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Quelle doit être aujourd’hui l’identité commune défendue par l’école si l’on
ne veut pas laisser à la télévision le monopole de cette définition ? Il
nous faut définir cette identité commune, mais cela ne suffit pas ».
Dans une tribune publiée par Libération le 20 août, le sociologue François
Dubet appelle l’école à rester centrée sur l’élève. « Devant les
difficultés et les épreuves de l’école, beaucoup sont aujourd’hui tentés de
rejeter cette orientation et de revenir vers les vieux principes, quand les
normes et les règles de l’institution étaient le centre du système. Dès
lors, on veut retourner aux anciennes disciplines, aux orientations
précoces, aux bonnes vieilles méthodes, à la clôture du sanctuaire. On
légiférera sur le voile, c’est-à-dire contre, on abandonnera les «chimères»
pédagogiques centrées sur l’activité de l’élève, on sélectionnera plus
fermement… Bref, on se protégera de toutes ces identités qui menacent
l’école et, au-delà, la société elle-même. De cette manière, on se rassurera
et on croira rassurer tous les enseignants qui ont manifesté leur désarroi
au printemps dernier. Cette voie est une impasse car les identités ne sont
pas des êtres, des natures, mais des tensions et du «travail», celui que les
individus réalisent sur eux-mêmes afin de se construire ». Le rôle de
l’école n’est pas de fabriquer des clones identiques mais d’aider les jeunes
à se construire à travers des identités plurielles. « De même que
l’hôpital a progressivement appris à reconnaître les malades derrière leur
maladie, l’école doit apprendre à reconnaître les élèves derrière leurs
apprentissages et leurs performances. Elle doit aider chacun à produire son
identité individuelle ». C’est à dire, contrairement à l’analyse
ministérielle, rester centrée sur l’élève.
