« Depuis trente ans, l’Etat et les familles poussent les jeunes à aller le plus loin possible dans leurs études… Certains étudiants y gagnent, notamment dans les filières à recrutement sélectif. Mais, pour la société, cette course est un gâchis… On allonge sans cesse les études alors qu’il serait bien plus utile d’investir sur les jeunes qui sortent du système scolaire sans savoir lire ». Marie Duru-Bellat, IREDU, s’en prend à la méritocratie scolaire dans un article du Figaro.
« Cette inflation des diplômes est plus destructrice que formatrice. Elle rend les jeunes très utilitaristes… Les diplômes sont déclassés, sauf dans les grandes écoles. Ceux qui ont des diplômes plus élevés que leurs parents n’accèdent pas à des positions sociales plus intéressantes parce que le «rendement» de ces diplômes sur le marché a baissé ». Elle demande donc qu’on encourage les jeunes à monter des projets personnels plutôt que poursuivre des études supérieures.
Cette critique de la démocratisation scolaire, Marie Duru-Bellat l’avait déjà faite dans une communication à Dublin en septembre dernier. » On peut se demander si une politique d’allongement de la scolarité est efficace pour réduire les inégalités sociales. On est amené à y voir plutôt une contre-réforme, donnant un peu plus aux défavorisés et la possibilité de rester au sommet aux plus avantagés. Etendre l’éducation est justement ce qui permet le maintien des inégalités sociales ». Son raisonnement s’articule en trois points : la distribution des diplômes demeure inégalitaire (85% des enfants de familles favorisées ont le bac contre 23% des enfants de parents inactifs), les diplômes se dévaluent avec leur massification, la mobilité sociale ne dépend pas que des diplômes, avec le même bagage les jeunes ont des chances inégales.
Article du Figaro
Rappel : L’Expresso du 21/9/2005
Rappel : Article de M. Duru-Bellat dans le Café 5