Dossier spécial
1- Travailler les nouveaux programmes
Il n’y a pas à proprement parler de nouveaux programmes à la rentrée 2005. Mais il va falloir adapter l’enseignement à la nouvelle classe de troisième et au nouveau brevet ainsi qu’à la nouvelle série STG en lycée.
Au collège : la circulaire de rentrée annonce un nouveau brevet. Les textes réglementaires sont encore attendus. Les nouvelles 3èmes « à découverte professionnelle » (module de 6 heures) seront mises en place. Le programme reste celui de 3ème. La circulaire de rentrée précise : » L’organisation retenue confirme l’importance accordée à la coexistence d’enseignements obligatoires, visant l’acquisition d’une culture commune et d’enseignements facultatifs permettant de mieux répondre à la diversité des élèves et de leurs attentes… Les chefs d’établissement veilleront, dans le cadre d’une convention entre établissements, à ce que les enseignements communs prévus par l’arrêté du 2 juillet 2004 relatif à la classe de troisième soient assurés dans les conditions réglementaires par les professeurs des disciplines concernées (SVT, enseignements artistiques, technologie notamment) ».
http://www.education.gouv.fr/bo/2005/18/MENE0500813C.htm
Le programme de 3ème
L’académie de Caen publie les travaux d’uns stage sur les nouveaux programmes de troisième. On y trouvera de nombreuses fiches ainsi qu’une réflexion sur le brevet. L’académie d’Amiens publie les fiches des formateurs.
http://www.discip.ac-caen.fr/histgeo/prog/hisgeo31.htm
ftp://www.discip.crdp.ac-caen.fr/discip/histgeo/nouvpro4.doc
http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/histoire_geo_ic/pageshtml/espaceformation.htm
Le paragraphe argumenté
Des exercices et des fiches méthodologiques pour se préparer au paragraphe argumenté du brevet. Un travail de mutualisation réalisé par les clionautes.
http://www.college.clionautes.org/article.php3?id_article=1096
Au lycée, les nouveaux programmes de la série STG seront appliqués à la rentrée 2006. Le programme officiel devrait être connu très prochainement. Il ne devrait pas être très différent de celui mis en consultation sur EduScol. La série STG voit un renouvellement important des matières techniques particulièrement en ce qui concerne les outils de communication. Cela ouvre de nouvelles possibilités pour les professeurs d’histoire-géographie.
http://eduscol.education.fr/D0012/default.htm
http://eduscol.education.fr/D0167/accueil.htm#hstg
http://www.cndp.fr/textes_officiels/infos_off/essentiel/programmes/histoire_geographie.pdf
Les programmes de terminale générale
Mis en place à la rentrée 2004, ils restent encore nouveaux. Les vacances peuvent être l’occasion de retravailler sa progression. De nombreux sites académiques permettent cet approfondissement. On trouvera dans le dossier « Rentrée 2004 » du Café de nombreux liens. Rappelons aussi la qualité du travail produit par l’académie de Grenoble sur les épreuves et le programme. On pourra y ajouter le dossier de Nancy-Metz sur l’évaluation au nouveau bac.
http://cafepedagogique.net/dossiers/r2004/index.php?page=hist.htm
http://www.ac-grenoble.fr/histoire/programmes/lycee/classique/terminale/indext.htm
http://www.ac-grenoble.fr/histoire/programmes/lycee/classique/terminale/bac2005/atelier.pdf
http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/hist-geo/Page_Inspection/Autres_textes/info_bac_2005.htm
A Versailles, Ollivier Golliard propose une progression annuelle en histoire et en géographie qui comprend les exercices. Paul Stouder, IPR, présente un excellent dossier sur les démocraties populaires. Après une mise au point historiographique, le dossier propose des pistes pour enseigner en privilégiant deux approches : par le cinéma et par les textes. Il comprend également un exercice d’explication de texte.
