Depuis le début de l’année la polémique fait rage sur les méthodes d’apprentissage de la lecture. G. de Robien a publié une circulaire, assortie d’une grande campagne médiatique, qui a suscité de vives réactions. Comment y voir clair ?
Le Café pédagogique publie un dossier qui met en parallèle les arguments du ministre et ceux des scientifiques. Il fait le point sur les réactions suscitées par le texte ministériel et rappelle le contenu des programmes de 2002 actuellement en vigueur. En quelques pages, le dossier fait connaître les arguments des uns et des autres. Enseignant ou parent, spécialiste ou pas, faites-vous votre propre opinion !
Le dossier
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Le dossier imprimable (en pdf)
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L’affichette pour le faire connaître
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Le dossier d’Education et Humanisme
« L’affirmation d’un ministre prétendant « faire baisser le nombre d’illettrés en 6e » par « les effets » de sa circulaire serait grotesque, si elle n’était pas scandaleuse ». Dans l’introduction à ce copieux dossier « Lecture » d’Education & Devenir, Jean-François Launais dresse le portrait d’un Robien en Lyssenko (une assimilation qui s’était déjà imposée au Café). « Le « pur pragmatique », comme il se définit, est en fait la marionnette d’un puissant lobby idéologico-réactionnaire dont les groupes se disputent d’ailleurs la paternité de la parole ministérielle condamnant « la méthode globale et assimilée » ».
Mais l’essentiel du dossier reprend des échanges, plus que des contributions, de chercheurs. Franck Ramus, Jean-Emile Gombert, Jonathan Grainger, Liliane Sprenger-Charolles, Roland Goigoux, André Giordan, par exemple, participent de ce débat et mettent en évidence à la fois la complexité de la recherche sur les apprentissages et les réductions abusives du ministre.
Un dossier riche, complété par des témoignages de praticiens, que le Café vous recommande (à coté de notre propre dossier).
http://education.devenir.free.fr/Documents/lecture.pdf
9 mars : Robien cède mais…
« Les enseignants dans l’exercice quotidien de leur métier savent que l’on ne peut réduire la question de la lecture à une seule méthode et qu’enseigner ce n’est pas exécuter des gestes ordonnés par d’autres ». Réunis à Paris le 9 mars, les trois principaux syndicats du primaire (Snuipp, Se-Unsa, Sgen-Cfdt), six mouvements pédagogiques ou éducatifs (l’Agiem (maternelles), le Crap -Cahiers pédagogiques, l’AIRDF, l’Icem, le Gfen, l’Afef, la Ligue de l’enseignement), la principale association de parents d’élèves (la Fcpe), accompagnés de plusieurs chercheurs (R. Goigoux, P. Joutard, A. Ouzoulias, R. Brissiaud, P. Meirieu) ont fait le point sur le conflit qui les oppose au ministre de l’éducation nationale sur la lecture. Début janvier, G. de Robien relançait le débat, enterré depuis 2002, des méthodes de lecture et publiait un texte interdisant la méthode globale au Cours Préparatoire. En même temps il multipliait les interventions médiatiques préconisant la seule méthode syllabique. Enfin début mars il proposait au Conseil supérieur de l’éducation un projet de programme imposant ses vues. Les chercheurs, y compris ceux qui étaient mis en avant par le ministre, et les syndicats prenaient position contre ce texte.
« Manifestement l’isolement et les interventions conjuguées des professionnels, des chercheurs, des formateurs et des universitaires ont porté leurs fruits. (Le ministre) a évolué. La phrase précisant l’existence de deux types d’approche complémentaire à savoir l’analyse de mots entiers en plus petites unités référées à des connaissances déjà acquises et la synthèse à partir des constituants est rétablie. Le rôle de la maternelle est précisé comme celui du CE1, rétablissant ainsi la notion de cycle qu’avait exclue le projet précédent. La conjugaison du travail de lecture et d’écriture est rappelée ». Le projet de programme proposé par le ministère revient donc largement sur les déclarations ministérielles et préconise des approches variées. Il reconnaît également l’importance des apprentissages à l’école maternelle.
