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HT – Karine, quel est votre parcours professionnel ? KP – Après une maîtrise de Sciences économiques et le DECF, j’ai eu mon CAPET Economie Gestion option B en 1994. J’ai ensuite enseigné plusieurs années à Maubeuge au lycée Lurçat. Actuellement, je suis au lycée Charles Deulin à Condé-sur-l’Escaut dans le Nord où j’ai en charge essentiellement l’IGC en seconde et les ABI en BTS Assistant de gestion PME-PMI. Je tiens à remercier M. Pierre Villemain et Mme Anne Mathieu pour le soutien qu’ils m’ont apporté depuis le début de ma carrière professionnelle. Je suis passionnée par les nouvelles technologies depuis mon enfance : mon 1er ordinateur fut un Sinclair ZX 81, puis un TO7, un TO8 avec lequel je faisais déjà du tableur et du traitement de texte. Puis une collection de PC dont j’ai oublié la puissance. Comme beaucoup de collègues, j’ai appris énormément par moi-même. Et puis j’ai été parmi les premiers à m’inscrire à la liste de diffusion Ecogest qui m’a permis de faire évoluer mes pratiques pédagogiques et mes connaissances. Par exemple, à la création de l’option Informatique de Gestion et de communication en seconde, je me posais beaucoup de questions sur la mise en place de la pédagogie de projets. Je me suis rendue compte que d’autres collègues étaient dans le même cas et la liste nous a été bien utile pour organiser les projets. Comme je suis la seule à enseigner l’IGC au lycée, la liste me permet d’être moins isolée. Et puis, sur Ecogest, il ne se passe pas une journée sans qu’un collègue indique un site intéressant en économie, en droit, ou en gestion. C’est un formidable moyen de rester au fait de l’actualité. Je ne compte pas non plus le nombre de fois où des collègues ont été dépannés. C’est ça l’entraide. HT – Vous êtes très active dans vos productions sur Internet, pourriez-vous les présenter ? KP – J’ai en charge l’animation de 2 sites : mon site personnel « PETITKAR » http://www.petitkar.com et le site de mon lycée http://www2.ac-lille.fr/deulin. Je collabore également à la réalisation du site académique IGC http://www2.ac-lille.fr/igc. Je travaille aussi à la réalisation d’un nouveau site http://petitkar.free.fr qui va me permettre l’évaluation informatique de tous les élèves entrant au lycée (j’ai adapté le test du CNDP). J’ai développé mon site perso il y a maintenant 2 ans et demi. Mon premier objectif était surtout de faire partager les ressources que j’avais créées au fur et à mesure des années. En effet, j’ai eu l’occasion d’enseigner de nombreuses matières : l’économie-droit en 1STT et en TSTT, la comptabilité, l’option gestion et le commerce en TSTT ACC (alors que je suis option B !), les ABI en BTS PME-PMI. Mon deuxième objectif était la mise à disposition de projets d’IGC ainsi que des fiches techniques informatiques (essentiellement office et Internet). En effet, lorsqu’on nous a annoncé la réforme et qu’on a vu le programme, peu de manuels et de pochettes existaient et il a donc fallu, chacun de son côté, concevoir ses propres projets. Vu le temps que ça demande, je me suis dit pourquoi ne pas en faire profiter tout le monde. D’autres collègues, dont Frédéric Redonnet, Stéphane Gozé, pour ne citer qu’eux, en ont fait autant. J’ai alors eu assez de projets pour fonctionner la 1ère année. C’est d’ailleurs de l’IGC et surtout du commerce qu’est née ma collaboration avec Christian Visticot. Je venais de me voir confier des TD en terminale ACC et j’ai préparé des fiches de révision pour le BAC que j’ai aussitôt mises en ligne. Christian les a consulté et m’a demandé si je pouvais héberger ses pages. Au début il s’agissait d’héberger des exercices de gestion commerciale puis il s’est créé, entre nous, une réelle amitié. Et notre collaboration s’est étoffée de plus en plus avec des projets d’IGC, des QCM, des fiches de commerce, des exercices de