Dossier spécial
Tribune : Gardarem lou TPE ! Touchez pas aux TPE !
La suppression des TPE en Terminales, décidément non, ça ne passe pas.
Supprimer les TPE en Terminales, c’est supprimer les TPE tout court. Nous devons à nos élèves cette élémentaire correction : que l’examen qui conclut leurs études secondaires couvre l’ensemble des savoirs et des compétences susceptibles d’avoir été acquises au cours de la scolarité, sans impasse et donc sans écarter les compétences à travailler en groupe, à rechercher et à exploiter des documents, à présenter et à argumenter les résultats d’une enquête. Les études comparatives internationales montrent que c’est dans ce domaine que les élèves français sont les moins performants. Ils seront les premières victimes de la suppression des TPE.
Les enquêtes sur l’évolution des pratiques montrent également que les TPE rencontrent l’adhésion d’un nombre croissant d’élèves et d’enseignants : 90% des élèves des académies de Clermont et de Reims ont présenté une option TPE au baccalauréat et ont obtenu des notes moyennes supérieures à 13. Au cours du débat national sur l’avenir de l’école, la question des TPE n’a pas fait l’objet de controverses et le rapport de la commission Thélot ne les mentionne que pour souligner leur capacité à s’écarter de la forme traditionnelle de l’enseignement et à favoriser l’expression de l’élève, orale en particulier. Une nouvelle modalité du travail scolaire a donc été introduite avec succès dans le système éducatif français. Elle se perfectionne d’année en année, elle est en cours d’adoption par la communauté éducative.
Voilà pourquoi la suppression des TPE ne passe pas et pourquoi elle ne doit pas passer.
Serge Pouts-Lajus
Action commune pour les TPE
« Un très large consensus existe aujourd’hui dans notre pays entre les scientifiques et les pédagogues autour du constat que les lycées doivent développer des démarches interdisciplinaires sous des formes variées pour permettre l¹acquisition de compétences qui ne sont pas strictement disciplinaires (capacité à travailler en équipe, à trouver et traiter l’information en utilisant toutes les technologies et les méthodes disponibles, à mettre en relation les savoirs des différentes disciplines). Les TPE sont l’outil privilégié pour initier ces démarches et faire acquérir aux lycéens ces nouvelles compétences, jugées indispensables dans l’enseignement supérieur et la vie professionnelle. C¹est d’ailleurs en cela qu¹ils constituent l’élément le plus novateur de la réforme des lycées engagée depuis quelques années ». Dans une démarche commune les principaux mouvements pédagogiques (Ceméa, le Crap, Education & Devenir, la Foeven, l’Icem, l’Occe), les grandes associations de parents d’élèves (Fcpe et Peep), plusieurs syndicats enseignants (Sgen, Unsa, Faen), les mouvements lycéens (Fidl, Unl) et la Ligue de l’enseignement demandent au ministre de surseoir à la décision de suppression des TPE. Ils rappellent le succès reconnu des TPE. Rappelons que le pourcentage de candidats au bac général présentant l’option TPE a doublé de 2002 à 2003, où il concerne 85% des candidat, et a encore augmenté en 204, passant à 9 candidats sur 10.
Une pétition initiée par le Café et le CRAP Cahiers pédagogiques
La pétition initiée par Le Café pédagogique et les Cahiers pédagogiques en faveur du maintien des TPE en terminale a réuni près de 12.000 signataires. De nombreuses organisations soutiennent notre initiative : l’AFEF (enseignants de français), le GFEN, Les Clionautes (professeurs d’histoire-géographie), le Snpden (personnels de direction), la Fadben (documentalistes), l’ICEM Freinet, le Foeven ont rejoint la FCPE, la FEP Cfdt, la Ligue de l’enseignement, l’OCCE, la PEEP, le SE-UNSA, le SGEN-CFDT, le CEPEC et Education & Devenir. Parmi les signataires, signalons Philippe MEIRIEU, directeur de l’IUFM de Lyon, qui commente ainsi sa signature : « Les TPE me semblent importants pour les nouveaux lycéens, d’une part, pour leur donner l’habitude de travailler à partir de recherches documentaires personnelles (essentiel pour la réussite en DEUG) et, d’autre part, pour les inciter à réfléchir de manière non strictement disciplinaire (crucial en sciences sociales) ».
http://www.tpe-petition.net
8 Décembre : Nouvelle action en faveur des TPE
Avec près de 12.000 signatures réunies en moins de deux semaines, dont celles de nombreuses personnalités (par exemple Georges Charpak, prix Nobel), la pétition en faveur du maintien des TPE, initiée par le Café pédagogique et le CRAP Cahiers pédagogiques, a rencontré un rare succès. La pétition sera transmise au ministre. Mais ses initiateurs appellent à continuer l’action. Ils demandent aux signataires d’écrire et de rencontrer leur député. Le site de la pétition accueillera bientôt vos témoignages sur ces actions ainsi que des exemples de pratiques pédagogiques autour des TPE. Pour les initiateurs de la pétition, « alors que le début de l’année scolaire avait été marqué par un discours nostalgique et réactionnaire auquel le Ministre a donné des gages, le refus de la disparition des TPE est une heureuse nouvelle sur la santé de l’école et sur l’évolution du monde de l’école… Défendre les TPE, c’est dire au ministre que décidément, la « réac académy » ça ne passe pas… »
http://www.tpe-petition.net/index.php
Les scientifiques pour les TPE
Plusieurs associations de spécialistes scientifiques ont écrit au ministre pour demander le maintien des TPE. Il s’agit de l’APBG, l’APMEP, l’UdPPC, l’UPA, l’UPS et l’UPSTI.