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/gephg/pedagogie/terminales/ProgrtermES.htm
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/gephg/pedagogie/terminales/demopopconf.htm
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/gephg/pedagogie/terminales/PageUNE.htm
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/gephg/pedagogie/terminales/Europedelest.htm
Signalons le site de Nice qui publie des interventions sur les nouveaux points au programme de terminale. Eric Chaudron fait le point sur « Mémoire et histoire », Dominique Olivesi sur « les démocraties populaires ». Deux thèmes de géographie sont également abordés : l’Europe rhénane et la mondialisation.
http://www.ac-nice.fr/histgeo/conc/nvxpgmterm.htm
A Rennes, Martine Puisségur propose des séquences denses sur la France depuis 1945. Elles s’appuient sur les manuels (Magnard principalement mais pas exclusivement). Au terme du chapitre les élèves sont évalués grâce à une étude de documents sur la république gaullienne.
http://www.ac-rennes.fr/pedagogie/hist_geo/ResPeda/NxTal/France45anosjours.pdf
2- Revoir ses cours de lycée
Là il y a toujours du travail à faire ! On dispose maintenant d’un excellent support pour le lycée : le livre de Paul Stouder. « L’ambition de cet ouvrage est… de contribuer à une réflexion d’ensemble sur ce qu’implique et signifie aujourd’hui enseigner l’histoire dans le deuxième cycle ». L’ouvrage réalisé par Paul Stouder, IPR IA, et ses collaborateurs, s’articule donc en deux grandes parties : une réflexion épistémologique et, « considérant qu’il n’y a pas de pédagogie qui vaille sans une solide culture disciplinaire », un large chapitre historiographique.
C’est d’abord en rappelant l’histoire de l’enseignement de l’histoire que l’ouvrage amène à réfléchir à ses finalités, à ses modèles culturels et à ses méthodes. Le professeur trouvera de là des bases sérieuses pour problématiser ses cours. En s’appuyant sur les conseils des collègues co-auteurs il mobilisera mieux les méthodes liées à cet enseignement. Ainsi P. Stouder nous rappelle que « le document ne doit plus être ni la finalité exclusive de l’enseignement de l’histoire ni un simple support d’entractes récréatifs ». Il doit s’inscrire dans un projet intellectuel qui initie les élèves à la rigueur des analyses et enrichit leur culture historique. Un autre chapitre concerne l’utilisation des TICE. Et on ne peut que partager l’avis de P. Stouder quand il invite à ne pas en faire un instrument de pédagogie frontale qui « consisterait à mettre les élèves devant un écran pour regarder et écouter et relever des informations. La tentation est grande, en effet, d’utiliser ces outils pour occuper les élèves ou illustrer un cours. Au contraire, les Tice participent d’une vraie pédagogie de projet ». Une recommandation qui donne de l’espoir au moment où la pédagogie de projet est décriée rue de Grenelle… Ajoutons que ce chapitre montre également comment construire une programmation et une leçon, comment articuler une sortie scolaire et le cours et comment préparer les élèves aux épreuves des examens.
Le second chapitre couvre l’ensemble des programmes du secondaire. Pour chaque thème il propose une mise au point historiographique à la fois brève et rigoureusement à jour. On peut ainsi remettre à jour ses connaissances sur la Renaissance, la citoyenneté grecque, les totalitarismes ou l’âge industriel. Chaque thème est traité en 3 ou 4 pages, suivies d’une bibliographie assez succincte pour être utilisable et suffisamment récente.
Disons le simplement : en articulant à la fois la réflexion pédagogique et la connaissance scientifique, cet ouvrage rend de grands services aux enseignants. Il répond précisément aux attentes des professeurs qui doivent suivre les nouveaux programmes, veulent adapter leurs pratiques à des publics d’élèves plus exigeants et souhaitent en même temps maintenir une grande qualité scientifique à leur enseignement. Réalisé par une équipe associant IPR et professeurs connaissant parfaitement le terrain et ses besoins, cet ouvrage est réellement ce qu’il affiche : des clés pour l’enseignement de l’histoire. Il rendra à tous de grands services et nous en recommandons vivement l’acquisition.
Paul Stouder (dir) Ollivier Golliard, Laurent Le Mercier, Jocelyne Mériaux, Clés pour l’enseignement de l’Histoire , Scerén, CRDP de l’académie de Versailles, décembre 2004. 260 pages.
Présentation et commande :
http://www.crdp.ac-versailles.fr/vitrine/produit.asp?id=120
Un chapitre est accessible sur le site de Versailles :
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/gephg/pedagogie/terminales/demopopconf.htm
3- Préparer les concours
Le B.O. spécial n°5 du 19 mai publie les programmes des concours externes et internes de l’agrégation et du capes. A l’agrégation externe, les nouvelles questions concernent : l’Afrique romaine (de l’Atlantique à la Tripolitaine) de 69 à 439, les campagnes dans les évolutions sociales et politiques en Europe, des années 1830 à la fin des années 1920 : étude comparée de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie; et en géographie l’Amérique latine.
