L’inégalité scolaire, facteur social ou individuel ?
Lionel Page (Paris I) étudie les inégalités sociales dans le système éducatif en leur appliquant un modèle relevant de la théorie des risques. On sait qu’à résultat scolaire égal, les enfants des classes pauvres et riches ne feront pas le même choix d’orientation. La plupart des sociologues y voient le poids des inégalités de classe, par exemple dans le bagage culturel transmis de génération en génération. L’étude de L. Page ramène ces inégalités de choix dans la perspective de choix individuels, liés au risque assumé par l’individu. Les racines des inégalités seraient donc essentiellement psychologiques. Pour autant, pour L. Page, elles ne sont pas inamovibles. On peut lutter contre les inégalités à l’école en assurant un large brassage social à l’école et en retardant l’âge de l’orientation : dans ce cas les jeunes des milieux pauvres suivent plus facilement le modèle de risque des plus aisés.
http://www.u-bourgogne.fr/IREDU/sem13014.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Le collège en débat
« Chaque jour qui passe, les problèmes du collège et de l’école se trouvent posés en des termes de plus en plus radicaux . Nous allons nous trouver devant le choix d’une sortie par le bas, le retour au passé, ou par le haut, la recherche des voies d’avenir ». Devant l’échec du collège, le « collectif du 4 juin 2003 », regroupant les principaux mouvements pédagogiques français, organisait samedi 13 décembre un débat national sur « le collège unique outil de promotion collective ». A travers une dizaine d’ateliers et deux conférences générales, chaque organisation s’est exprimée, pour demander une autre politique. Ainsi pour l’ICEM Freinet, » Une réforme du collège ne peut se concevoir sans une refonte complète du système éducatif français ». Pour l’OZP, une association qui fédère des zones d’éducation prioritaires, « l’école seule ne peut résoudre tous les problèmes de la société, mais renoncer à en faire le lieu privilégié de la construction du lien social serait le signe d’un renoncement plus général. Réintroduire la sélection au collège, c’est prendre son parti de l’exclusion, c’est accentuer les fractures sociales ». Pour l’OZP, la réussite de tous passe par des transformations importantes du collège et particulièrement du métier d’enseignant : « une définition large du métier d’enseignant incluant des missions d’éducation, de nouveaux rapports entre l’école et ses partenaires du milieu environnant, le choix d’une culture commune ». Pour Jean-Michel Zakhartchouk (CRAP), la transformation du collège peut s’appuyer dans l’immédiat sur la généralisation de certains dispositifs comme les itinéraires de découverte, un outil d’un grand intérêt « pour les disciplines, pour la culture, pour l’indispensable mise au travail des élèves, pour la préparation à leurs tâches futures, professionnelles ou civiques ». Or on sait que le ministre souhaite rendre les IDD facultatifs. Alors faut-il changer l’ensemble du système éducatif ou simplement soutenir les éléments innovants déjà présents dans le collège ? Jean-Louis Auduc, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil, souligne que l’échec scolaire commence dès le primaire. Les évaluations nationales montrent que le collège atténue les écarts scolaires apparus au CE2. Au niveau du collège, « s’il y a bien une leçon à retenir des diverses tentatives de réformes proposées ces dernières années, c’est que toute réforme du collège ne peut se concevoir seule et doit nécessairement impliquer une articulation meilleure entre le lycée professionnel et le collège… Pour les élèves en difficulté, en phase de démotivation et de décrochage, ne vaut-il pas mieux les orienter dans la voie professionnelle dès la classe de 4e , plutôt que de les laisser, sans projet cohérent, dans des classes » généralistes » ? » Pour lui la solution passe par un corps unique d’enseignant bivalents exerçant du CM1 à la 4ème. C’est là remettre en question l’unanimité sur le collège « unique ». Bruno Mattei, IUFM de Lille, va un peu plus loin en demandant une réflexion sur les valeurs de l’école. Veut-on « la réussite de tous » ou « l’égalité des chances » ? « Il serait de courte vue de penser qu’en renonçant au collège unique, en reprofilant les élèves hétérogènes dans des filières, ou des systèmes d’alternance plus conformes aux talents tellement » particuliers » ! des uns et des autres, on va retrouver la paix. Certes » l’élitisme républicain » et » l’égalité des chances » penseront s’en être sorti la tête haute. Sans voir qu’elles ne sont plus que jamais que le cache-misère de la ségrégation scolaire et sociale… N’est-il pas de la responsabilité collective d’une société de ne pas se contenter » d’avoir la paix « , mais au contraire de construire une paix dans une société qui chercherait résolument à créer selon l’expression de Pestallozi au 18ème siècle » des écoles créatrices d’humanité « , c’est-à-dire des écoles où l’on apprendrait à apprendre et à vivre non pas les uns à côté des autres et contre les autres, mais avec les autres par les autres et grâce aux autres ». Comment conclure ces échanges ? Dans le court terme, le collectif recommande de « préparer la transformation des esprits et des pratiques dans l’ensemble des collèges.. en soutenant les IDD, comme banc d’essai pour la transdisciplinarité,… en incitant à la mise en place du tutorat,.. en proposant des lieux de réflexion pour la mise en commun de l’expérience ». A moyen terme, le collectif envisage la » redéfinition du statut de l’enseignant, sur la base des nouvelles pratiques expérimentées et prenant notamment en compte : le travail en équipe, le temps de présence dans l’établissement hors cours (pour travail en équipe, tutorat, relations avec les parents etc.), le partage des responsabilités dans le projet d’établissement ».
