P Picard
Jean Louis AUDUC, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil
L’Ecole n’est qu’un des lieux éducatifs, mais joue un rôle central. La massification scolaire n’est pas nécessairement une démocratisation. Comment faire vivre cette démocratie partagée ?
Des principes :
– développer des partenariats cohérents, chaque partenaire restant sur le cÏur de métier pour donner plus et non chevaucher ce que fait l’autre.
– clarifier les dispositifs existants… Je connais 17 structures partenariales qui développent plus de réunions de d’actions sur le terrain. Oui à une seule instance de pilotage.
– Dans les ZEP, il faut être clair : ça ne doit pas être une politique compassionnelle ou charitable, mais une politique ambitieuse, pour mettre en place des situations de réussites. Tout établissement ZEP a vocation à faire aussi bien qu’ailleurs. C’est pourquoi il faut centrer les activités sur le centre du sens scolaire : les contenus.
– Mais il faut développer sérieusement l’analyse de ce qui se fait en ZEP en se donnant du temps : un élève qui réussit en ZEP, ça se voit 15 ans après… Cette année, 312 nouveaux hussards d’origine modeste, scolarisés en ZEP, viennent d’avoir le concours PE en Ile de France.
– La requalification d’une école, ça veut dire aussi urbanisme, transport, équipement… Une ligne de métro qui arrive, c’est une pression éducative qui diminue… L’espace du jeune, son territoire, c’est fondamental pour accéder aux valeurs républicaines… Quand un enfant qui a un prénom qui sonne mal ne trouve pas de stage, c’est la république qui doit s’interroger.
Des enjeux :
– Créer un espace scolaire, c’est un travail commun éducation nationale et ville pour la création de véritables » espaces laïques de savoir et de citoyenneté » qui gèrent le conflit au-delà du consensus mou ou du politiquement correct. » Vivent les conflits » dit » Education et management » (CRDP Créteil)
– La relation parent-enseignant est l’enjeu majeur des prochaines années. Si l’école ne retisse pas ce lien de confiance avec les familles, j’ai des inquiétudes. Les familles sont plus démunies que démissionnaires. C’est l’enjeu de l’EN, mais aussi des villes, pour trouver des moyens d’accompagnement, des espaces intermédiaires, des structures relais qui permettent que l’école s’ouvre aux parents.
– Mieux responsabiliser le jeune et en faire un acteur à part entière pour qu’il soit un citoyen actif. Des règles dans l’école, d’autres règles à l’extérieur ? Il faut par exemple mentionner dans le carnet scolaire les responsabilités prises par le jeune dans les instances associatives.
– La formation des personnels.. .Les questions qui se posent aux enseignants, dans ces quartiers difficiles, se posent à tous. Travailler à des formations communes permet aux enseignants de ne plus dire » je ne veux pas être un animateur » lorsqu’il sait ce que doit faire un animateur
– Elargir l’horizon culturel, dépasser l’horizon du quartier… L’espace de connaissance est discriminant (3 km2 pour les uns, 25 km2 pour les autres). Le lycée doit être un espace de brassage social au niveau de l’agglomération. Un jeune de 16 ans ne doit pas être assigné à résidence dans sa cité, il peut se déplacer pour aller au lycée ou à l’université… La mixité, c’est le brassage de réseau pour que des quartiers-archipels s’agglomèrent à la ville.
Nous avons une mission commune : favoriser la réussite de tous les jeunes, quelle que soit leur origine ou leur habitation…