Le ministre
Téléphone portable et écrans : Un ministre bien incertain…
Discours après discours, le ministre de l’éducation précise sa vision sur le téléphone portable. Les arguments sont en cours d’affutage : discernement en juillet, dispersion en octobre, écrans dangereux en décembre et « confinement » possible. Bref un ensemble d’arguments qui visent à justifier l’interdiction du téléphone portable. Cependant quelques nuances doivent être entendues dans le propos. Le ministre évoque explicitement (voir ci-dessous les verbatims) le besoin du téléphone portable pour des usages pédagogiques. En cela il montre bien qu’il différencie, pour l’instant les usages téléphoniques (au sens de l’article 511.5 du code de l’éducation) des autres usages. De plus il évoque le problème de santé des enfants de moins de sept ans face aux écrans, irait-on alors vers une interdiction de tous les écrans avant le CE1 ? Enfin il oublie les raisons initiales de l’interdiction portée dans la loi qui est aussi une raison de santé liée aux ondes radio électriques.
Blanquer : mérite, uniforme et tradition
Quand Marine Le Pen estime que JM Blanquer applique son programme, le ministre parle de récupération. Mais le 10 décembre sur RTL, JM Blanquer a largement pioché dans la banque d’idées des traditionalistes. Promettant des primes au mérite pour les enseignants et des uniformes pour les élèves, prêchant pour une laïcité moins ouverte, l’interdiction des portables et le recadrage des enseignants, le ministre a donné satisfaction à la frange conservatrice de l’opinion publique et envoyé des signaux aux enseignants. Pour quelle efficacité pour l’Ecole ?
Blanquer et la liberté pédagogique
JM Blanquer le cache de moins en moins. Il va donner des instructions précises sur la pédagogie de la lecture et des maths. C’est ce qu’il rappelle dans un entretien donné au Monde le 13 décembre. » Sur les deux sujets du français et des mathématiques dans les toutes premières années de l’école primaire, on doit être un peu directif, pour que les enfants ne passent pas à côté de ce qui est bon pour eux. » Outre la labellisation des « bons » manuels et de fait la quasi interdiction des autres qui serait faite par un conseil scientifique nommé par le ministre , le ministre a déjà initié des formation pour les inspecteurs qui les invitent à recadrer les enseignants. JM Blanquer s’engage dans la voie prise en 2006 par celui dont il était chef de cabinet : G de Robien.
Le CSE vote contre le retour du redoublement
Elément clé de la stratégie de communication de JM Blanquer, le redoublement fait l’objet d’un projet de décret étudié le 14 décembre en conseil supérieur de l’éducation (CSE). Le CSE a voté à une large majorité contre le texte ministériel, fracturant d’une façon inattendue le front syndical.
Collectivités
Régionalisation et inégalités territoriales
La décentralisation a-t-elle augmenté les inégalités territoriales ? Instinctivement on pourrait penser que oui. Mais la thèse de Claire Duuy (La régionalisation sans les inégalités) montre, à travers les exemples de la France et de l’Allemagne, que ce n’est pas le cas. Malgré la grande différence de statut, les régions des deux pays ont évolué vers des politiques de plus en plus similaires entre régions. Tout juste sorti des presses, l’ouvrage est déjà bien repéré par les partisans de l’autonomie la plus large et de la mort du « mammouth ». Pourtant ce n’est pas par hasard si les politiques régionales se sont rapprochées. Et il reste à voir si les circonstances sont maintenant les mêmes ou si le vent tourne…
Cantines : On ne peut pas supprimer le menu de substitution par idéologie
» Le tribunal a relevé qu’une contrainte technique ou financière pouvait certes légalement motiver une adaptation du service public de la restauration scolaire telle que la suppression des repas de substitution, mais qu’en l’espèce, la décision attaquée, qui se fondait sur une position de principe se référant à une conception de la laïcité, n’était pas, de ce fait, motivée par l’existence d’une telle contrainte ». La lettre mensuelle de la Direction des affaires juridiques du ministère rend compte d’un arrêt du tribunal administratif de Dijon qui casse une décision de suppression du menu de substitution au motif qu’il n’est décidé que pour des raisons idéologiques. » Une attention primordiale à l’intérêt supérieur de l’enfant doit être accordée par l’auteur de la décision qui met fin à la pratique en vigueur du menu de substitution, dans la mesure où cette décision affecte de manière suffisamment directe et certaine la situation des enfants fréquentant la cantine scolaire. »
L’élève
Accès au supérieur : Des attendus en forme de piège
Frédérique Vidal a publié le 12 décembre les « attendus » qui, dès cette année, ouvriront ou fermeront les portes de l’enseignement supérieur. Bien loin de « redonner du pouvoir de décision à chaque étudiant », comme dit la ministre, les attendus sont rédigés dans des formules souvent imprécises qui laissent aux universités un vaste champ d’appréciation. Bien loin de « réaliser la promesse du progrès individuel », certains attendus semblent n’être là que pour adapter les flux aux places existantes. Le résultat final c’est que enseignants et lycéens sont piégés. Les enseignants ne pourront utiliser ces critères que de façon subjective avec tous les risques que cela sous entend. Mais c’est pire pour les lycéens qui se sont engagés dans des filières et qui voient les règles du jeu changer au bout du parcours et les portes claquer à leur nez.
