Les ouvrages de méthodologie de recherche sont suffisamment nombreux semble-t-il, et pourtant ce petit opuscule rédigé par Gaston Mialaret, l’un des « pères » des sciences de l’éducation en France mérite qu’on le présente. En effet, le crédit de cette discipline s’est largement érodé au cours des dix dernières années dans le monde scientifique en particulier à cause de la « légereté » méthodologique, réelle ou supposée, des travaux de recherche menés dans ce domaine. Ce n’est certes pas l’ouvrage de Gaston Mialaret qui permettra de modifier cet état de fait, mais c’est l’opportunité de sa parution qui doit nous rappeler cette exigence de méthode scientifique. Le discours public autour de la question scolaire emprunte des travaux de toutes sortes et aujourd’hui il est difficile au lecteur consciencieux de distinguer ce qui relève d’une démarche scientifique de ce qui n’en relève pas. Du coup d’autres sciences voisines (sociologie, psychologie, économie…) s’autorisent la critique des travaux de science de l’éducation.
L’ouvrage de G. Mialaret est suffisamment accessible à tous pour que les formateurs d’enseignants et les enseignants eux-même choisissent d’en faire une lecture complète. L’intérêt principal sera de leur fournir quelques outils simple, un cadre de réflexion pour penser leur activité professionnelle et surtout le regard qu’ils posent sur elle. Ce qui qualifie la professionnalité c’est aussi de pouvoir tenir un discours scientifique sur les objets de la profession, or lors des débats organisés l’an dernier pour la commission Thélot, on a pu constater que cette rigueur était largement absente des débats, même dans les propos de personnes soit-disant autorisées.
Après avoir situé les finalités et les démarches de recherche, l’auteur nous invite à identifier les méthodes et techniques de la recherche en particulier dans le recueil des données permettant le discours (étude de documents, entretien, observation (armée ou non), expérimentation). Le propos s’arrête là et l’on regrettera qu’il n’aborde pas suffisamment un point pourtant essentiel dans la recherche qui est le lien avec les travaux antérieurs de la même discipline, ou d’autres ainsi que l’analyse critique des recherches existantes.
Rappelons donc que ce travail d’un pionnier des sciences de l’éducation nous rappelle tous à l’ordre et nous invite à une plus grande rigueur dans nos travaux. Profitons en pour signaler, est-ce intentionnel ou non, que sur la couverture « science de l’éducation » est écrit au singulier alors que l’intitulé du chapitre 1 reprend le pluriel plus habituellement rencontré.
Bruno Devauchelle
CEPEC
Gaston Mialaret, Les méthodes de recherche en science de l’éducation, Que sais-je ? Puf 2004