André Deledicq, Maître de Conférences à l’Université Paris 7 Denis Diderot, est la cheville ouvrière du « Kangourou des mathématiques » qui s’est déroulé le 20 mars. Il a accepté de répondre aux questions du Café Pédagogique.
– Depuis quand ce concours existe-t-il ? Pouvez-vous nous rappeler sa genèse ?
Depuis 1991. Ce type de concours (permettant, par son organisation même de faire jouer avec les maths un très grand nombre d’élèves) existait déjà en Australie. En hommage à nos collègues australiens, et pour rappeler notre filiation, j’ai décidé de nommer ce jeu-concours « KANGOUROU ». Cependant nous lui avons donné une french touch importante : la volonté d’accompagner le concours d’une distribution massive de documentation aux élèves et aux professeurs (assurant la diffusion d’une culture mathématique ouverte aujourd’hui bien reconnaissable).
– Le Kangourou français a fait des émules en Europe. Quels sont les liens entre tous ces « Kangourous » ?
À partir de 1993, nous avons invité quelques amis européens à se joindre à nous. Et, en 1995, est née l’association «Kangourou Sans Frontières» qui regroupe maintenant 33 pays : presque toute l’Europe et quelques pays sud-américains.
Nous nous réunissons chaque année en novembre (dans un pays différent depuis 1995) pour choisir les questions des cinq sujets qui seront les mêmes (à quelques questions près) dans tous nos pays. C’est un grand moment de convivialité, de partage d’expérience et de travail en commun, qui aura lieu cette année à Paris, avec une ouverture à l’Hôtel de Ville de Paris, le parrainage du ministère de la Recherche et de la Présidence de l’Académie des Sciences et, certainement, sous la patronage du Ministre de l’Éducation.
Évidemment, des publications, brochures, affiches et autres matériels sont échangés et traduits entre nous ; et, surtout, des centaines de lauréats gagnent des séjours-rencontres dans nos différents pays, assurant ainsi la réalité d’une Europe où les jeunes font, ensemble, connaissance réciproque.
– Cette année, combien d’élèves concourent en France, en Europe ? Ces chiffres évoluent-ils par rapport aux autre années ?
430 000 en France et 2 900 000 en Europe. Avec une stabilisation en France depuis trois ou quatre ans et une augmentation régulière dans les pays qui nous rejoignent.
– Il existe plusieurs concours de mathématiques en France, et dans le monde. Quelles sont les spécificités du « Kangourou » ?
C’est une manifestation « populaire », liée à l’idée d’une grande fête et assortie d’une distribution massive de documentation attrayante de mathématiques sérieuses…
– L’enseignement des mathématiques a connu, ces derniers temps, un « déficit d’image » qui s’est traduit par une baisse du nombre d’étudiants scientifiques dans les Universités. Pensez-vous que le « Kangourou » puisse contribuer à « redorer le blason » des mathématiques chez les jeunes, et, plus généralement, dans l’opinion ?
Un peu, bien sûr, sinon nous ne nous serions pas lancé dans une telle aventure. Mais il y a du travail et chaque prof doit y consacrer son énergie et son enthousiasme.
– Les élèves paient un droit d’inscription pour participer au « Kangourou ». Comment cet argent est-il utilisé ?
À assurer l’existence de l’ensemble sans l’aide d’aucun sponsor ou soutien public ou privé.
Plus précisément, près de 50% du budget est consacré à la fabrication de la documentation distribuée et des prix (brochures pour tous, livres, cédéroms, puzzles, voyages,…. : cf. le site www.mathkang.org pour les détails) ; 15% sont dépensés en frais postaux, 5 à 10% servent à soutenir ou entreprendre des actions pour l’enseignement de mathématiques qui nous tiennent à coeur, et 25 à 30% sont pour l’administration, la logistique, et l’organisation.
Notre idée a toujours été de faire ce que nous pouvions, en laissant chacun libre de choisir ce à quoi il veut dépenser son argent en sachant exactement ce qu’il achéte.
– Dans les années à venir, pensez-vous faire évoluer le « Kangourou » ?
Nous évoluons toujours un peu chaque année, en interrogeant les profs et les élèves et en profitant de l’expérience des autres pays. Nous continuerons à le faire…
André Deledicq, merci.