Dossier spécial
¤ Des élèves pénalisés
Une circulaire de 1999 prévoit la possibilité d’interdire la calculette dans les sujets du Bac : « Dans le cadre de la réglementation des examens et des concours, il appartient aux responsables de l’élaboration des sujets de décider, pour chacune des épreuves, si l’usage de l’ensemble des instruments de calcul (calculatrices, tables numériques, abaques…) est autorisé ou non. Ce point doit être précisé en tête des sujets ».
Le problème, c’est que la note obtenue par certains élèves peut varier sensiblement selon que la calculatrice est ou non autorisée. Des élèves, plus à l’aise avec les chiffres qu’avec la plume, sont capables de tirer des choses très intéressantes d’un document statistique. Interdire la calculette au Bac les empêche de montrer tout ce qu’il savent faire. C’est d’autant plus scandaleux que nous consacrons de nombreuses séquences de cours à l’apprentissage de divers savoirs-faire quantitatifs.
Cette mascarade n’a que trop duré. Il faut en finir. De deux choses l’une : ou bien nous interdisons aussi la calculette en cours (et l’on réapprend aux élèves à faire les calculs à la main, on leur donne des trucs, style la règle de 70, etc) ; ou bien, on réautorise au Bac les calculettes dès lors qu’elles ne sont pas programmables (nb: la TI 30 stat se négocie moins de 1 euro sur le marché de l’occasion).
Au vu de l’inertie structurelle de l’Administration, le seul moyen de régler efficacement le problème, c’est encore de conseiller aux élèves recalés au Bac d’acter en justice. L’article 4 du règlement général du baccalauréat (décret n°93-1092 du 15 septembre 1993) précise que « les épreuves portent sur les programmes officiels applicables en classes Terminales ». Justement, le programme officiel mentionne très explicitement toute une liste de « savoirs faire exigibles à l’épreuve de sciences économiques et sociales ». Parce qu’elle empêche les élèves de mobiliser ces savoirs-faire, l’interdiction de la calculette au Bac, prévue par la circulaire de 1999, est donc illégale.
Je suggère que nous fassions savoir aux redoublants qu’ils peuvent « jouer leur résurrection » devant les tribunaux administratifs avec quelques chances de réussite…
La circulaire » de 1999 : http://eduscol.education.fr/D0056/bacg-calculatrices.htm
Le programme officiel : http://www2b.ac-lille.fr/seslille/faire/prog/terminale.pdf
Le décret n°93-1092 du 15 septembre 1993 : http://eduscol.education.fr/D0056/bacg-decret.htm
¤ Calculer quand même…
Quand on n’a pas de calculette, on peut tout d’abord réapprendre à faire les opérations de base, cf. ces modules interactifs:
– l’addition :
http://cedric.beltrami.free.fr/addition.html
– la soustraction :
http://cedric.beltrami.free.fr/soustraction.html
– la multiplication :
http://cedric.beltrami.free.fr/multiplication1.html
– la division euclidienne :
http://cedric.beltrami.free.fr/divisioneuclidienne.html
– la division décimale :
http://cedric.beltrami.free.fr/divisiondecimale.html
On peut aussi appliquer la règle de 70, utilisée autrefois par les démographes et les financiers. Prenons l’exemple d’une série statistique montrant l’évolution de la population. De deux choses l’une :
– soit on connait le TCAM. La règle énonce alors qu’il suffit de diviser 70 par le TCAM pour savoir en combien d’années la population double. Exemple : un taux de croissance démographique de 3 % par an correspond à un doublement tous les 23 ans. On vérifie bien que x = ln 2 / ln 1.03 = 23. La raison de la règle de 70 est que ln 2 = 0.69. On prend 70 plutôt que 69, moins divisible. Comme ln 1.03 = 0.03 ==> ln 2 / ln 1.03 = 70 / 3.
L’élève peut alors dire qu’à ce rythme, la population doublerait d’ici 23 ans, ou serait multiplié par plus de 16 en un siècle…
– soit on dispose d’une série chronologique. Il s’agit alors de repérer les périodes pendant lesquelles la population a doublé, triplé ou quadruplé… et l’on infère le TCAM. Exemple : si la population a doublé en 30 ans, on en déduis que le taux de croissance démographique = 70 / 30 = 2.3 %. Si elle a quadruplé en 60 ans, qu’elle double en 30 ans ; si elle a triplé en 45 ans, qu’elle double en 30 ans, etc… et l’on retrouve notre + 2.3 %.
Attention ! la règle ne fonctionne vraiment bien qu’avec des TCAM < 10 %. Au delà, ça devient de plus en plus approximatif…