Soulagés, les organisateurs réaffirment leur accord avec les programmes de 2002. « Nous considérons que les principaux éléments des programmes de l’école maternelle et élémentaire publiés en 2002 après de larges consultations conservent toute leur pertinence. Des difficultés demeurent. Il faut les réduire. L’apprentissage initial de la lecture peut et doit être amélioré. C’est en procédant à des recherches rigoureuses, en renforçant la formation et l’accompagnement des enseignants, en organisant une réelle évaluation du travail effectué dans les classes, en prenant en compte les élèves dans leur diversité en améliorant les conditions d’enseignement et d’apprentissage que l’école peut développer les compétences des élèves en lecture ». Roland Goigoux rappelait l’importance de la lutte contre l’illettrisme et l’orientation actuelle des travaux de recherche. Pour les chercheurs, les difficultés dans l’apprentissage de la lecture apparaissent en grande section et en moyenne section de maternelle. C’est là que l’effort doit être porté ainsi qu’en cycle 3.
La guerre de la lecture est-elle pour autant terminée ? Probablement pas. D’une part, le soir du 9 mars, lors du séminaire national, G. de Robien retrouvait un ton offensif pour vanter la méthode traditionnelle. Cas unique de double langage, dans la même journée, il arrivait à la fois à exhorter les instits à revenir à la méthode syllabique de grand-papa et à publier un projet de programme qui maintient des approches variées et associatives. Ultime baroud, posture médiatique ou obstination ? Pour Gilles Moindrot, du Snuipp, « La lecture n’est que prétexte idéologique. On aurait voulu sciemment instaurer la méfiance, la défiance même vis à vis de notre professionnalisme qu’on aurait pas mieux fait ». Pour Jean-Luc Villeneuve, du Sgen-Cfdt, « le ministre joue sur le velours, utilisant les angoisses des familles pour manipuler l’opinion. C’est facile de dire que tout est de la faute des méthodes et des pédagogues et éluder ainsi les vrais problèmes de société ».
Car le double langage du ministre laissera des traces durables. D’une part chez les militants UMP fortement mobilisés contre les enseignants et pour le retour des méthodes pédagogiques les plus archaïques, comme nous avons pu le constater lors de la convention UMP. Croire que cette mobilisation sera sans effet et que les dirigeants UMP pourront contenir leurs troupes est peut-être un pari dangereux. Il semble que dès maintenant les dérapages se multiplient.
D’autre part, le ministre n’a cessé de jeter le discrédit et la défiance sur les instits et l’institution scolaire. Il continue à inviter les parents à demander des comptes aux enseignants. Ceux-ci vont avoir à faire face à des pressions d’autant plus redoutables que l’angoisse des parents est réelle et que la réponse pédagogique est forcément nuancée et adaptive. Les organisateurs de la réunion annoncent « une campagne de pétitions, de réunions locales menées au plan local et départemental ». Et la FCPE fait part de son intention d’y participer. L’issue de la crise est à chercher dans la qualité de la relation entre enseignants et parents. Or c’est une faiblesse connue de l’institution scolaire française que de laisser peu de place à cette relation et les parents hors de l’école. Jeudi 9 mars, on aurait aimé entendre des propositions concrètes d’action pour jeter des ponts entre les uns et les autres. Seule une forte mobilisation des organisations de l’Ecole peut relever le défi lancé par de Robien.
