L’avant projet de la loi d’orientation pour l’avenir de l’école reprend l’essentiel des annonces de F. Fillon le 18 novembre. Ce court texte (7 pages) fixe de nombreux objectifs pour l’Ecole : 100% de jeunes qualifiés, 80% au niveau bac, 50% de diplômés du supérieur, 15% d’étudiants supplémentaires en sciences, 20% d’élèves supplémentaires en allemand, 10% en langue ancienne, 50% d’apprentis en plus, une hausse de 20% des jeunes filles dans les séries scientifiques etc. En dehors de ces objectifs pour un avenir plus ou moins lointain, on retiendra 4 décisions précises. D’une part la création d’un Haut conseil de l’éducation chargé de conseiller le ministre sur la pédagogie et les programmes, à la place du Conseil national des programmes et du Haut conseil à l’évaluation de l’école. Ce conseil sera probablement un organe plus politique que technique puisque nommé par les plus hautes instances de la République. D’autre part, chaque établissement créera un Conseil pédagogique, composé de représentants des enseignants de chaque discipline et de représentants des professeurs principaux, chargé de coordonner les enseignements et les méthodes pédagogiques. Ce conseil coexistera avec le rappel dans la loi de la liberté pédagogique des enseignants, celle-ci s’exerçant « dans le cadre des programmes et des instructions du ministre… sous le contrôle des membres des corps d’inspection ». La loi prévoit également un effort pour la formation des enseignants (20% de formations supplémentaires) mais précise que « la formation des enseignants s’effectue prioritairement en dehors des obligations de service d’enseignement » , ce qui pourrait rendre le premier objectif illusoire. Enfin le projet de loi décide le passage des IUFM sous contrôle universitaire dans un délai de 3 ans. C’est donc un texte extrêmement sommaire qui est proposé au CSE.
La réaction de la FSU est négative : » En dehors du début qui affiche des ambitions en terme d’élévation des qualifications, le reste est caractérisé par des régressions, au point de se demander si les premiers paragraphes ne sont pas les cache-misère du reste du texte ». Pour le SE-Unsa, « Quel gouffre entre les ambitions affichées (100% de qualifiés, 80% au bac, 50% au niveau supérieur) et les mesures disparates envisagées ! ». Le syndicat y voit « une vision moraliste et rétrograde de l’Ecole ».
Dans une tribune de Libération du 26 novembre, G. Dupon-Lahitte,président de la FCPE, José Fouque, président d’Education et Devenir, André Legrand, ancien recteur, et Philippe Meirieu dénoncent « une politique réactionnaire, dangereuse, en recul par rapport à toutes les réformes initiées aussi bien par la gauche que par la droite depuis Langevin Wallon ». Pour eux les mesures prises par F. Fillon (suppression des TPE, instauration des punition collectives, généralisation du redoublement) sont une grave rupture. « L’objectif affiché de démocratiser l’accès au diplôme est difficile. Il ne pourra pas être atteint par des mesures démagogiques. Il implique, au contraire, une volonté politique forte et courageuse, capable d’entraîner la mobilisation de tous les acteurs dans les établissements scolaires. La véritable confiance dans les enseignants consiste à les mettre en situation d’exercer un métier ô combien! difficile avec dynamisme et inventivité. Un ministre se doit d’aider les enseignants à faire en sorte que tous leurs élèves, loin d’être pour eux des dangers, soient susceptibles de progrès et que les familles, loin d’exercer contre eux un pouvoir dangereux pour l’école, soient au contraire des partenaires. Une corporation, craintive et repliée sur elle-même ne pourra jamais réussir ce grand pari, dont les enjeux économiques, sociaux et éthiques sont déterminants pour l ‘avenir de notre pays ».
Le ministre réussira-t-il à convaincre lors d’un chat lundi 29 à 18h30 ?
Projet de loi (en pdf)
Article de Libération
Rendez-vous chat du ministre