Publiée au B.O. n°14, la circulaire sur l’éducation prioritaire reprend les orientations du « plan de relance » des Zep présenté le 8 février. Elle porte d’abord sur l’organisation des réseaux zep. D’ici le 1er mai, des « comités exécutifs » seront constitués dans les 249 « réseaux ambition réussite ». Ce sera le cas avant la rentrée 2007 dans les autres réseaux. Chaque comité comprendra le principal du collège sur lequel s’appuie le réseau et les directeurs des écoles du secteur. Le comité assurera le pilotage du réseau : » Le comité exécutif prépare, harmonise, régule les mesures destinées à faire vivre le réseau et rend compte de son activité aux conseils d’administration des EPLE, aux conseils d’école et aux autorités académiques ».
Plus d’autonomie Chacun prépare un « contrat ambition réussite » ou un « contrat d’objectifs scolaires » qui se substituent aux « contrats de réussite scolaire » actuels en lien avec les partenaires (collectivités locales par exemple). » Dans le cadre de cette contractualisation, des expérimentations pourront être proposées… notamment l’organisation de la journée et de la semaine scolaires, ainsi que le développement de passerelles entre les premier et second degrés, qui feront l’objet d’un soin particulier ».
Pour la mise en oeuvre de ces contrats, les réseaux ambition réussite bénéficieront de 1000 enseignants « supplémentaires », financés en fait par la réduction des horaires d’enseignement dans les collèges. Ces enseignants « expérimentés » auront au moins un mi-temps de libre pour appuyer le réseau et par exemple suivre les PPRE. » Les enseignants supplémentaires affectés dans les réseaux “ambition réussite” pourront prendre part aux PPRE, co-intervenir dans les classes, partager leur service entre le premier et le second degré, intervenir dans le cadre de services croisés et en lien avec les maîtres surnuméraires du premier degré, le cas échéant participer à l’éducation à la citoyenneté, prendre le service d’enseignants afin de permettre à l’ensemble des membres du réseau de profiter de la nouvelle organisation et de libérer du temps pour le travail en équipe… » Qui seront-ils ? Comme le laissait entendre la conférence de presse de février, ces professeurs expérimentés seront simplement les moins jeunes des enseignants de zep actuels. » La notion de professeurs “expérimentés” n’implique pas nécessairement un nombre précis d’années de service. En effet, nombre de jeunes professeurs ont acquis, après quelques années d’enseignement, une véritable expérience de terrain qui témoigne de leur investissement en faveur de la réussite de leurs élèves ». Il pourrait aussi s’agir de PLP bivalents affectés en collège. D’une façon générale les enseignants des réseaux ambition réussite bénéficieront d’une mobilité géographique facilitée. Ces réseaux disposeront également de 3 000 assistants pédagogiques qui feront de l’accompagnement scolaire, de l’aide au travail personnel.
L’adaptation des parcours scolaires voulue par le ministre concerne spécifiquement les PPRE et la découverte du monde professionnel. » Le programme personnalisé de réussite éducative (PPRE) est l’un des dispositifs qui doit permettre de conduire la totalité d’une classe d’âge à la maîtrise des connaissances et compétences constitutives du socle commun, à la fin de la scolarité obligatoire. Son usage doit être privilégié. Il constitue tout autant une modalité de prévention de la difficulté scolaire, visant à empêcher un redoublement, qu’un accompagnement de celui-ci lorsqu’il n’a pu être évité » affirme la circulaire. Un livret de compétences suivra chaque élève. » L’ouverture de l’école sur la société sera favorisée. Des interventions de spécialistes (universitaires, chercheurs, professionnels, scientifiques, artistes…) et des actions (visites, mini-stages, projets…) conféreront à l’enseignement une dimension concrète et favoriseront des choix d’orientation ouverts (lycées généraux et technologiques, lycées professionnels, centre de formation d’apprentis, …) ». Enfin le ministre maintient une mesure qui a été très critiquée : » dès la rentrée 2006, les élèves des collèges “ambition réussite” ayant obtenu une mention très bien au diplôme national du brevet auront la faculté de demander leur affectation dans un lycée de leur choix parmi les lycées de leur académie ». Au risque de déséquilibrer davantage les lycées de la zone…
L’ouverture sur la société est un des leitmotiv du plan. L’idée est bonne mais cette partie de la circulaire est souvent peu convaincante. » Une convention de partenariat sera signée au plus tard à la rentrée 2007 avec une institution culturelle, un complexe sportif de haut niveau, un laboratoire d’université, un organisme de recherche ou éventuellement avec une personnalité reconnue. Cela permettra d’insuffler un nouvel esprit en développant chez les élèves un sentiment fort d’appartenance et de fierté pour leur établissement et en donnant à chaque réseau une dimension d’excellence… Pour faciliter l’accès aux stages obligatoires en milieu professionnel des élèves scolarisés en troisième, en lycée professionnel ou en formation postbac, les entreprises d’un bassin d’emploi inscrites dans l’opération “objectif stage” s’engagent, dans une relation de confiance avec les établissements scolaires, à accueillir les jeunes qui n’auraient pas trouvé de stage par eux-mêmes ». On voit mal comment l’éducation nationale pourrait apporter ces garanties.
La coordination avec la politique de la ville semble laissée dans un flou relatif. » L’action engagée à l’école et au collège a vocation, ici plus qu’ailleurs, à être en lien avec les activités hors-temps scolaire et notamment avec les différents dispositifs qui, selon des modalités diverses, tendent vers un développement de l’autonomie et des compétences des élèves. Une réflexion globale doit être menée afin d’inventorier l’existant (aide aux devoirs, études surveillées, Contrat Éducatif Local ou Contrat Urbain de Cohésion Sociale, Contrat Local d’Accompagnement à la Scolarité, Dispositif de Réussite Éducative, École ouverte, “Espaces ludiques en milieu scolaire”…), et de définir les publics prioritaires pour chacun des dispositifs en réponse au contexte local. Une cohérence devra être trouvée entre les différentes modalités de prise en charge, en mettant notamment en regard les besoins spécifiques des enfants et la nature de l’accompagnement et de l’encadrement proposé ».
L’ensemble du Plan a été débattu au moment de sa publication. On trouvera les éléments du débat dans le dossier ci-dessous.
La circulaire
Rappel : dossier spécial du Café
Rappel : entretien avec C. Paillard (Andev)