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article.php3?id_article=1028
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9 mars : Le séminaire national sur la lecture
« Le ministre, fidèle à son image, reste droit dans ses bottes. Est-ce un discours de façade pour ne pas perdre la face ou l’expression d’une volonté de ne pas dévier sa route ? Dans son discours, les choses sont à appliquer sans discussion ni état d’âme : le déchiffrage sera la seule activité du CP citée dans son discours de clôture. Avec une vision simplissime de l’idée de cycle : à la maternelle, on apprend à parler et on enseigne le vocabulaire (un mot par jour !), au CP on décode, au CE1 on comprendra. Aux cadres intermédiaires d’appliquer la ligne ! » Patrick Picard a assisté au Séminaire national sur la lecture. Il rend compte des propos du ministre (vous pouvez les écouter) et des contributions scientifiques. Le séminaire met-il un terme au conflit sur la lecture ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/seminLecture090306_index.aspx
Journée ONL du 8 mars 2006
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/ONL_Journee080306_index.aspx
Enseigner la langue : 8 mars : la Journée de l’ONL
« Il ne peut y avoir d’expression sans maîtrise préalable des règles d’orthographe. Il est illusoire d’en faire l’économie, car c’est la formation même de la pensée qui est en jeu ». Ouvrant le 8 mars les travaux de la Journée de l’Observatoire National de la Lecture (ONL), à Paris, devant des centaines d’enseignants, Gilles de Robien a encore invité au retour de la tradition en demandant « un apprentissage systématique, progressif et exhaustif des conjugaisons et des règles de la grammaire ».
» On pourrait ainsi encore à peu de frais améliorer une orthographe relativement efficace du point de vue du compromis qu’elle offre au lecteur, au scripteur, à l’apprenant débutant » estime J.-P. Jaffré. Les spécialistes (B. Combettes, M. Fayol, J.-P. Jaffré, J. David) se sont attachés à montrer les difficultés d’apprentissage de la grammaire et de l’orthographe. Retrouvez leurs contributions et le compte-rendu de la Journée dans le dossier spécial du Café pédagogique.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/ONL_Journee080306_index.aspx
Jaffré
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14 Mars : Blocage du CSE sur la lecture
« Nous demandons au Ministre l’organisation d’une évaluation scientifique du travail effectué dans les classes concernant l’apprentissage de la lecture afin d’appréhender leur efficacité respective. Dans l’attente des résultats de cette évaluation, nous vous demandons de surseoir à toute modification des programmes ». Le 14 mars, la Fcpe, les principaux syndicats du primaire (Sgen-Cfdt, Se-Unsa, Snuipp Fsu), la Ligue de l’enseignement, la Fep Cfdt (enseignement privé), la Cgt, l’Unsa Education et la Fsu, ont quitté la réunion du Conseil supérieur de l’éducation chargée d’étudier le projet de programme pour l’apprentissage de la lecture. Ils ont empêché sa réunion, le quorum n’étant pas atteint.
C’est que ces organisations ne décolèrent pas devant « le double discours ministériel qui prévaut en ce moment sur le sujet de l’apprentissage de la lecture, sujet pourtant crucial pour l’avenir des jeunes ». Elle relèvent que d’un coté le ministre a modifié son projet de programme et tenu compte des interventions des syndicats et des mouvements pédagogiques mais que de l’autre il continue un campagne médiatique en faveur de la méthode syllabique.
Ils soulignent par exemple que le nouveau texte proposé par G. de Robien rétablit « l’existence de deux types d’approche complémentaire, « analyse de mots entiers en plus petites unités référées à des connaissances déjà acquises et synthèse à partir des constituants »; qu’il reconnaît le rôle de la maternelle et du CE1, enfin qu’il rappelle » la nécessaire conjugaison du travail de lecture et d’écriture ».
Mais pour ces organisations « la confusion est totale entre ce projet et les récentes déclarations ministérielles. Le maintien de la circulaire du 5 janvier et les déclarations publiques sur le rétablissement de la méthode syllabique ou l’interdiction d’autres méthodes révèlent en effet la volonté d’imposer une démarche idéologique qui se sert de l’apprentissage de la lecture comme alibi : cette démarche, sous couvert de restauration de l’autorité, vise à faire de l’élève un individu passif auquel on ordonne d’apprendre, comme si l’injonction suffisait à le faire entrer dans les apprentissages. Elle jette du trouble dans l’opinion publique, du doute, de la défiance vis-à-vis de l’école. Elle est inadmissible ».
