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Avec un potentiel de 24 millions d’électeurs, soit à peine moins que les votants de la présidentielle, c’est une des plus importantes élections françaises. Les 13 et 14 octobre, les parents ont voté pour élire leurs représentants dans les différentes instances éducatives et, d’abord, dans l’établissement de leur enfant. Pourtant l’événement reste bien modeste. Ni flonflon, ni cérémonie, alors que pour certains parents c’est la seule occasion où ils peuvent avoir le sentiment d’appartenir à la communauté française. Cette retenue interpelle et nous amène,à quelques jours des élections, à poser deux questions. Qu’attendent les parents de l’Ecole ? Quelles réponses l’Ecole apporte-elle ? Selon un sondage BVA – France Inter La Tribune, paru en mai 2006, 8 parents sur 10 sont satisfaits de l’éducation fournie par les établissements publics. Alors tout va bien ? Pas exactement. Selon ce sondage, les parents ont aussi des plaintes. 30% déplorent la mauvaise qualité de l’enseignement ou des programmes, 26% l’incompétence des professeurs, 14% l’absentéisme, 13% le manque de suivi des élèves et 25% le manque de moyens dans l’éducation nationale. A vrai dire ces paramètres sont à peu près stables d’une année sur l’autre. Alors que veulent-ils ces parents ? Probablement une école assez conservatrice : elle doit transmettre des connaissances, donner aux enfants le sens de la discipline. Mais les parents demandent également que l’Ecole favorise l’insertion professionnelle et améliore l’orientation. Une autre étude, réalisée par La Croix et les Apel (parents d’élèves de l’enseignement privé) au même moment faisait remonter une attente éducative des parents. 49% d’entre eux attendent aussi de l’Ecole qu’elle les aide à élever leur enfant. C’est particulièrement vrai des parents de milieu modestes, peu diplômés et urbains. Quelles valeurs l’Ecole devrait-elle transmettre ? Nos parents attendent qu’on apprenne le respect et la politesse, loin devant la confiance en soi, le travail d’équipe et la solidarité. On le voit les parents attendent beaucoup de l’Ecole. Est-elle à même d’écouter ces demandes ? On sait que le gouvernement a publié en juillet un décret sur les droits des parents. Il accorde le droit de vote aux deux parents. Il impose aux établissements d’organiser deux rencontres enseignants – parents par an. Le texte encadre également les droits des associations de parents d’élèves en ce qui concerne leur communication, qui reste soumise au chef d’établissement, et le calendrier des conseils de classe. » Les heures de réunion des conseils d’école, des conseils d’administration, des conseils de classe et des conseils de discipline sont fixées de manière à permettre la représentation des parents d’élèves. Dans le second degré, le calendrier de ces réunions doit tenir compte des horaires des classes et, selon les périodes, des spécificités de l’établissement, du calendrier des activités scolaires, du calendrier de l’orientation et des examens. Le chef d’établissement, lorsqu’il doit procéder à des adaptations en fonction de ces contraintes, organise une concertation préalable avec les représentants des parents d’élèves après consultation des représentants des enseignants et des élèves ». La formule est assez alambiquée pour que rien ne vienne perturber les habitudes… Apparemment la place des parents progresse un peu dans l’établissement. En fait elle régresse relativement. D’une part parce que F. Fillon avait réduit la représentation parentale dans les instances importantes comme les conseils de discipline. Et Gilles de Robien n’a pas modifié les textes. D’autre part parce que les parents sont exclus des nouvelles instances comme le conseil pédagogique. Depuis Jules Ferry, la France a construit son système éducatif sur une certaine méfiance envers les parents. L’Ecole était là pour affranchir l’élève de l’influence familiale et fabriquer un jeune citoyen sensible aux valeurs de l’Etat. Une position qui a pu aller jusqu’à la négation des identités régionales au profit des mythes nationaux. Plus d’un siècle plus tard les parents ont encore du mal à être associés à la vie d l’Ecole. Une raison de plus pour voter. |
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