http://www.sfc.fr/SocietesSavantes/nonTPE.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Les TPE toujours en débat
Qui ignore encore ce que sont les TPE ? Rarement un dispositif pédagogique aura autant attiré l’attention. Luc Bronner, dans Le Monde du 2 décembre, signale le vote négatif du CSE et la pétition du Café et des Cahiers pédagogiques. « La mesure était censée susciter l’adhésion du monde enseignant, elle provoque un rejet unanime ». Pour L. Bronner, « le ministère de l’éducation nationale n’envisage pas de tenir compte de l’avis négatif du CSE ». Le Figaro donne à son tour une image positive des TPE « un véritable galop d’essai pour le bac, mais aussi pour la vie étudiante ». Le grand public retiendra encore un autre message : les enseignants sont capables de faire évoluer leurs pratiques pédagogiques.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-389363,0.html
http://www.lefigaro.fr/france/20041202.FIG0229.html
http://www.tpe-petition.net/index.php
TPE : Libération met en doute les arguments du ministère
« Hier soir l’éducation nationale ne pouvait pas produire le document sur lequel elle affirme fonder son évaluation de 95% de TPE détournés (en séances de révision du bac) en terminale ». Cette situation ne surprend pas les enseignants tellement ces chiffres sont éloignés des réalités observées dans les établissements et des chiffres officiels de candidats et de réussite donnés jusque là par le MEN. Cette situation montre à quel point le ministère s’avère incapable de justifier la suppression des TPE.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=254623
Tribune : Les TPE ou la violence
On peut comprendre que le ministère veuille « récupérer des heures » pour dédoubler les classes de langues (le budget n’est pas extensible à l’infini!). On peut comprendre que le ministère trouve la terminale « trop chargée »pour les élèves.
Mais les choix qui en découlent sont un signal fort symbolique.
En quelque sorte le ministère dit au élèves, aux enseignants et parents: « Les TPE sont un gadget qui ne mérite pas d’être au Bac, ce qui est important ce sont les disciplines et ne changez rien à vos méthodes d’enseignement, on vous aidera en dédoublant les heures de langues. Ne changez pas votre manière de travailler individuellement (vous avez la liberté pédagogique !); évidemment on sera parfois obligé de vous « réquisitionner » pour remplacer des collègues ».
De même le concours reste en fin de première année d’IUFM. On perpétue l’erreur initiale et en quelque sorte on admet qu’une formation professionnelle des enseignants n’est pas fondamentale.
Dire que le ministère aurait pu profiter de cette loi pour développer ces TPE qui amènent une autre façon d’enseigner plus motivante pour les élèves, une meilleure préparation de l’enseignement supérieur, une occasion d’un travail d’équipe entre enseignants. Du reste ce travail d’équipe encouragé aurait permis les remplacements sans « réquisition » mais comme allant de soi dans une équipe solidaire et responsable.
Évidemment il était nécessaire d’affronter les lobbys disciplinaires pour trouver les heures nécessaires dans une diminution des heures disciplinaires et dans la diminution en conséquence des programmes !
Doit-on garder l’espoir qu’une autre direction soit prise? Ou bien les enseignants feront-ils les frais d’un immobilisme pédagogique qui sera de plus en plus mal vécu par les élèves n’ayant plus comme ressources, pour se faire entendre, que la violence?
Jacques Nimier
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/
Le Snes contre la suppression des TPE
Selon l’AFP, le Snes demande le retrait de l’ordre du jour du CSE (Conseil supérieur de l’éducation) qui doit se tenir le 1er décembre des textes prévoyant la suppression des TPE en terminale. Le syndicat estime que celle-ci témoignerait d’un profond mépris pour le travail des équipes pédagogiques et des élèves engagés dans les TPE.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_041130165805.5tsni0pa.html
Le CSE refuse la suppression des TPE
« Nous demandons au ministre de revenir sur cette décision regrettable.. comme le demandent les milliers d’enseignants, lycéens, parents qui en quelques jours ont signé les deux pétitions complémentaires mises en ligne sur ce sujet ». Cette déclaration commune de 13 organisations membres du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) (FCPE, PEEP, UNL, FAGE, UNEF, Ligue de l’enseignement, SGEN, UNSA, SE-UNSA, SNPDEN Unsa, FEP CFDT, CFDT et CGT) montre que la pétition initiée par le Café et le CRAP-Cahiers pédagogiques a pesé sur la réunion du CSE. Pour les signataires » la suppression des TPE en classe de terminale… représenterait un recul considérable pour l’évolution de notre système éducatif. Elle serait, en outre, en complète contradiction avec les objectifs affichés dans le cadre de l’élaboration de la loi d’orientation, à savoir la double nécessité de poursuivre la démocratisation de notre système éducatif et d’augmenter l’accès à l’enseignement supérieur ». Lors du CSE, un premier vote a demandé au ministre de renoncer à la suppression des TPE en terminale. Il a réuni 28 voix pour, 4 contre (CSEN) et 16 refus de vote (FSU). Un second vote a eu lieu sur le projet ministériel de supprimer les TPE en terminale : pour : 4, abstention : 1, contre 45. Pour Roland Hubert (Snes FSU), d’après l’AFP, « l’ensemble de la communauté éducative est contre la suppression des TPE donc le ministère doit l’entendre, on ne peut pas continuer à gérer l’Education nationale en traitant les innovations pédagogiques avec cette légèreté ».
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article703.html
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_041201104759.1jv8xkc9.html