Lecture : 6 mars : Quatre organisations quittent le CSE
« Contrairement à la démarche qui avait prévalu pour l’élaboration des programmes de 2002, le ministre n’a engagé aucune réflexion approfondie avant d’élaborer le projet d’arrêté qui se rapporte à l’apprentissage de la lecture. Sur ce sujet, pourtant crucial pour l’avenir de tous les jeunes, aucune expertise sérieuse n’a été conduite… Aucune évaluation des pratiques des enseignants sur le terrain n’a été engagée. Au contraire, les résultats des recherches pouvant apparaître contradictoires avec l’opinion du ministre ont été ignorés ou même discrédités. Ce projet de modification des programmes s’inscrit pour nous dans une démarche beaucoup plus idéologique que pragmatique ». Lundi 6 mars, la Fcpe, le Sgen-Cfdt, le Se-Unsa et le Snuipp-Fsu ont quitté la réunion du CSE où était présenté le projet de modification des programmes de l’école primaire de 2002.
Pour ces organisations, le projet « ignore que les enfants ont des manières différentes d’entrer dans la lecture et supprime d’un trait de plume tous les acquis professionnels engrangés dans le domaine de l’apprentissage de la lecture par les maîtres avec l’aide des chercheurs depuis quarante ans. Le déchiffrage comme seule base d’apprentissage de la lecture a été mis en cause à la fin des années 60 parce qu’il ne garantissait pas la compréhension. C’est pour cette raison que les enseignants ont multiplié leurs efforts, se sont mobilisés, pour transformer leurs pratiques afin d’améliorer les performances des élèves. Il s’agit donc aujourd’hui, avec ce projet de texte, d’un considérable retour en arrière ».
Présenté dans L’Expresso du 6 mars, le nouveau texte tente de raboter toute référence à d’autres possibilités que la pure méthode syllabique. Là où l’ancienne formulation acceptait d’entendre que toute méthode pouvait avoir des points forts et des points faibles, De Robien ne veut voir qu’une tête. Prépare-t-il ainsi la préconisation unique de sa très chère « Léo et Léa » ?
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=489
La pétition
http://www.fcpe.asso.fr/petition_detail.aspx?id=474
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2006/03/index060306.aspx
6 Mars : Robien voulait modifier les programmes
Le ministre de l’Education persiste et signe en demandant aujourd’hui, lundi 6 mars, au Conseil Supérieur de l’Education (CSE) de modifier plusieurs passages des programmes de 2002, dans la partie consacrée à l’apprentissage de la lecture au cycle II.
Pour le non-spécialiste, certaines modifications pourront paraître mineures : on supprime la phrase qui précisait que « la plupart des « méthodes » de lecture proposent aujourd’hui des programmes de travail équilibrés » entre l’identification des mots et la recherche de la compréhension. Pour autant, la définition de la lecture comme une double activité sur ces deux niveaux n’est pas remise en cause (comment pourrait-elle l’être ?). Dans la même veine, on supprime la phrase qui précise que « la plupart des méthodes proposent deux types d’abord complémentaires ; analyse de mots entiers en unités plus petites référées à des connaissances déjà acquises ; synthèse, à partir de leurs constituants, de syllabes ou de mots réels ou inventés ». Pour autant, le paragraphe suivant précise toujours la place des activités d’analyse (dans « manteau », je vois le « man » de « maman », le « t » de « table », le « eau » de « beau »).
Mais la troisième modification tente de raboter toute référence à d’autres possibilités que la pure méthode syllabique. Là où l’ancienne formulation acceptait d’entendre que toute méthode pouvait avoir des points forts et des points faibles, De Robien ne veut voir qu’une tête. Prépare-t-il ainsi la préconisation unique de sa très chère « Léo et Léa » ?
