A la demande de l’Observatoire et de l’Exclusion Sociale, la DARES produit un document d’études pour vérifier et expliquer le phénomène de « la formation continue va aux formés ».
En effet, « le taux d’accès à la formation continue des moins qualifiés est de près de trois à quatre fois moindre que celui des plus qualifiés ». Pour mieux analyser le phénomène, les auteurs distinguent les salariés et les demandeurs d’emploi. Pour les salariés, la situation varie en fonction de la taille de l’entreprise, du secteur d’activités et du type de contrat. Dans une grande entreprise, utilisant de la haute technologie, un salarié faiblement qualifié en contrat à durée indéterminée aura plus de chances d’accéder à la formation et d’améliorer son niveau de qualification. De plus, les moins qualifiés entreraient d’autant plus volontiers en formation si celle-ci se traduit par une amélioration salariale. Les demandeurs d’emploi peu qualifiés ont également un faible taux d’entrée en formation. En premier lieu, les politiques publiques de l’emploi privilégient les contrats aidés pour augmenter leur niveau de qualification. Ensuite, l’entrée en formation pour un public adultes se heurte souvent à des difficultés financières ou familiales (nécessité de partir loin du domicile pour se former, par exemple). Les projets d’action personnalisés (PAP) proposés aux demandeurs d’emploi débouchent souvent sur des préconisations de formation sans que pour autant elles se traduisent par une action réelle.
Les nouvelles orientations de la formation, avec la loi sur la formation tout au long de la vie de mai 2004 ou la VAE (validation des acquis de l’expérience) doivent répondre à ces difficultés d’accès à la formation pour les publics peu qualifiés. Pourtant, elles ne semblent pas pour le moment marquer une forte évolution des pratiques. La VAE, par exemple, bénéficie principalement à des postulants pour un diplôme de niveau III. La nécessité de passer par l’écrit, le manque d’information ou la complexité de la démarche laissent encore à la porte les moins diplômés. Des évolutions de pratiques sont annoncées, souhaitons qu’elles soient efficaces pour démocratiser l’accès à la qualification pour tous, un enjeu social mais aussi hautement économique.
Pourquoi les moins qualifiés se forment ils moins ?, Camille Bonaïti, André Fleuret, Patrick Pommier, Philippe Zamora ; Dares, juillet 2006
Etude (en pdf)