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Forum 2010 > Catégories
Henri Emmanuelli à l’ouverture du Forum :  On peut changer l'Ecole sans la détruire !
 

 

Quelle solution préconiseriez-vous en priorité pour l’éducation ?

 

H.E. : Le principal reproche actuellement porte sur le nombre d’élèves qui sortent  sans diplôme du système éducatif. Pour y remédier, il faut sans doute changer les méthodes pédagogiques. Mais ce n’est pas en augmentant les effectifs de classe qu’on va résoudre cela. Je suis très admiratif des systèmes nordiques, où l’enfant reste dans la même école  du primaire à l’équivalent de brevet.  L’enfant ne quitte pas l’établissement où il est connu, entouré, sans changer ses repères, avec évidemment une évolution des méthodes au fur et à mesure.  Chez nous, ça supposerait des changements monumentaux !  

 

Les chefs d’établissements s’inquiètent de la déshérence des lycées les plus défavorisés avec l’assouplissement de la carte scolaire ; qu’en pensez-vous  ?

 

HE : En ville, on voit les dégâts, avec des collèges de plus en plus élitistes. C’est vrai que le problème  existait déjà avant; mais une maladie, ça se soigne, on n’est pas forcé de  tuer le malade. J’étais en banlieue récemment, il est évident que dans certaines écoles, il n’y aura bientôt plus un seul enfant qui ne soit pas issu de l’immigration. Cela crée des ghettos incroyables. En faisant cela  – et c’est Xavier Darcos qui a voulu cela, en connaissance de cause, car c’est un enseignant  – l’idée est  de ne plus avoir un grand service public  d’éducation, mais une offre privée. Ce sera difficile de revenir en arrière. Il faudra sans doute créer des incitations pour certains établissements ; mais il faudra aussi revenir à des mesures plus fermes, plus contraignantes. Comment voulez-vous, par exemple,  qu’on  organiser les transports scolaires gratuits à l’échelle locale, sans carte scolaire, sans savoir comment se répartit la population scolaire ?

 

 Et favoriser la mixité sociale dans les quartiers ?

 

H.E. : On peut en parler, bien sûr,  en théorie, mais pour trouver des parents qui l’acceptent, ce n’est pas évident ! Il faudrait déjà qu’ils soient convaincus que l’école est bonne, qu’ils ne prennent pas de risques pour leurs enfants.  Par contre, on peut différencier l’enseignement : il faudrait peut-être cesser de vouloir donner à tout le monde la même « gelée royale »,  mettre tout le monde dans le même groupe de niveau. Il faut différencier, comme en langue, les niveaux d’enseignement pour permettre aux plus faibles de devenir bons, peut-être simplement avec plus d’heures de travail.

 

 

Jeanne-Claire Fumet