Décidément l’Angleterre ne finit pas de nous surprendre. Alors que la France s’englue dans la tradition, nos voisins expérimentent à tout va, presque furieusement, en matière éducative. On sait par exemple que les établissements scolaires dépensent 100 fois plus – oui 100 fois plus ! – en logiciels pédagogiques que les nôtres. On a vu Tony Blair investir l’Etat dans un domaine qui était jusque là le champ clos des autorités locales. On l’a vu inventer de nouvelles institutions scolaires et secouer la domination des Grammar Schools. On le voit tout récemment imaginer d’utiliser les TIC pour rapprocher les parents de l’Ecole.
Le gouvernement anglais a donc, lui, des idées. La plus récente peut se résumer ainsi : un examen n’est pas un concours. Le ministre de l’éducation anglais a annoncé que l’Angleterre expérimenterait pendant deux ans une réforme des examens de fin du primaire et du collège.
Aujourd’hui les écoliers anglais passent des tests nationaux à 7, 11 et 14 ans. L’idée avancée par le gouvernement est toute simple : au lieu d’attendre le fatidique troisième trimestre, les enseignants pourront présenter leurs élèves aux tests nationaux quand ils les estimeront prêts. Pour simplifier les choses et garder des tests indépendants de l’établissement, on pourra se présenter à l’examen en décembre et en juin.
Pour le ministre de l’éducation, Alan Johnson, il ne s’agit pas d’abaisser le niveau. « Je veux que les enfants puissent se présenter à un examen contrôlé de l’extérieur de l’établissement quand ils sont prêts plutôt qu’à la fin d’une longue période scolaire. Ca ne veut pas dire qu’on détruit les examens. Ca signifie que l’on s’assure que tous les élèves sont capables de réussir ». Et les élèves en difficulté, L’Expresso l’avait signalé le 8 janvier, pourront bénéficier d’un accompagnement scolaire individuel gratuit pris en charge par l’Etat.
Simple aménagement donc ? Certainement pas. En instaurant l’examen à la carte, les autorités anglaises en déplacent la représentation. Elles affirment que l’examen n’est pas la sanction d’un cycle mais la reconnaissance de savoirs et de compétences. Ce faisant elles invitent à modifier radicalement, si l’on y réfléchit un peu, la façon d’enseigner. Au lieu que l’année, si ce n’est le cycle, soit conçue comme la préparation interminable d’un examen sanction, elle redevient une année de formation.
Mieux encore, dans un pays où un élève sur quatre échoue au GSCE, elles prétendent que tous peuvent réussir. Elles rappellent ainsi ce postulat fondamental de l’enseignement qui, on le sait, bénéficie d’abord aux enfants des classes populaires. Jamais sans doute les politiques éducatives n’auront été aussi opposées des deux cotés de la Manche.
http://education.guardian.co.uk/sats/story/0,,1985565,00.html
http://education.guardian.co.uk/sats/story/0,,1985282,00.html