Dossier spécial
Journée nationale des réseaux « ambition réussite »
Le 30 mai, G. de Robien réunissait les 249 principaux des collèges ambition-réussite, c’est-à-dire les collèges Zep les plus en difficulté, avec une préoccupation majeure : convaincre qu’on peut faire mieux sans investir davantage. « Je suis en effet convaincu qu’il ne sert à rien d’avancer tel ou tel budget, tel ou tel chiffre, si derrière tout cela il n’y a pas un objectif clair, et surtout, des personnes prêtes à s’investir !… Enfin, la démarche par projet vous donne une grande autonomie. Je veux en effet qu’une grande liberté soit donnée aux initiatives des réseaux « Ambition réussite ». Cette liberté, elle se situe d’abord en amont, dans la définition des projets. C’est pourquoi j’ai souhaité qu’une grande latitude vous soit donnée pour la définition des projets pédagogiques ». Plaidant pour l’esprit d’initiative, la solidarité et la personnalisation des parcours, le ministre avait peu de moyens supplémentaires à offrir : 1000 postes d’enseignants « expérimentés », 3000 « assistants pédagogiques », une infirmière promise dans chaque réseau (associant plusieurs écoles et un collège). Des postes qui sont financés par une réduction des horaires dans tous les collèges. Le ministre a annoncé deux dispositifs pédagogiques. D’une part, dans ces établissements, l’option découverte professionnelle pourra être avancée en 4ème. D’autre part, les élèves bénéficieront en 4ème, 3ème, 2de et terminale d’un entretien d’orientation conduit par le professeur principal ou le conseiller d’orientation, assisté d’une personne issue du monde professionnel.
La question des moyens a été soulevée par plusieurs principaux. Ainsi, dans le Nord, un collège voit les financements de ses projets culturels réduits de 50% : « comment mettre en place un pôle d’excellence quand les moyens pour financer les projets PAC sont réduits de 50% ? ». A Montbéliard, un principal pense avoir du mal à faire venir un professeur expérimenté si on ne lui offre pas de réel avantage de carrière. Il apparaît assez clairement que ces professeurs « expérimentés » seront choisis parmi les enseignants déjà présents avec le risque d’attributions purement administratives (par exemple pour sauver un poste menacé). Ailleurs encore on s’inquiète du sort des « assistants pédagogiques » qui pourraient être embauchés sous contrat d’accès à l’emploi (CAE).
Dans une contribution envoyée au Café, Elisabeth Bruchet et Catherine Aduayom, coordinateurs REP, rappellent la situation des autres établissements de l’éducation prioritaire. » Les établissements des réseaux « de réussite scolaire » ne se voient attribuer aucun moyen supplémentaire et la classification « sensible » qui recouvrait elle aussi des difficultés et des moyens spécifiques n’est plus mentionnée alors même que les établissements dits sensibles n’ont pas tous été labellisés « ambition réussite » ce qui est le cas par exemple pour le département du Rhône des REP Casarès à Rillieux, Valdo et Noirettes à Vaulx-en-Velin, Eluard et Michelet à Vénissieux… En somme, 249 REP « ambition réussite » jouent malgré eux le rôle de l’arbre qui cache la forêt ».
Pourtant le projet ministériel séduit aussi des principaux. Ainsi, Nicolas Renard, président de l’Observatoire des Zones prioritaires (OZP) et principal à Asnières (92), se réjouit qu’enfin « on mette des moyens en enseignants pour faire face à des problématiques pédagogiques au lieu de baisser de quelques unités les effectifs par classe ». Dans son collège, les moyens horaires attribués pour les professeurs référents seront utilisés pour faire des cours de français intensifs à des élèves en grande difficulté déjà repérés au CM2. Il estime que le dispositif Robien lui laisse plus de liberté pour faire face aux difficultés. Il lui permet de mieux gérer son équipe et de mieux accompagner les élèves qui en ont le plus besoin.
A l’issue de cette Journée, une question demeure. L’étude de T. Piketty, censurée par le ministère, a mis en évidence l’effet positif d’une forte réduction des effectifs en Zep. Et si les Zep méritaient mieux qu’une mobilisation sans frais des enseignants ?
Discours de Robien
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=20065301635
Contribution de E. Bruchet et C. Aduayom
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/contribs_bruchet.aspx
Dossier spécial du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2006/actu_70_accueil.aspx
Le recrutement des assistants pédagogiques s’avère difficile constate l’Inspection générale
Le déploiement de 3000 assistants pédagogiques dans les collèges est-il réalisable ? Il semble bien que non prédit un rapport de l’Inspection générale. » Ni enseignants, ni aides-éducateurs, ni surveillants, les assistants pédagogiques peuvent rencontrer, au moins dans les premières semaines de leur activité, quelques difficultés à se «situer», tant par rapport aux enseignants que par rapport aux élèves ». Mais ce n’est pas la moindre difficulté du déploiement des assistants pédagogiques selon le rapport réalisé par les inspecteurs généraux Dominique Rojat et Marc Buissart.
