Le ministre de l’Education Nationale, M. Luc Ferry, s’est exprimé dans Libération le jeudi 11 mars pour critiquer les professeurs de langue et pour proposer l’élaboration d’un « plan d’action » afin d’améliorer l’efficacité de l’enseignement et le diversifier réellement.
Sur huit pays européens, les compétences en anglais d’un élève français de 15 ans sont nettement en dessous de ceux de ces copains européens. Pour le ministre, pas de doute: nos élèves sont trop passifs et inhibés par leurs professeurs perfectionnistes qui ne cessent de les reprendre pour les corriger.
La France a les plus faibles performances en anglais « Les résultats de cette enquête interrogent le système éducatif français sur ses choix de politique et sur ses pratiques en matière d’enseignement de l’anglais ». En effet, une enquête européenne portant sur le niveau en anglais des adolescents de 15 ans classe la France comme lanterne rouge de 7 pays européens (Suède, Espagne, Finlande, Norvège, Pays Bas, Danemark, France). Dans toutes les compétences, l’écart de niveau avec nos voisins est important. Ainsi en production écrite, la moyenne des jeunes français est de 15 quand celle des pays nordiques est entre 45 et 55. En compréhension de l’écrit l’écart est de 57 à 80. Pire encore, les résultats de nos collégiens sont inférieurs en 2002 à ceux de 1996 ! Comment expliquer cela ? L’enquête relève des errements dans les pratiques pédagogiques : « alors que les programmes affirment que l’accent doit être mis sur les situations de communication,.. sur les activités permettant de créer un maximum de liens pour accéder au sens
du texte, et non pas sur la correction grammaticale de phrases, il semblerait que ces instructions soient peu prises en compte dans la pratique des classes ». Mais d’autres éléments entrent en jeu. D’une part dans les autres pays européens, l’anglais est enseigné dès l’école primaire. D’autre part, les élèves français « déclarent n’avoir aucun contact avec la langue anglaise en dehors du collège ». Ils n’écoutent pas de films en anglais, ne lisent rien en anglais, ne le parlent pas. C’est aussi le manque d’ouverture des français aux cultures étrangères qui est questionné par cette étude.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/eva0401.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Dans son article, Luc Ferry constate que malgré une volonté de diversification, le phénomène inverse s’est produit: le couplage classique anglais-espagnol ne cesse de progresser au détriment des autres langues. D’après le ministre les LV3 sont fragilisées du fait d’une « concurrence accrue d’autres options ». En réponse à ces constats, Luc Ferry envisage un « un plan d’action qui permette d’améliorer l’efficacité de l’enseignement des langues et de le diversifier réellement »:
a) conforter la langue enseignée en primaire au niveau qualitatif et non quantitatif, cela veut dire ne pas l’étendre aux classes de CP et CE1 d’une part, améliorer la formation des maîtres d’autre part,
b) poursuivre cette langue apprise dès le primaire au collège en commençant une autre langue dès la 6°,
c) éviter la lassitude liée à un allongement de l’apprentissage en permettant aux élèves soit de substituer une troisième langue à une des deux premières soit de la rajouter,
d) ne plus être organiser l’enseignement des langues en fonction des séries mais en fonction d’une diversification de ses objectifs. Cela suppose un pilotage académique fort, reposant sur des logiques de sites.
e)une plus grande prise en compte de l’oral
d) développer l’enseignement «en» langue étrangère, et pas seulement l’enseignement «des» langues étrangères (exemple sections européennes)
e) multiplier les échanges y compris pour les lycées professionnels
http://www.liberation.fr/page.php?Article=185125