A l’agrégation interne : Révolte et révolutions en Europe et aux Amériques 1773-1802, Les sociétés, la guerre et la paix de 1911 à 1946, et, en géographie, la France et ses régions en Europe et dans le monde et l’Afrique (question nouvelle).
Au Capes : L’Afrique romaine, les villes d’Italie du milieu du XIIe siècle au milieu du XIVème siècle : économies, sociétés, pouvoirs, cultures, Révoltes et révolutions en Europe (Russie incluse) et aux Amériques de 1773 à 1802, Les campagnes dans les évolutions sociales et politiques en Europe, des années 1830 à la fin des années 1920 : étude comparée de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie. En géographie : La France et ses régions en Europe et dans le monde, y compris les départements et les territoires d’outre-mer, l’Amérique latine. (Question nouvelle), Les risques.
http://www.education.gouv.fr/bo/2005/special5/default.htm
Les rapports des jurys, les textes officiels sur l’épreuve sont accessibles sur cette page :
http://www.education.gouv.fr/siac/siac2/default.htm
Plusieurs sites académiques proposent des bibliographies. C’est le cas par exemple de Strasbourg et Nice pour le capes interne,
http://www.ac-strasbourg.fr/sections/enseignements/secondaire/pedagogie/les_disciplines/histoire-geographie/programmes_formatio/capes_interne_2006/view
http://www.ac-nice.fr/histgeo/conc/stages_capes.htm
biblio agreg int 2006
http://www.ac-nice.fr/histgeo/conc/stages_agreg.htm
de Nice encore pour l’agrégation interne.
http://www.ac-nice.fr/histgeo/peda/concours/concours_0.htm
4- Utiliser des vidéos, des diaporamas et des séquences interactives
Les diaporamas en Histoire – Géographie
Sur le site des Clionautes, Caroline Jouneau-Sion offre un recensement des diaporamas utilisables au collège. A lire également l’article « les présentations assistées par ordinateur : pour quoi faire ? ». On pourra également consulter la sélection d’animations, diaporamas et exercices interactifs de G. Duboz pour les 4 niveaux du collège en histoire et en géographie.
http://www.clionautes.org/article.php3?id_article=789
http://www.clionautes.org/article.php3?id_article=745
http://artic.ac-besancon.fr/histoire%5Fgeographie/College/doccollege/adresses.htm
Comment mener une explication de texte
Une présentation Powerpoint pour remettre en mémoire les différentes étapes du commentaire.
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/gephg/pedagogie/terminales/explicationtexte.ppt
Séquences interactives avec GeoHisTech
» Ce site a pour but de regrouper des séquences pédagogiques utilisant les TICE en Histoire, Géographie et Education Civique en Collège et Lycée et faciliter leurs utilisations dans les pratiques professionnelles ». D’emblée, GeoHisTech, animé par trois professeurs de l’académie de Lyon, propose une vingtaine de séquences qui mettent en valeur les TIC. Ainsi l’une d’entre elle permet un décryptage interactif d’une affiche stalinienne. Une autre permet de mieux saisir les modifications artistiques de la Renaissance par une lecture interactive de deux toiles. On le voit deux fortes initiations à la lecture de l’image. L’ensemble, qui inclut des séquences de géographie, est tout a fait fonctionnel et utilisable au collège ou en seconde.
