Un service d’information pour les collégiens : « The English Class » -Jean-François Morel-
CA – Jean-François Morel, vous êtes professeur d’anglais au sixième collège dans le 93. Vous animez une « classe européenne » et vous êtes le webmestre de
http://www.theenglishclass.net/. Ce site fait partie intégrante de vos activités pédagogiques avec les élèves. Pourriez-vous nous en dire plus ?
JFM – A l’origine, l’idée m’est venue de concevoir un service d’information, à destination des élèves, basé sur l’internet, de sorte qu’ils puissent le consulter à partir de n’importe quel poste au collège ou de leur domicile. Pour ce qui est du contenu, je souhaitais y afficher les productions collectives et individuelles des élèves pour constituer une sorte de vitrine virtuelle de la classe de langue. C’est particulièrement utile et profitable lorsque l’on est en phase de recherche de partenaires étrangers en vue de réaliser des échanges : le visiteur a alors accès à la salle de classe et peut se faire une idée des travaux effectués, du niveau linguistique des classes et des moyens techniques nécessaires qui peuvent être mis en oeuvre.
Le site offre les services suivants :
- page de liens à visiter pour trouver rapidement une ressource pour illustrer et approfondir ce qui a été vu en classe. Ils sont classés par pays.
- forum de discussion que les élèves utilisent librement entre eux et qui me sert aussi à transmettre rapidement une information de dernière minute. Un forum avec modérateur sera mis en ligne à la rentrée prochaine pour éviter les intrusions non désirées de cette année.
- le cahier de textes électronique permet aux « distraits » de se tenir informés des devoirs à faire à la maison ; cela s’avère également utile pour les parents…
- le cahier virtuel de l’élève : sachant qu’il n’y a pas deux cahiers qui se
ressemblent,il propose non seulement la trace écrite du cours mais tire également profit de l’hypertexte pour pointer vers des ressources complémentaires (sélection de liens pour approfondir un point de
civilisation, par exemple, explication, exercice interactif). Quelques exemples : le cahier des 5èmes G
http://theenglishclass.online.fr/2000_2001/notebook/5g/Notebook5g.htm,
celui des 4èmes Blv2
http://theenglishclass.online.fr/2000_2001/notebook/4blv2/Notebook4blv2.htm
et des 4èmes D
http://theenglishclass.online.fr/2000_2001/notebook/4d/Notebook4d.htm. - page de grammaire (en cours d’élaboration), lexique (perpétuel devenir)…
– une page outil - une banque de documents où l’on peut télécharger les principaux documents utilisés en classe (horror list, feuille d’auto-évaluation etc…)
- des informations plus générales sur le B2i, la place des langues étrangères dans l’enseignement… Mais, comme je l’ai dit auparavant, la maintenance de ces outils nécessite beaucoup d’heures de travail…
CA – Comment vos élèves utilisent-ils votre site ?
JFM – Je me suis demandé en quoi cela pouvait être utile aux élèves et comment le leur rendre abordable. Le premier obstacle rencontré fut l’obstacle technique, c’est-à-dire la manipulation d’un ordinateur. Un grand nombre de mes élèves n’ont pas accès à un poste informatique à domicile. Aussi s’est-il agi de faire en sorte que les élèves s’approprient l’outil. Cette appropriation peut se faire à partir d’activités simples comme la rédaction d’un message électronique à un correspondant, par exemple. Un autre obstacle est le sous-équipement des familles…
Au-delà des obstacles, ce qui est intéressant, c’est de tenter de déplacer la relation professeur-élève vers un autre cadre que le cadre traditionnel de la classe de langue à heures et lieux déterminés. C’est pour cela que je propose aux élèves divers services : cahiers de textes, cahiers virtuels de l’élève, ressources lexicales et grammaticales, exercices interactifs, quelques jeux.
En vue de développer une meilleure interactivité, j’ai mis en ligne un forum de discussion pour que les élèves puissent communiquer rapidement entre eux et de façon publique avec moi (attention, aux problèmes de sécurité et d’intrusion). Egalement, ils ont pu communiquer par ICQ (mais les parents ne permettent pas toujours le téléchargement du logiciel…). J’expérimente actuellement la possibilité d’intégrer une interface de conférence afin de proposer des rendez-vous ou une aide en ligne à la demande. Même si ces outils ne sont pas tous utilisés avec autant de bonheur, il est important de les laisser à disposition afin de permettre aux élèves de choisir ceux qu’ils s’approprieront selon leurs propres critères.
CA – Comment sont utilisés ces services en ligne pour faire cours ?
JFM – Actuellement, ils ne sont pas utilisés à proprement parler pour faire cours. En revanche, ils le sont en amont pour la recherche d’informations, par exemple, ou en aval, comme support pour l’apprentissage des leçons et/ou entraînement supplémentaire, l’échange libre entre les élèves… Ils s’agit avant tout d’une ressource disponible à tout instant ; bien sûr, il faut la rendre toujours plus interactive pour l’élève, avec ou sans l’intervention du professeur.
CA – Quel lien avec le programme ?
JFM – Les TICE représentent un outil supplémentaire à la disposition du professeur pour redonner élan et motivation à l’apprentissage souvent pénible des langues étrangères. Elles sont le moyen d’ouvrir les élèves à la culture des
pays dont ils apprennent la langue par la représentation immédiate de documents authentiques nombreux, variés et actualisés dont la qualité est souvent bien supérieure à ceux que l’on trouve dans les manuels.
CA – Quelle évaluation pour les élèves ?
JFM – Le problème posé par la mise en place d’une évaluation des élèves pour l’utilisation des services en ligne renvoie à celui de l’accès à un poste informatique connecté. C’est, je pense, une des conditions pour que ce genre de service en direction des élèves ne reste pas un simple gadget.
Avant l’évaluation, la question qui se pose pour l’apprentissage des langues étrangères est plutôt celle de l’entraînement aux diverses compétences. Peut-on imaginer un module d’entraînement en « self-service », c’est-à-dire sans intervention du professeur ? C’est l’enjeu des débats sur l’e-learning.
CA – Quel impact dans la classe ?
JFM – L’utilisation de l’outil informatique se révèle comme un fort levier de la motivation des élèves. D’une part, parce que cela permet de sortir du cadre traditionnel de la classe et de conduire des projets différemment. D’autre part, les élèves découvrent que l’informatique n’est pas uniquement réservée aux disciplines technologiques et scientifiques.
La conduite d’un projet de correspondance électronique emporte généralement l’adhésion de toute la classe. La réalisation de travaux personnels ou en groupe amène les sceptiques à utiliser, avec l’aide de leurs camarades, un outil qu’ils n’auraient pas utilisé autrement.
Cette année, la mise en place expérimentale du forum de discussion a facilité la cohésion de la classe. Malheureusement, les discussions ne se sont pas toujours déroulées en anglais… comme je l’aurais souhaité.
La mise en ligne des cahiers s’est avérée très profitable pour les élèves qui avaient ainsi la possibilité de rattraper rapidement les leçons en cas d’absence. En revanche, je n’ai pas réussi à amener les élèves à se responsabiliser pour nourrir eux-mêmes le cahier électronique.
Enfin, l’existence même de ce site a poussé un certain nombre d’élèves à poser la question de l’équipement dans leur famille et à acquérir une connexion à l’internet.
Jean-François Morel
http://www.theenglishclass.net
jean-francois.morel@ac-creteil.fr
Propos recueillis par Caroline d’Atabekian