En limitant le « toilettage » des programmes à trois articles, le ministre souhaite peut-être laisser croire qu’il prend une position « raisonnable », répondant ainsi au texte des « 18 scientifiques » qui, en même temps qu’ils prenaient leurs distances avec l’instrumentation ministérielle, lui proposaient les modifications présentées aujourd’hui.
C’est bien ce qui heurte tous ceux qui, dans leur classe ou dans les laboratoires universitaires, tentent d’imaginer des pédagogies plus efficaces pour les élèves en difficultés : tous savent que ce qui pose souci dans l’apprentissage est complexe. C’est notamment ce que Rémi Brissiaud, défendant d’autres méthodes d’apprentissage de la lecture, affirme dansune contribution au Café. « Les scientifiques doivent se garder de trancher entre des pratiques pédagogiques qui n’ont pas encore fait l’objet d’une telle étude scientifique. Le rôle du scientifique n’est pas de conformer les pratiques humaines à celles qu’il a déjà étudiées et qui lui paraissent les plus recommandables. Il doit accepter que l’objet qu’il étudie soit plus complexe que le modèle provisoire que sa communauté scientifique en a élaboré et accepter que l’impression de certitude que fournit un tel modèle, soit relativisée par l’expérience des praticiens. Il doit même accepter que l’expérience des praticiens prime quand lui-même manque d’informations ! »
Après tout, ces 18 scientifiques écrivent eux-mêmes que « les études scientifiques dont (ils font) état n’explorent qu’une infime partie des paramètres sur lesquels on pourrait jouer pour améliorer encore l’enseignement de la lecture. La recherche scientifique appliquée à l’éducation doit donc encore être développée et soutenue. Toutes les pratiques pédagogiques en vigueur à l’école sont largement perfectibles, encore faut-il disposer d’études fiables pour fonder les évolutions ».
En tout cas, le collectif organisé autour du texte « Apprentissage de la lecture : assez de polémiques, des réponses sérieuses » (AGIEM, CRAP, ICEM, FCPE, GFEN, Ligue de l’enseignement, SNUipp-FSU, SE-UNSA, SGEN-CFDT) manifestera sans doute son opposition à la méthode proposée au CSE. Il organise une conférence de Presse le 9 mars, le même jour que l’intervention que fait le ministre sur la lecture devant tous les inspecteurs d’académie.
La difficulté sera sans doute, dans les semaines à venir, de trouver des moyens d’information de l’opinion qui permettent aux parents et aux enseignants de pouvoir débattre. « La syllabique, c’est pas automatique, parlez-en à votre instit ! » écrivait R. Goigoux dans une récente contribution. Assurément, une voie à suivre, aussi complexe que l’apprentissage de la lecture elle-même… (P. Picard)
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/contribs_ramus.aspx
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/contribs_brissiaud.aspx
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/contribs_goigoux2.aspx
En débat
Journal d’une grande section : Février
« Comme les autres enfants, Y… vit quotidiennement ce corps à corps avec des situations d’écriture, qui induisent un rapport physique, on peut dire sensuel, à la langue écrite. Quand on voit comment ces enfants construisent, chacun selon ses propres cheminements, leur identité de sujet de langage dans ces moments d’écriture répétés, on ne peut ignorer qu’ils occupent déjà le coeur même de leurs apprentissages fondamentaux. Leur engagement, leur jubilation pourraient en faire réfléchir plus d’un sur ce qu’est une SITUATION D’APPRENTISSAGE » . En février, Bernard Devanne nous fait encore partager les apprentissages de ces enfants de grande section en ZEP. Une découverte passionnante de la lecture et de l’écriture qui donne une autre perspective que la circulaire ministérielle.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/devanne_i4l.aspx
Faut-il brûler la méthode idéovisuelle sans examen ?