http://geohistech.free.fr/
http://geohistech.free.fr/Staline/1_Affiche.html
http://geohistech.free.fr/annonciations/annonindex.htm
Sur Internet des vidéos pour enseigner l’histoire
L’arrivée des vidéos projecteurs dans les salles de classe, les progrès de la numérisation devraient nous permettre de disposer et d’utiliser un nombre croissant de documents historiques filmés et gratuits. En France, il faut signaler les nombreux extraits d’actualités mis en ligne par l’I.N.A. Ils couvrent la seconde guerre mondiale, la guerre d’Algérie, la 5ème République, mai 68, la construction européenne : autant de périodes étudiées au collège et au lycée. Chaque extrait est accompagné d’une fiche descriptive. En Allemagne, le Deutsches Historisches Museum une cinquantaine de vidéos couvrant essentiellement (mais pas exclusivement) l’après-guerre, extraits des actualités. Là aussi des fiches descriptives accompagnent les documents qui sont d’un accès des plus simples. A l’Université de Yale, un centre d’étude sur les témoignages met en ligne une dizaine d’enregistrements de témoins de la Shoah. Enfin,le site privé Archive Org diffuse des centaines de vidéos libres de droits et copiables. Parmi celles-ci les Prelinger Archives contiennent plus d’un millier de petits films de propagande politique ou commerciale. L’absence d’appareil critique et même de fiches complètes de présentation est regrettable. Mais on y trouvera de petits chefs d’oeuvre, tel ce film d’amateur sur l’Allemagne de 1946 ou les films de propagande gouvernementaux qui expliquent l’entrée en guerre en 1941 : on analysera avec profit les procédés (sonorisation, utilisation d’images pillées dans des documents anachroniques etc. ) utilisés avec les élèves. Enfin il faut citer l’énorme banque des actualités Pathé : 3500 heures de cinéma indexées entre 1896 et 1970 avec la possibilité de voir et d’acheter en ligne. Si vous connaissez d’autres sources accessibles gratuitement faites nous les connaître !
http://www.ina.fr/visite/mediatheque/index.fr.html
http://www.dhm.de/lemo/suche/videos.html
http://www.archive.org/movies/movies.php
http://www.library.yale.edu/testimonies/excerpts/
http://www.britishpathe.com/
Histoire et cinéma
A Paris, l’association Mémoire 2000 reprend ses séances de cinéma éducatif et citoyen. Chaque séance est accompagnée d’un débat avec le réalisateur ou un chercheur. Au programme du trimestre : « Les chemins de la liberté » le 14 octobre, « La différence » le 16/11. Shoah est prévu pour le 27 janvier, en présence de C. Lanzmann, A. Kaspi et Sam Braun. A Lyon, « Histoire et cinéma » reprend ses projections à l’Institut Lumière. Chaque film est accompagné de fiches pédagogiques. La première séance,le 30 septembre, concernera la première guerre mondiale (3ème) et la société industrielle (terminale). Enfin, le site Cine Hig des Clionautes continue à produire et mutualiser des fiches pédagogiques. On y trouvera une nouvelle filmographie pour la classe de première ainsi que de nouvelles fiches (sur Les trois couleurs de l’Empire par exemple).
http://www.memoire2000.asso.fr
http://www.institut-lumiere.org/francais/jeune/sjeunehistoire.html
http://cinehig.clionautes.org/
Utiliser le site.tv
Lesite.tv, réservé aux établissements scolaires, propose aux enseignants, documentalistes et élèves d’accéder à la demande et d’utiliser, en classe ou au CDI, des séquences audiovisuelles courtes éducatives. Développé avec le Scérén-CNDP, il a été lancé France 5 et le Scérén-CNDP avec le soutien du ministère de l’Education nationale. Arnaud Mongella donne des exemples d’utilisation en géographie.
http://www.ac-nantes.fr:8080/peda/disc/histgeo/pedago/benidorn-sitetv/indbeni.htm
5- Préparer des concours
Voilà une belle façon de motiver ses élèves. Le site académique de Nice présente plusieurs concours pour l’année scolaire 2005-2006 : Concours national de la Résistance et de la déportation, Concours Rhin et Danube, Concours René Cassin. On pourra y ajouter le concours franco-québécois « Histoires croisées » mais son programme n’est pas encore communiqué.
http://www.ac-nice.fr/histgeo/peda/concours/concours_0.htm
http://concours2005.educationquebec.qc.ca/
6- Un nouveau chantier : l’histoire du fait colonial
Le thème est déjà présent dans les programmes de 4ème et de 1ère. Mais une demande sociale assez forte, la publication de nouveaux ouvrages scientifiques tendent à lui donner plus de place dans l’enseignement.
La mémoire de l’esclavage à l’Ecole
Le Comité pour la mémoire de l’esclavage a remis au premier ministre son rapport. Il demande l’insertion de l’esclavage à une place significative dans les manuels scolaires et la création d’une semaine d’actions de sensibilisation, autour du 10 mai, dans les établissements.
