières, des gens qui travaillent dans des institutions partenaires de la Cité…). Je me souviens que l’infirmière qui menait l’intervention sur la sexualité trouvait que les débats qui avaient lieu à l’issue de l’information étaient féconds et les échanges étaient de qualité. Les relations entre les filles et les garçons trouvaient ici un lieu d’expression. Il y a également à la médiathèque des personnes recrutées pour la Cité des métiers qui accueillent des jeunes qui sont souvent des groupes en difficultés scolaires, là ils peuvent poser des questions d’ordre personnel. Ils sont accueillis parce qu’ils arrivent à un moment donné de leur vie où il faut qu’ils fassent des choix quant à leur orientation qui peuvent être lourds de conséquence. Ce sont des services intéressants car il peut y avoir à la fois des entretiens individuels et il faut acquérir aussi une autonomie dans la recherche d’information pour des objectifs qui sont bien concrets. Néanmoins ils apprennent comment formuler leur question, interroger un catalogue, …
Pour les accueils de groupes il faut prendre contact avec une personne particulière
Café Pédagogique : Dans le Pôle enfance de la médiathèque, la consultation d’Internet ou de ressources numérique est-elle libre ?
Sylviane Pellenq : Pour le Pôle enfance de la médiathèque de la Cité des Sciences et de l’Industrie, les enfants sont accompagnés d’un adulte qui permet l’accès, la mise en route, l’explication de la navigation dans ces ressources (DVD, CdROM…). Dans la médiathèque l’accès à Internet est libre, mais il y a aussi une sélection de sites (pas d’accès libre pour les plus jeunes = jusqu’à la fin de la cinquième). Les enfants s’inscrivent en arrivant pour une heure de consultation et un adulte les accompagne pour éviter une surconsommation. Avec le développement du Carrefour numérique, il y a maintenant l’équipement nécessaire pour permettre un apprentissage, une découverte collective des techniques liées au numérique. Là on peut recevoir des groupes de classe. Avoir un lieu comme ça permet d’appréhender la validation des informations sur Internet…
Café Pédagogique : une des richesses du fonds de la médiathèque réside aussi dans le fonds histoire des sciences.
Sylviane Pellenq : L’accès à ce fonds est restreint, mais tout enseignant est le bienvenu. Pour l’instant on accueille souvent des groupes de professeurs en formation continue et c’est pour eux un moyen de replacer les sciences dans la culture. Ce fonds permet d’explorer les controverses scientifiques et donc de comprendre la construction des sciences et des théories scientifiques. Il y a des matériaux et des médiathécaires qui ne demandent pas mieux que d’être stimulés par des demandes explicites de professeurs pour lesquels les professeurs documentalistes pourraient être les médiateurs. Un public d’étudiants avec leurs professeurs, travaille sur la didactique des sciences. Mais le fonds n’est pas assez exploité. Il faudrait mettre en place une collaboration enseignants / médiathécaire pour faire vivre la richesse de ce fonds en histoire des sciences de la médiathèque de la Cité des Sciences et de l’Industrie.
Notes sur la médiathèque de la Cité des Sciences et de l’Industrie (Paris)
§ La médiathèque et ses services en quelques chiffres : 250 000 livres, 1 800 revues, 2 500 CdRoms, 3 500 films.
§ La médiathèque d’histoire des sciences : un fonds contemporain sur l’histoire des sciences, la didactique des sciences… (40 000 ouvrages, 600 périodiques…) et un fonds ancien avec 80 000 ouvrages du début du XVIe au milieu du XX siècle, 1 500 titres de périodiques.
§ La cité de la santé : espace d’orientation et de conseil animé par des professionnels de l’information avec en libre service 20 000 ouvrages, revues, films, sites Internet
§ La cité des métiers : 4 000 ouvrages, 30 terminaux, des professionnels pour accompagner
§ Le carrefour numérique : cyber-base destinée à faciliter l’accès de tous aux usages des technologies de l’information et de la communication. Des ateliers de découverte, d’initiation, de formation…