Sur le site du Snuipp 89, Gilles Mondémé dénonce le discours consensuel contre la méthode « idéovisuelle » et la « chasse aux sorcières » dont seraient victimes ses partisans. » La Globale serait donc cette maladie infantile ou sénile, honteuse, quasi nosocomiale de la pédagogie de la lecture. Et pourtant… qui pourrait argumenter en pleine connaissance de cause contre la théorie de la forme, la gestalt, dont elle s’inspire quand on sait que l’écrit est d’abord un langage pour l’oeil parce qu’il se développe dans l’espace laissant le message permanent contrairement à l’oral qui se développe dans le temps et dont le message s’efface au fur et à mesure de son énonciation ?… On pourrait au moins être d’accord sur le fait que des recherches (qui ne soient pas que des recherches in vitro) doivent continuer sur la maîtrise de l’écrit dans une pluralité garantie ».
http://89.snuipp.fr/article.php3?id_article=493
M. Fayol invite à varier les méthodes
« Il est sage de dire qu’aujourd’hui nous ne savons pas bien si certaines approches sont nettement plus sûres que d’autres ». Dans Fenêtres sur cours, Michel Fayol, membre de l’Observatoire national de la lecture, montre la complexité de l’apprentissage de la lecture. » La phase d’apprentissage de la lecture au CP est intense et doit donc être préparée en amont : elle se situe dans une dynamique qui porte aussi bien sur la compréhension, le traitement de l’oral, la connaissance et la manipulation des lettres ».
Pour lui, « la pratique est parfois en avance sur la théorie. Il faudrait s’interroger empiriquement et calmement, notamment en se demandant si des enfants différents ne réagissent pas différemment à des approches elles-mêmes différentes ».
http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/fsc281.pdf
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/lecture_index.aspx
Des instits répondent à Robien
Chassé croisé dans Le Monde. C’est en durcissant le ton que Gilles de Robien reprenait les arguments en faveur de la méthode syllabique déjà développés dans une récente tribune de Libération. « Il faut sans doute revenir sur l’idéologie selon laquelle l’élève doit « construire lui-même ses savoirs » et le professeur « se mettre à l’école de son élève ». Au nom de cette idéologie, on a déconsidéré les apprentissages élémentaires systématiques. Je crois profondément que les enseignants, et les instituteurs en particulier, ne se satisfont nullement de cette évolution, qui leur a été imposée au nom du « pédagogisme »…. Les travaux des chercheurs démontrent que les méthodes à départ global sont beaucoup moins efficaces que les méthodes à départ syllabique, et qu’elles sont même néfastes pour les enfants les plus fragiles. Elles expliquent en partie les difficultés que l’on observe chez les élèves qui ne savent pas lire en 6e ». Un pourcentage qu’il fixe à « 15 à 20% », très haut dessus des chiffres des chercheurs : 4% d’élèves en très grande difficulté…
De « simples » instits ont pris la peine de répondre au ministre. « Le ministre de l’éducation nationale affirme que l’école pourrait mieux réussir l’enseignement de la lecture ; nous le pensons aussi. Il considère qu’il n’y a pas de lecture maîtrisée si l’élève ne manipule pas avec aisance « les correspondances entre les lettres et les sons » ; nous aussi. Mais il y a différentes façons d’y parvenir, et notre expérience de plusieurs années de CP nous a appris qu’enseigner le « b.a.-ba » dès le début de septembre est loin d’être le procédé le plus efficace ».
Ces enseignants (Luc Bentz (école Pauline-Kergomard, 95 Sarcelles), Martine Castier (62 Helfaut), Annie Cobes (Ecole ouverte des Bourseaux, 95 St-Ouen-L’Aumône), Michel Colas (école Célestin-Freinet, 49 Saint-Lambert-du-Lattay), Sylvain Connac (Ecole coopérative, 34 Balard), Christian Deligne (école Pierre-Curie, 95 Pierrelaye), Catherine Foucher (école des Charruaud, 33 Libourne), Isabelle Lescouarch (école de Mont-Cauvaire, 76), Florence Suire (école des Boulingrins, 95 Vauréal), Danielle Thorel (école Hélène- Boucher, 59 Mons-en-Baroeul), précisent leur démarche. « Nous n’enseignons pas le « b.a.-ba » au début du CP. Nous ne pratiquons pas non plus ce que l’on dénomme « méthode globale ». Dès le début de l’année, en revanche, nous mettons à la disposition de nos élèves les outils qui les rendent progressivement autonomes dans l’écriture de textes dont ils sont les auteurs ».
