Que dit le ministère ?
Le ministère a publié en 2006 deux « Notes d’information » qui tentent de faire le point sur ce que disent les enseignants de la formation. Le jugement des enseignants sur la formation n’est pas forcément flatteur. Est-ce parce qu’elle ne répond pas à leur attentes immédiates, ou parce qu’ils lui en demandent beaucoup ?
http://www.education.gouv.fr/cid2759/[…]
http://www.education.gouv.fr/cid3961/[…]
Dans le premier degré, les trois quarts des enseignants qui ont passé le concours de recrutement après la licence l’ont préparé dans un IUFM. S’ils sont un peu plus de la moitié à juger suffisante la préparation qu’ils y ont reçue (mais ce sont ceux qui ont eu les meilleurs résultats…), leurs avis sont sévères sur la formation reçue en PE2. Ils ne sont qu’un quart à la juger suffisante. L’exploitation des stages sur le terrain ou la prise en charge des situations difficiles leur semble les secteurs les plus maltraités, ce qui peut se comprendre dans le temps somme toute limité de la PE2. Pourtant, la formation continue ne leur est pas évidente : quatre sur dix seulement disent avoir en été informés, et un sur deux parmi eux a demandé une formation. Ces chiffres semblent peu conformes avec l’exigence légale d’organiser un temps de formation obligatoire pour tous les débutants titulaires de 1ere et 2e année…
Les besoins de formation qu’ils citent montrent assez bien leur représentation du métier, puisqu’ils citent, dans l’ordre, les connaissances en sciences humaines, l’apprentissage de la lecture, la conduite de la classe et les savoirs disciplinaires. Pas de surprise non plus chez les plus anciens, qui centrent leurs demandes, selon le ministère, sur l’évaluation, la difficulté scolaire ou (encore) la psychologie de l’enfant.
Cependant, quand on les interroge sur leurs difficultés à enseigner toutes les matières, les langues vivantes ou l’informatique sont les plus citées, devant l’histoire-géographie ou les sciences. Paradoxalement, le français ou les maths ne sont que très faiblement citées (environ 5%) alors que les évaluations institutionnelles placent sur ces matières les fondements de la mesure de la difficulté scolaire… Faut-il y lire, pour les enseignants, qu’ils sont » capables d’en faire » alors que les résultats des élèves montrent une grande hétérogénéité de performance ? Pourtant, ils sont deux sur trois à se déclarer » très préoccupés par l’hétérogénéité des élèves »… Sans doute ne parlent-ils pas alors des contrôles de sciences, d’anglais ou d’histoire-géo…
Dans le second degré, la note rappelle d’abord que moins d’un enseignant sur deux en fonction a subi une formation initiale dans les ex-CPR ou les IUFM. Le recrutement massif des décennies 50-70 ont entraîné l’aspiration d’ex-instituteurs (PEGC) ou la titularisation d’auxiliaires.
Paradoxalement, selon la note, le jugement négatif des profs du second degré sur l’IUFM est moins fort (54%) que chez les PE (75%). Ils sont 70% à considérer que les contenus disciplinaires enseignés aux stagiaires IUFM correspondent aux contenus qu’ils auront à enseigner dans les classes. Ils pointent surtout l’insuffisance des » conseils pour gérer les situations difficiles « , l’analyse de pratiques professionnelles, le manque d’échanges avec des titulaires, l’insuffisance de cours sur la psychologie de l’adolescent. La conduite de classe, la discipline, sont des compétences » qui s’apprennent « .
Concernant la formation continue, les demandes varient selon la position dans la carrière : les débutants revendiquent d’en savoir plus sur l’utilisation de la voix ou l’évaluation des élèves, également problématique pour les plus chevronnés qui cherchent des réponses à la » difficulté scolaire « . 70% des enseignants cités ont participé au moins une fois dans les trois ans à une action de formation continue, » aussi importante que la formation initiale, dont ils pensent qu’elle doit permettre l’échange avec d’autres collègues (37%), l’élargissement de la culture professionnelle, l’usage des TICE…
A noter toutefois que la formation continue n’arrive qu’en seconde position lorsqu’on demande ce qui peut atténuer le « malaise enseignant », la première réponse citée étant le plus grand soutien des parents…
Patrick Picard
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