révision de gestion commerciale. C’est une preuve que la mutualisation des ressources peut fonctionner. HT – Pourquoi avoir intégré les TICE dans vos pratiques pédagogiques ? KP- Au début, lorsque j’enseignais la gestion en 1ère STT, je me suis vite rendue compte que certaines notions passaient mieux auprès des élèves dès que l’on leur présentait à l’aide d’un tableur. Puis, avec la réforme des secondes, l’utilisation des TICE est devenue plus qu’indispensable. Au lycée j’ai développé un Intranet dans le centre de ressources et le CDI. Les élèves de seconde peuvent consulter les fiches techniques ainsi que les projets sur lesquels ils sont en train de travailler même en dehors leurs heures de cours. Les élèves des autres classes peuvent aussi les consulter notamment les élèves de terminales qui l’utilisent pour réviser. A l’extérieur du lycée, il permet aux élèves d’avoir un lien avec leurs enseignements. Ils accèdent au site depuis leur domicile soit par Internet, ou par un cédérom, que je leur grave à leur demande, pour ceux qui ne disposent pas d’un accès Internet. HT – Quel est l’impact de vos productions avec vos élèves, en particulier ceux en difficultés ? KP – J’enseigne depuis le début de ma carrière en lycée sensible et l’utilisation pédagogique des nouvelles technologies et en particulier d’Internet permet de remobiliser des élèves en difficulté avec un enseignement disons « plus classique ». Il favorise l’individualisation, chaque élève travaillant et progressant à son rythme, avec sa manière d’apprendre et surtout de comprendre. C’est vrai que la pédagogie de projet mise en oeuvre en seconde dans le cadre de l’option Informatique de Gestion et de Communication facilite les relations professeur – élèves. Elle permet à l’élève de découvrir quelques outils bureautique indispensables de manière progressive et favorise l’entraide entre élèves. L’an dernier j’ai réalisé le site du lycée avec un groupe de seconde. Lors de la mise en ligne, on voyait qu’ils étaient vraiment contents. En plus, nous avons fait de la publicité auprès de leurs camarades dans le lycée. Quel formidable vecteur de valorisation pour ces élèves qui étaient pour la plupart en difficulté dans les autres matières ! Certains élèves ont repris confiance en eux. Ils se sont rendus compte qu’ils étaient capables de réaliser quelque chose et que leur travail était reconnu auprès de leurs camarades. Ils ont ensuite pu faire connaître leur option aux autres classes. J’ai ensuite travaillé avec la collègue de mathématiques qui est venue pendant les heures d’aide individualisée en salle informatique utiliser le tableur et certains logiciels spécialisés. Grâce à des logiciels d’apprentissage des mathématiques, certains élèves ont enfin compris certaines notions qu’ils trouvaient hors de leur portée auparavant et sont passés en première STT alors qu’au début ils voulaient se réorienter en BEP. Un autre exemple : pendant plusieurs mois, au cours de l’année scolaire 2001-2002, les élèves de seconde ont participé à un atelier poétique animé par Hervé Leroy. Ils ont écrit plus de 300 poèmes et ont sélectionné quelques-uns de leurs travaux pour les publier sur le site du lycée. Ils ont saisi eux-mêmes les textes qu’ils avaient créés. Pour des élèves très faibles en français et en orthographe, quel formidable moyen de montrer aux autres ce dont ils sont capables et qu’ils ont su surmonter leurs difficultés. Les élèves de terminales utilisent les TICE au quotidien pour réaliser leurs TPE. Une élève TES a créé un site sur l’euro et je l’ai publié sur le site du lycée. Ces pages sont souvent consultées. A travers ces exemples, on peut évaluer l’impact des TICE et se rendre compte que c’est un formidable moyen pour remobiliser des élèves en difficulté en apprenant différemment. HT – Aujourd’hui à quelles difficultés êtes vous confrontée ? KP – Les TICE se banalisent