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/054000247.shtml
La France rattrapée par son passé colonial
« L’oeuvre coloniale » de retour dans les manuels ?
« Les programmes scolaires reconnaissent… le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Cette instruction aurait eu sa place dans les programmes d’histoire de la IIIème République. Elle est pourtant extraite d’une loi adoptée le 10 février 2005. Dans Le Monde, des historiens (Claude Liauzu, Gérard Noiriel, Lucette Valensi etc.) demandent son abrogation « parce qu’elle impose une histoire officielle, contraire à la neutralité scolaire… (et) un mensonge officiel sur des crimes ». Une initiative qui suscite les réserves de Guy Pervillé qui d’une part recadre la loi par rapport à celle du 21 mai 2001 et d’autre part souligne que « l’intervention des historiens dans ce débat sera d’autant plus convaincante qu’elle ne donnera pas l’impression de juger avec deux poids et deux mesures suivant que la loi est « de gauche » ou « de droite ».
http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/ach eter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARC H_30J&objet_id=894231
http://www.liberation.fr/page.php?Article=285319
http://www.assemblee-nationale.fr/12/ta/ta0389.asp
http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-04-01/2005-04-01-459479
http://www.ldh-toulon.net/breve.php3?id_breve=210
En 4ème , l’étude d’un fait colonial
« Le livre « Cannibales » de Didier Daeninckx fut le déclencheur de ce projet. Il a le mérite de nous avoir appris une partie de l’histoire coloniale. Quand on lit ce roman, on a le sentiment que ce n’est pas possible, pas possible d’avoir enfermé des hommes dans un zoo, pas possible de les avoir présentés comme des Cannibales, ce n’est pas possible ! C’est ce choc, cette honte qui nous ont amenés à initier ce travail ».Déjà présenté dans le Café n°52, l’excellent travail d’Hervé et Marie-Jeanne Bois et de ses collégiens calédoniens a pris de l’ampleur. Ils étudient l’exhibition des Canala lors de l’exposition coloniale de 1931. Ils ont ainsi redécouvert ce moment du passé colonial tombé dans l’oubli. Leur recherche associe la recherche documentaire, l’enquête orale, la mise en perspective historique, la rédaction de fictions… et pas mal d’émotions sans doute ! Un vrai travail d’historien que présente ainsi H. Bois sur la liste H-Français : « La « vérité » n’est pas simple à établir, ce n’est pas celle du roman de Daeninckx, ce n’est pas non plus celle consistant à dire que l’époque était raciste et que la France était colonialiste. Rien n’est simple, il n’y avait pas d’un côté les méchants blancs et de l’autre les gentils Kanak. L’empire français est certes à son apogée, mais on est loin de l’époque de Jules Ferry et de ses discours racistes et colonialistes. Parmi les Français beaucoup refusaient de telles exhibitions. L’Histoire est avant tout des histoires d’hommes et de rencontres ». L’Histoire peut elle aussi tisser des liens.
http://www.ac-noumea.nc/canala/sitecollege/projets/expoweb/index.html
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/histoire/Pages/2004/52_accueil.aspx
Culture républicaine et république coloniale
» La colonisation représente l’une des faces du fait républicain notamment pour la IIIème République, à la fois république et empire ». Vincent Chambarlhac propose une lecture renouvelée du fait colonial qui fait écho à la fois aux difficultés ressenties dans plusieurs académies sur son enseignement et à la loi du 23 février 2005 qui évoque « le rôle positif de la présence française » dans les colonies. Abordé dans les programmes essentiellement sous l’angle des conquêtes en première et de la décolonisation en terminale, le fait colonial est traité ici comme « l’une des faces du fait républicain », autrement dit il est vu uniquement comme pesant sur la culture et le modèle républicain. Car, » On ne peut comprendre l’oeuvre coloniale de la IIIème République sans se référer au déficit de légitimité dont elle souffre à sa naissance. Il faut aux républicains s’affirmer patriotes face aux concurrences politiques de la droite conservatrice comme devant la naissance d’une droite révolutionnaire, nationaliste. Il leur faut également composer avec la question de l’Armée, déterminante dans les crises de la République. Dans ce jeu politique, la colonisation permet aux républicains de fonder leur propre légitimité comme de réinscrire la France dans le champ des puissances internationales ». V. Chambarlhac montre comment l’ensemble du dispositif républicain est mobilisé pour légitimer la colonisation et comment en retour il influe sur l’acculturation républicaine en métropole, par exemple pour les « classes dangereuses ».