On trouvera sur le site du collectif les nombreuses participations au débat et les comptes-rendus des ateliers.
http://www.collegeunique.org
Deux voix pour une école
Dans Le Monde du 15 décembre, Luc Bronner rend compte du livre d’entretien entre P. Meirieu et X. Darcos. Si les deux hommes « défendent deux conceptions éducatives opposées » il leur arrive de faire des propositions concrètes communes. Ainsi, Philippe Meirieu « défend un enseignement qui ne se limite pas à la transmission des savoirs » alors que X Darcos met l’accent sur les contenus disciplinaires. Mais les deux hommes tombent d’accord pour souhaiter le bivalence en collège. Une mesure également demandée par le collectif pour un collège unique.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-346034,0.html
Les maths en adaptation scolaire
Le nouveau numéro de « Education et francophonie », la revue de l’ACELF, est tout entier consacré à « la spécificité de l’enseignement des maths en adaptation scolaire ». A priori, le sujet n’a d’intérêt que pour quelques enseignants spécialisés. En fait le numéro analyse les difficultés des élèves et nous fait réfléchir sur celles du professeur. Ainsi G. Lemoyne (Université de Montréal)montre comment l’analyse des erreurs est passée d’une vision centrée sur la psychologie de l’enfant à une analyse systémique : l’erreur est aussi un produit de l’institution et l’élève en difficulté est souvent une jeune qui a appris. D’autres articles analysent les résistances psychologiques, par exemple l’importance des émotions négatives générées par les croyances des élèves.
http://www.acelf.ca/revue/31-2/
L’école et la pluralité ethnique
Le numéro de décembre des Cahiers pédagogiques aborde un thème qui n’est pas sans rapport avec l’actualité. « Aujourd’hui, la présence dans l’école, dans la société, de jeunes de toutes origines en nombre important, notamment des jeunes réputés musulmans repérés comme tels, mais pas seulement eux, change beaucoup de choses dans la vision de ce qui devrait aller mieux à l’école. Le but de ce Cahier est d’expliciter ces nouveaux enjeux, afin que chacun puisse valoriser et renforcer ce qu’il fait déjà en ce sens ». Aussi ce numéro débute par une analyse de la catégorisation ethnique à l’école et de sa force. Une seconde partie s’attache à l’action dans l’école, particulièrement dans la construction d’une école en lutte contre le racisme. On y décrit des situations pédagogiques concrètes et on y propose des pistes pour agir.
http://www.cahiers-pedagogiques.com/
Les profs utilisent massivement les TIC en classe affirme une enquête ministérielle
Une enquête réalisée par le ministère auprès d’enseignants du primaire et du secondaire le confirme : les enseignants utilisent massivement les TIC. Ainsi 87% des maîtres du primaire, 90% des profs du secondaire utiliseraient les TIC pour leur profession en dehors de la classe. Surtout, l’enquête établit que 87% des instits et 61% des profs du secondaire utilisent les TIC dans leurs cours. Un chiffre très élevé par rapport aux estimations précédentes qui estimaient à 20% la proportion d’enseignants utilisateurs en classe. Mieux encore, 83% des enseignants du primaire et 45% de ceux du secondaire font manipuler les élèves. Dans le primaire la fréquence d’utilisation est particulièrement forte : la moitié des instits s’en servent en classe au moins une fois par semaine. Dans le secondaire, les jeunes enseignants seraient plus actifs en ce domaine que leurs aînés. Parmi les freins évoqués par les collègues pour la pénétration des TIC ne classe, le manque de formation est évoqué par deux collègues sur trois. Dans le secondaire, ce sont les problèmes pédagogiques qui font obstacle : les professeurs mentionnent l’incompatibilité des horaires et la difficulté de gestion des classes. C’est le cadre scolaire qui ralentit l’inévitable pénétration des TICE.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/ne0304.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Canada : Scepticisme des enseignants envers les TICE
L’offensive vient de la principale organisation professionnelle des enseignants canadiens : la FCE. Un sondage national, réalisé par la FCE, met en évidence des analyses divergentes sur l’efficacité et les usage des TICE. Ainsi 41% des enseignants affirment que les ordinateurs aident les élèves à acquérir des compétences pour raisonner, 54% sont contre cette affirmation. Si 35% des enseignants pensent que l’informatique fait gagner du temps sur les apprentissages, 60% ne sont pas d’accord. Certaines questions sont surprenantes. 55% des enseignants estiment que l’on met trop l’accent sur les ordinateurs au détriment d’autres facteurs, comme s’il fallait opposer et non associer les supports. 63% sont opposés à l’idée que les TIC représentent l’avenir de l’éducation. Pourtant le même sondage montre que les deux tiers des enseignants utilisent Internet et des cédéroms en classe.
http://www.ctf-fce.ca/fr/side/ICT.htm