Les recommandations du HCE ont-elles un avenir ? Annoncées dans L’Expresso du 31 mars, les recommandations du Haut Conseil de l’Education (HCE) pour la mise en place du « socle commun », défini par la loi Fillon, sont publiées sur le site ministériel.
« Ce socle commun doit assurer une formation de qualité, et non proposer un enseignement au rabais » exige le HCE. « Il faut mettre l’accent sur la capacité des élèves à mobiliser leurs acquis dans des tâches et des situations complexes, à l’Ecole et dans la vie : le socle doit donc être pensé en termes de compétences » précise-t-il. Aussi définit-il 7 compétences de base : la maîtrise de la langue française (si la dictée et la grammaire sont au rendez-vous, « la maîtrise de la langue comprend bien entendu la capacité à remplir et à lire les écrits de la vie courante, à rédiger une lettre, à communiquer de façon appropriée dans diverses situations, etc. »), la pratique d’une langue vivante étrangère, des compétences de base en culture scientifique (et là le HCE renvoie aux propositions du CNP en 1997), la maîtrise des TICE, une culture humaniste, des compétences sociales et civiques et la capacité à l’autonomie et l’initiative.
Sur ces deux derniers points, le HCE préconise de « savoir travailler en équipe ». Il rappelle qu’il « est essentiel que l’Ecole développe la capacité des élèves à apprendre tout au long de la vie. L’autonomie qui en résulte est une condition de la réussite scolaire… Il faut que l’élève se montre capable, dans le cadre de la scolarité obligatoire, de concevoir et de mettre en oeuvre des projets ».
Quelle influence concrète peut avoir ce texte ? Certaines recommandations semblent bien imprécises, par exemple en ce qui concerne la « maîtrise de la langue française ». Pire encore, l’acquisition du socle ainsi défini semble carrément impossible dans le cadre de l’apprentissage à 14 ans voulu par Villepin. D’autre part, dans le climat actuel, la méfiance est telle entre les instances ministérielles et les enseignants qu’il n’a aucune chance d’être reçu à la base, sauf à être utilisé contre le ministre. Car ce n’est pas le moindre des paradoxes que ces recommandations font référence à des orientations européennes pour mieux se distancer du discours ministériel. Travail d’équipe, esprit d’initiative, démarche par compétences : voilà exactement ce que F. Fillon puis G. de Robien ont attaqué dans les programmes de l’Ecole au nom de la lutte contre le « pédagogisme ». Par exemple ils ont tenté de supprimer les itinéraires de découverte au collège et les Travaux personnels encadrés au lycée. Ce texte demande leur généralisation. Décidément il est aussi encombrant pour la rue de Grenelle.
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