http://webpublic.ac-dijon.fr/pedago/histgeo/Former/Stages/Colonies/Republique_coloniale.pdf
Les naufragés de l’Utile
Voilà un épisode peu glorieux et totalement oublié que Le Courrier de l’Unesco de mai fait resurgir. Le 29 novembre 1776, une corvette de la marine royale accoste la petite île de Tromelin dans l’océan indien. Elle y trouve un enfant et sept femmes. Tous sont les survivants d’une cargaison de 60 esclaves « oubliés » sur l’île par un navire français, L’Utile, en 1760. L’épisode est analysé par le Groupe de recherche archéonavale qui a déjà retrouvé une centaine de documents afférents. Des fouilles archéologiques et sous-marines auront lieu, grâce au financement de l’Unesco, en 2006. Un réseau d’écoles est associé à ces travaux.
http://unesdoc.unesco.org/images/0013/001394/139497f.pdf#139497
L’ouvrage de Bouda Etemad
A quoi ont pu servir les immenses empires édifiés par l’Europe en Amérique, en Asie, en Afrique et en Océanie ? Bouda Etemad (universités de Genève et Lausanne) nous offre une remarquable synthèse. Il présente les acteurs : européens mais aussi les futurs peuples dominés. Il analyse aussi les thèses en présence. Il y a ceux qui voient dans la colonisation la condition du progrès économique de l’Europe et ceux qui y voient une perte de substance. Pour B. Etemad, « plutôt que de réduire la colonisation à un jeu d’additions et de soustractions, ne serait-il pas préférable de se demander à quoi ont servi les colonies, quelle fonction elles ont remplies dans la croissance… des économies métropolitaines ». Ce qui l’amène à une étude précise de chaque empire colonial.
On trouvera dans l’ouvrage une historiographie de ces questions, des cartes, des statistiques. De quoi alimenter sa réflexion, problématiser ses cours et enrichir les débats avec les élèves.
Bouda Etemad, De l’utilité des empires, Colonisation et prospérité de l’Europe, Armand Colin, Paris, 2005, 335 pages.
7- Un nouveau chantier : enseigner le fait religieux
Des références
Le CRDP de Besançon a recensé en novembre 2004 de nombreuses ressources présentes sur Internet : portails, sites spécialisés, cartographie, réflexions pédagogiques, séquences pédagogiques au collège comme en lycée, et bien sur les rapports officiels.
http://crdp.ac-besancon.fr/edition/LES_RELIGIONS.htm
Le fait religieux dans La Durance
La revue académique d’Aix-Marseille propose un copieux dossier sur l’enseignement du christianisme en 6ème et en 2de. Dossier assez contradictoire. En 6ème la démarche pédagogique se centre sur le personnage de Jésus. D. Santelli montre que l’étude de sa vie permet de situer le christianisme émergent dans son contexte et d’en définir les croyances. Inversement en 2de, Daniel Dalet souligne que le programme ne le mentionne pas. Plus globalement, » ce n’est pas la vie de Jésus qui nous intéresse, celle-ci a finalement peu d’intérêt en tant que telle, mais la façon dont les Evangiles la relatent, dans le contexte bien spécifique de ce paléochristianisme du 1er siècle. Comme tout texte narratif ou qui se prétend comme tel, les Evangiles nous renseignent davantage sur les préoccupations des évangélistes que sur les événements qu’ils déclarent relater. Ce n’est donc pas « l’individu Jésus » mais « le personnage Christ » qui est à la fois support et vecteur de la foi chrétienne, ce n’est pas la vie du premier mais l’histoire du second qu’il convient d’étudier, d’où la nécessité pédagogique de bien « présenter » les Evangiles : le contexte de rédaction, les opinions et intentions des auteurs ». P. Parodi propose une étude documentaire sur la résurrection en seconde. Le dossier est complété par des synthèses de C. Martinaud dur la résurrection et Jésus. Des travaux intéressants qui montrent la difficulté à enseigner le fait religieux. D’autant que ces séquences ne prennent sens que dans la construction d’un savoir historique sur les religions dans l’Antiquité et sur la rédaction des textes sacrés. Elles ne sauraient également évacuer la question du procès de Jésus et des ses différentes lectures.
