Face au haschich
« Nous assistons à un fait culturel nouveau et insidieux. De jeunes adolescents choisissent de prévenir les malaises de leur âge en s’autoprescrivant la molécule de cannabis… Les jeunes captifs de nouveaux idéaux, de nouveaux plaisirs, sont pris dans des réseaux de discours qui leur donnent de nouveaux droits… Pour un certain nombre de jeunes, ce pari conduira à l’impuissance à engager une vie d’adulte ». On sait que près de 40% des jeunes garçons sont des consommateurs réguliers de cannabis (enquête OFDT). Pour Gisèle Bastrenta, psychologue clinicienne et analyste, le haschich est d’abord un phénomène culturel qui renvoie à une évolution globale de la société.
« Lorsque des parents, des professeurs affirment que si un jeune consomme, c’est parce qu’il a un malaise et qu’il souffre, ils inversent la problématique.. Cette affirmation indique que le malaise et la souffrance liés à l’adolescence ne sont plus une évidence. L’intolérance à la souffrance est un fait nouveau : on ne supporte plus de voir souffrir les gens qu’on aime. La normalité implique qu’il faille aller bien, les malaises n’ont plus droit de cité. Dans cette optique, l’adolescence est interprétée comme un symptôme à faire taire ». C’est pour vouloir oublier que la souffrance est liée à l’état adolescent et à la vie, que notre société prépare la jeunesse à la consommation cannabique.
Aussi que faire dans les établissements ? Certainement pas faire débarquer la police et ses maîtres chiens : pour G. Bastrenta c’est signer l’impuissance de l’institution. Elle plaide pour le rétablissement des liens humains entre adultes dans les établissements et pour une prise en charge ouverte. « Ces actions ne visent pas l’abstinence. Ce serait un leurre que d’y songer. En revanche il est possible de faire entendre, et d’imposer des coupures entre le temps pour travailler et celui de la fête ». Il s’agit d’abord d’amener à la vie des ados qui se murent dans un nuage protecteur.
L’ouvrage est accompagné d’entretiens avec les différents acteurs dans les établissements : infirmière, CPE, proviseur, prof, inspecteur etc.
Gisèle Bastrenta, Face au haschich en collège et en lycée, Comprendre, repérer, agir, CRDP de Grenoble, 205 p., 2005.
http://www.crdp.ac-grenoble.fr/scripts/vel/vel.dll/voir?CHOIX=2&CLE=380VL009
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2005/04/index210405.aspx
Le cannabis se découvre en seconde
Quel est le profil de l’usager de cannabis ? C’est ce qu’a cherché à définir une équipe de l’Institut de veille sanitaire. Actuellement 18% des garçons de 17 ans et 7% des filles consomment du cannabis au moins 10 fois par mois. L’âge moyen d’initiation au produit est de 15 ans et 4 mois, c’est-à-dire au moment de l’entrée au lycée. Près de 8 personnes sur dix fument de 5 à 7 jours par semaine, près de 1 sur 5 considère comme difficile de passer une journée sans consommer et la moitié fume de 2 à 4 joints par jour en semaine. Pour 14% d’entre eux l’établissement scolaire est un lieu habituel de consommation. Une personne sur sept ressent des troubles de concentration ou de mémoire.
http://www.invs.sante.fr/beh/2005/20/index.htm
La Ritaline sans danger ?
Selon Le Figaro Magazine, 200.000 enfants seraient hyperactifs en France. Le magazine présente la solution : la célèbre Ritaline, un médicament psychostimulant très célèbre aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Il serait prescrit à 5.000 enfants en France. Pourtant la Ritaline a suscité de grandes réserves. En Angleterre, ce stupéfiant, largement prescrit, est parfois revendu aux dealers. Aux Etats-Unis, une étude a mis en évidence des risques de dépression chronique quand il est administré à tort.
http://www.lefigaro.fr/magazine/20050527.MAG0012.html?160047
Internet : Le rapport Thoraval
« Aujourd’hui la mauvaise connaissance par les parents des techniques de l’Internet ou encore le manque de référents communs avec les jeunes internautes obèrent les chances d’un dialogue au sein de la majorité des familles et… est propre à nourrir en retour un sentiment de défiance vis-à-vis d’un outil qui devient indispensable ». En mettant l’accent sur le risque de rejet d’Internet et en présentant ses usages avant tout comme une pratique familiale et culturelle, le rapport remis par Joël Thoraval et Olivier Peraldi au ministre de la santé apporte une réflexion nuancée sur la « protection de l’enfant » sur Internet.
Les auteurs montrent d’abord l’écart qui existe entre la perception que les parents ont des usages des enfants et la réalité. Par exemple, selon une enquête réalisée en février 2005 par l’Ifop, les parents pensent que 18% des 12-17 ans chattent alors que le taux déclaré par les jeunes est de 48%. Une récente enquête britannique, citée dans Le Café 62, a confirmé ce grand écart outre-Manche : 4% des parents pensent que leur enfant a pu recevoir des sollicitations sexuelles alors que 4% des parents pensent que leur enfant a pu en être victime. Dernière contradiction française, 78% des parents déclarent surfer avec leurs enfants, ces derniers déclarent à 73% naviguer seuls ! Ajoutons encore quelques chiffres : un jeune sur trois a accès à Internet chez lui dans une pièce où il est seul, un sur cinq ne parle jamais d’Internet avec ses parents.
Un autre point fort du rapport c’est de montrer la variété des risques et de mettre en évidence les dérapages commerciaux. Il donne des exemples précis d’entreprises dont la stratégie commerciale (le teen marketing) cible les enfants pour garder les parents ou même propose aux parents des services qui les « remplace » : par exemple la lecture du soir suppléée par un fichier sonore quotidien (sur AOL). Aussi le rapport insiste-il sur la nécessité d’éduquer aux médias parents et enfants.
Malheureusement cette riche réflexion débouche sur des propositions décevantes. Le rapport demande une « campagne de sensibilisation » et la création d’un « programme pédagogique destiné à une appropriation familiale de l’Internet » comme si distribuer un programme suffisait à changer la vie familiale. Pire encore il avance une idée, ancienne outre-atlantique, celle de l’estampillage des sites par un label « qualité – famille » délivré par un comité ad hoc.
S’il salue « le rôle stratégique de l’école », le mot B2i y apparaît une seule fois. A-t-on déjà renoncé à une véritable éducation à Internet ?
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/054000312.shtml
http://news.bbc.co.uk/1/shared/bsp/hi/pdfs/28_04_05_childrenonline.pdf