Mesure d’apaisement lancée par G.de Robien au début de l’année scolaire, le recrutement « d’assistants pédagogiques » est à nouveau un élément phare de la politique en faveur des collèges « ambition réussite » présentée fin mai 2006. Pourtant le rapport de l’Inspection générale montre les limites de l’exercice. » Aucune académie devant recruter plus de 35 AP n’y est parvenue. Le vivier est donc très limité… La raison principale est sans doute à rechercher dans l’attractivité relativement faible de la situation proposée ». Emplois précaires (un an) mal rémunérés, les postes d’assistants pédagogiques (AP) ne sont pas courus. Ainsi à Créteil 52 postes sur 228 n’ont pas trouvé preneur, à Versailles 24 sur 128, en Martinique 12 sur 19.
Une autre difficulté est le flou de la fonction. « Tous les modes d’intervention se rencontrent, selon les établissements et les souhaits des enseignants » affirme le rapport qui cite en exemple des cas de dédoublement de classe grâce aux AP. On veut faire jouer aux assistants pédagogiques le rôle des répétiteurs d’avant guerre ce qui est parfois mal vu des enseignants, des élèves (qui parlent de profs au rabais) et des chefs d’établissement (qui cherchent des surveillants ou gestionnaires de réseau). Ainsi, quand il est isolé dans un lycée, l’assistant pédagogique devient souvent un peu tout cela. Le phénomène est aggravé par l’absence de coordination, relevée par le rapport, entre le déploiement des A.P. et les politiques académiques.
Aussi, au moment où de Robien annonce le déploiement de 3 000 assistants dans les collèges ambition réussite, le rapport estime que « l’extension du dispositif aux collèges, où la difficulté est encore plus grande et la culture des enseignants différente, risque d’être plus délicate ». Les collèges zep bénéficieront-ils réellement de ces assistants ? Pour quels usages ?
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igaen/rapports/2006_020_assistants_pedagogiques.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
L’OZP émet des réserves sur le plan « ambition réussite »
» Ces éléments de contexte contribuent à brouiller la réception et à décrédibiliser a priori des mesures courageuses et bien conçues pour relancer l’éducation prioritaire ». L’Observatoire des Zones Prioritaires évalue positivement la réforme ministérielle des Zep, mais souligne des inquiétudes.
Pour l’OZP, » l’accent est mis sur la pédagogie et les 1000 postes supplémentaires sont en principe exclusivement dévolus à une prise en charge innovante des élèves qui rencontrent le plus de difficultés dans leurs apprentissages » ce qui constitue un net progrès. L’OZP apprécie également que la priorité soit donnée à certains établissements sur des critères sociaux et scolaires et « un pilotage fort ».
Par contre l’association redoute une démobilisation des établissements Ep2 (établissements destinés à rester en Zep mais qui ne font pas partie des réseaux « ambition réussite »). Surtout elle s’inquiète du » contexte dans lequel ces mesures ont été prises : des annonces sur la lecture qui troublent ceux qui travaillent avec des élèves fragilisés au plan social et scolaire ; une mobilisation sur l’apprentissage à 14 ans qui néglige la recherche d’autres voies permettant d’éviter à certains jeunes de tomber très tôt dans l’échec et le rejet scolaires ; des discours ambigus pouvant encourager une médicalisation de l’échec scolaire ou une stigmatisation des familles ».
Communiqué
http://www.association-ozp.net/article.php3?id_article=2644
Rappel : L’Expresso du 31 mai
/lexpresso/Pages/index310506.aspx
Rappel : Dossier spécial
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2006/actu_70_accueil.aspx
1ères Rencontres nationales de la réussite éducative
« Le programme de réussite éducative donne les moyens pérennes d’agir dans la proximité et l’immédiateté… Cette « révolution culturelle » peut susciter des questions : quelles pratiques professionnelles ce programme implique-t-il ? Quelle articulation avec les démarches, dispositifs et mesures existants ? « Bonne question assurément ! Car ces premières Rencontres de la réussite éducative sont le fruit du ministère de l’emploi et de la délégation à la ville : l’éducation nationale brille par son absence, comme si le sujet ne la concernait pas.
Pourtant il sera bien question de l’Ecole jeudi 29 juin à Saint-Denis. Dominique Glasman évoquera les problématiques du programme de réussite éducative. Des tables rondes réuniront des acteurs pour échanger sur leurs pratiques.
http://www.polynome.fr/reussite-educative/
Rappel : Article de D. Glasman dans le Café 60
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2006/actu_60_accueil.aspx