http://www.histgeo.ac-aix-marseille.fr/durance/new_dur/num_060.htm
http://www.histgeo.ac-aix-marseille.fr/a/cma/d009.htm
http://www.histgeo.ac-aix-marseille.fr/a/cma/d010.htm
Et sur le site versaillais
« L’écriture de l’histoire permet-elle de construire un discours sur les religions qui ne soit pas un discours religieux sur l’histoire ? » Paul Stouder, IPR, indique quelques pistes pour l’historien. « Il ne s’agit pas de se prononcer sur une croyance mais de la restituer dans un contexte, de la relier à une sensibilité, d’identifier les besoins spirituels d’une communauté ou d’une société. Dans cette perspective, le sujet de l’histoire n’est pas de savoir, par exemple, si Jésus a fait des miracles mais de comprendre pourquoi des gens y ont cru, continuent à le croire et comment ils ont modelé leur vie sur cette croyance ». Le site académique propose trois séquences : les Hébreux, le peuple de la Bible, l’Islam dans sa diversité, étudier les textes religieux en classe de sixième : le déluge.
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/gephg/pedagogie/doc/default.htm
Au collège
Dominique Chanvillard présente une approche des programmes de la 6ème à la 3ème à travers le fait religieux : mise au point, problématiques, documents.
http://www.ac-strasbourg.fr/sections/enseignements/secondaire/pedagogie/les_disciplines/histoire-geographie/college/histoire/enseigner_le_fait_re/view
8- Lectures d’été
S’agissant de lectures à glisser dans la valise, il faut préciser que cette sélection est très subjective. On pourra y ajouter l’ouvrage de Paul Stouder et celui de Bouda Etemad présentés plus haut.
Les individus face aux crises
« Une histoire globale enserre une pluralité de destins ». Marc Ferro n’est plus à présenter. Son dernier ouvrage présente des destins d’hommes et de femmes lors de périodes historiques qui ont marqué le 20ème siècle : la révolution soviétique, l’Allemagne nazie, l’occupation, la guerre d’Algérie, la crise de la fin du siècle. L’ouvrage permet d’amener ces personnages en classe et à travers leurs choix et leur destin de problématiser son enseignement et même d’amener à une réflexion sur la construction de l’histoire.
Marc Ferro, Les individus face aux crises du XXème siècle. L’histoire anonyme, Paris, Odile Jacob, 2005, 432 pages.
Les souvenirs de Mathieu Molé
Quel destin ! Rejeton d’une vieille famille de noblesse de robe, Mathieu Molé (1781 – 1855) a eu une enfance très dure. Il a vu sa famille menacée, humiliée et spoliée sous la Terreur. Son père a été arrêté et guillotiné. Distingué par Napoléon, il a mené une brillante carrière des Affaires étrangères au Conseil d’Etat. Ses « Souvenirs de jeunesse » restituent la montée dans le monde de ce jeune homme autodidacte, taciturne mais privilégié, fréquentant les salons à la mode au début du Consulat.
Quelle mauvaise langue ! Car Mathieu Molé est aussi un grand hypocrite. L’empereur l’a aimé et a construit sa carrière. Mais Molé en dresse un portrait très froid, détaché et critique. Chateaubriand a été son ami mais Molé le dénigre. Au-delà de ces traits de caractères, les Souvenirs nous apprennent beaucoup sur une France en reconstruction.
Mathieu Molé, Souvenirs de jeunesse, 1793-1803, Paris, Mercure de France, 1991, 570 pages.
Les mots pour résister
Une réflexion sur les mots de la Résistance et leur destin. Que sont devenus ces mots d’hier ? Quel usage notre société en fait-elle ? Que signifie aujourd’hui le langage de l’engagement face aux « mots – gélatine », ceux qui engluent la réalité dans les convenances et l’anesthésie. L’ouvrage d’Arlette Farge et Michel Chaumont est original et très nostalgique. A travers la disparition des mots c’est l’évolution, voir la destruction, des valeurs, le refus d’une certaine histoire qui sont dénoncés.
Arlette Farge, Michel Chaumont, Les mots pour résister, Paris, Bayard, 212 pages.