de plus en plus et font partie du quotidien de certains élèves mais on voit le fossé se creuser, malgré tout, entre les élèves qui possèdent un ordinateur à la maison et ceux qui n’en ont pas. Je suis cependant effarée lorsque je me rends compte du niveau de connaissance des élèves qui entrent en seconde. Certains n’ont jamais vu un ordinateur de leur vie ! Il y a des différences énormes entre les collèges. Ne parlons même pas du B2I dont la plupart n’ont jamais entendu parlé. Il faut voir le niveau d’équipement informatique : certains collèges n’ont que quelques postes informatiques pour toutes les classes. Dans la théorie, les compétences du B2I doivent être vérifiées par n’importe quel professeur quelle que soit la matière et les TICE doivent être intégrées dans les différents enseignements. Dans la réalité, on en est loin. Cette remarque rappelle le débat qui a lieu actuellement sur la liste Ecogest concernant la réforme de la filière STT. Comment vont faire les élèves qui n’ont aucune base informatique et qui n’ont pas suivi l’option IGC en seconde ? Je suis en train de mettre en place une mise à niveau informatique pour l’ensemble des élèves qui entrent au lycée. Mes objectifs principaux visent à ce que ces élèves aient une maîtrise convenable des utilisations courantes de l’ordinateur de façon à être autonomes dans son maniement, mais aussi à ce qu’ils acquièrent quelques principes qui leur permettent une utilisation raisonnée de ces outils, et un esprit critique face aux résultats des traitements de l’information. Je le fais dans le cadre du Lycée de Toutes les Chances qui est une action mise en place dans l’académie de Lille afin de venir en aide aux élèves en difficultés scolaires. Une autre de mes difficultés c’est le manque de moyens pour la maintenance du parc informatique. C’est un problème qui touche la plupart des établissements. Il est urgent que nos décideurs prennent conscience du problème. J’ai récupéré une salle pupitre d’un collège et cela fait plus d’un an que j’attends qu’elle soit installée. Normalement, cela doit être fait le mois prochain. J’espère ! HT – Comment voyez vous l’avenir de vos interventions sur Internet ? KP – Concernant mon site Internet personnel, le problème comme d’autres collègues est celui de l’hébergement. En effet, au début j’avais choisi un hébergeur gratuit mais avec des bannières de publicité qui devenaient de plus en plus volumineuses. J’ai donc fait le choix de payer mon hébergement et d’acheter mon nom de domaine. Je trouve qu’il devrait y avoir dans chaque académie un espace réservé sur le serveur académique pour chaque collègue qui veut mettre en ligne ses supports de cours quitte à ce qu’il y ait une « modération » de ces sites par les inspections. Je connais de nombreux collègues qui ont créé des cours super et qui voudraient en faire profiter les autres mais qui ne savent comment faire. Si on y prend garde, on risque une commercialisation des productions pédagogiques si rien n’est fait. Alors, adieu les ressources accessibles à tous. Il est grand temps de mutualiser les ressources afin que tout le monde puisse en profiter. A l’avenir il va devenir presque impossible, vu l’évolution de nos enseignements, de travailler tout seul dans son coin. Je tiens à signaler un outil que j’affectionne particulièrement : le logiciel « Questions-réponses » que vous pouvez télécharger sur le site de leurs auteurs http://www.appstmd.com/. Ce logiciel gratuit permet de créer des QCM et des exercices pour les élèves. On peut les créer sous forme de page web ou de fichier autonome (.EXE). On peut alors faire réaliser les QCM aux élèves et récupérer leurs notes. Les créateurs de ce petit logiciel sont 2 étudiants qui mettent gratuitement leurs compétences au service de tous. Karine Petit Propos recueillis par Hervé Touron |
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