Pour eux, « en rectifiant les programmes pour y énoncer l’obligation de pratiquer le « b.a.-ba » dès le début du CP, le ministre nous empêcherait d’emprunter cette voie originale et féconde qui vise à ce que les enfants s’approprient parallèlement la maîtrise des codes : le code grapho-phonologique certes, mais aussi le code orthographique, grâce auquel le lecteur repère plus directement le sens des mots (sept, cette, Sète, set) et leur rôle dans la phrase (Quand elles lui content des histoires, il est content). L’usage précoce du « b.a.-ba » conduit en effet de nombreux élèves à produire d’emblée l’écriture des mots « comme on les entend » (par ex. : jé fé un cado a ma seur) plutôt que d’utiliser les outils qui les aident à développer leurs connaissances orthographiques, indispensables à une lecture aisée et à la compréhension des textes. Si le ministre maintient son projet, nous serons contraints à la désobéissance pour pouvoir continuer à faire écrire les enfants, pratique pédagogique sur laquelle se fonde l’essentiel de leurs acquisitions en lecture ».
http://www.lemonde.fr/web/article/0[…]
http://www.lemonde.fr/web/article/0[…]
Lecture : L’AFEF condamne la circulaire Robien
« Nous croyons plus à la fréquentation précoce de l’écrit sous toutes ses formes qu’au déchiffrage pour atteindre ces objectifs. L’introduction de la littérature, de jeunesse ou patrimoniale, dès l’école maternelle et élémentaire, est essentielle pour préparer les futurs lecteurs du collège et du lycée. Nous avons assez insisté, depuis quelques années, sur la nécessité de fonder le sens d’un texte sur une analyse réflexive et non copiée-collée, une analyse systémique et non systématique pour croire que le déchiffrage décontextualisé soit la voie royale pour former de meilleurs lecteurs ». Viviane Youx, présidente de l’Association française des enseignants de français, prend position contre l’obligation de la méthode syllabique.
» La focalisation sur les méthodes est pour le moins étonnante, comme s’il suffisait d’introduire un antidote miracle et égalitaire pour effacer d’un coup de gomme les difficultés d’apprentissage ; les petits (et grands) Français auraient la chance, enfin, de tous savoir lire ! »
http://www.afef.org/blog/index.php/2006/03/06/26-[…]
Lecture : Appel aux 18 scientifiques
« Il y a peu, André Ouzoulias et moi-même avons déjà essayé de vous alerter sur les « dommages collatéraux » qu’engendrerait une obligation d’enseigner le Be-A -> BA dès les premiers jours du CP : les enseignants utilisant une méthode d’écriture-lecture, c’est-à-dire la méthode naturelle de Freinet ou une méthode plus systématique comme celle de Micheline Daumas (Ecrire pour lire ; Nathan 1990), se retrouveraient obligés d’enseigner dans la clandestinité. Vous vous demandez peut-être pourquoi ces enseignants refuseraient de mener en parallèle, dès le début de l’année, l’enseignement du Be-A -> BA et des activités de production d’écrit ? Ce refus peut se motiver de deux façons ». Dans une tribune publiée par Education & Devenir, Rémi Brissiaud invite les « 18 scientifiques » à se mobiliser davantage contre le projet Robien.
http://education.devenir.free.fr/Lecture.htm#adresse
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/contribs_ramus.aspx
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/contribs_brissiaud.aspx