Métier enseignant
Drogue et alcool à l’école : Les réponses de l’Autonome
« Un élève de collège m’est adressé à l’infirmerie pour attitude « bizarre ».Son attitude m’oriente vers une alcoolisation. Lors de l’entretien son haleine exhale l’alcool ce que je lui fait remarquer et il m’avoue avoir bu au domicile de sa famille… Mes questions sont les suivantes : -1- un alcootest peut-il être effectué au sein d’un EPLE ? -2-Doit-on faire un signalement pour information préoccupante suite à cet état d’ivresse et si oui à qui l’adresser ? » Des infirmières, mais aussi des chefs d’établissement, des enseignants : le tchat en direct organisé par l’Autonome de solidarité le 13 décembre atteste que l’alcool et la drogue sont encore des problèmes dans les établissements et que les personnels se sentent démunis. Vincent Bouba et le bâtonnier Francis Lec ont apporté des réponses précises. Dans ce cas précis « aucun texte législatif ou réglementaire n’autorise un dépistage, individuel ou collectif par un personnel de l’Education nationale. Dès lors, en présence d’un élève manifestement en état d’ébriété ou présentant des signes de cette nature, le chef d’établissement n’est pas compétent pour procéder, ou faire procéder par un personnel de l’établissement, à un contrôle d’alcoolémie. Cependant, il lui appartient de prendre des mesures nécessaires afin d’assurer une prise en charge médicale adéquate de l’élève. Celui-ci devra, par exemple, être confié au service médical de l’établissement jusqu’à ce qu’il soit pris en charge par les services de secours si besoin, ou jusqu’à ce que ses parents aient été prévenus et qu’ils soient venus le chercher s’il est mineur ». Le signalement est recommandé.
Décrochage : Le Cnesco plaide pour la continuité
« C’est la continuité dans le temps des politiques scolaires qui produit des effets ». La preuve, Nathalie Mons, présidente du Cnesco, la livre avec les analyses de la conférence de comparaisons internationales organisée par le Cnesco et le Ciep. Au terme d’une étude poussée des facteurs et des politiques de décrochage, le Cnesco montre la réussite de la France qui a su faire baisser nettement le volume du décrochage et le ramener en dessous de la moyenne européenne. L’autre enseignement de la conférence c’est qu’il vaut mieux prévenir qu’intervenir après le décrochage. Là il reste encore beaucoup à faire…
PPCR : Le gouvernement s’engage sur le report
Le conseil des ministres du 13 décembre a étudié un projet de décret portant report des mesures de revalorisation du PPCR. » Le Gouvernement a néanmoins confirmé son engagement à mettre en œuvre l’intégralité du protocole PPCR sur la durée du mandat. Afin de concilier cet engagement avec la trajectoire de redressement des finances publiques, un décalage de douze mois du protocole a été décidé. L’intégralité du protocole sera ainsi mise en œuvre à horizon 2021″, précise le compte rendu du Conseil.
Les professeurs de chaire supérieure revalorisés en 2018
Le blocage salarial ne sera pas appliqué aux professeurs de chaire supérieure. Un décret publié au JO du 10 décembre publie une grille indiciaire revalorisée avec deux augmentations en 2018 et une récupération sur 2017.
Numérique
Bruno Devauchelle : Les écrans, les petits et les grands…
En faisant de sa une le dossier principal sous le titre « Enfants, trop d’écrans trop tôt ? » le journal Télérama du 29/11/2017 reprend en écho, type marronnier, ce que le journal le Monde avait déjà publié, d’ailleurs en se basant en partie sur les mêmes personnes… A l’approche des fêtes de fin d’année le titre a une visée bien précise : les parents qui offrent des cadeaux à leurs enfants, afin de les inviter à ne pas offrir des écrans. Mais le contenu de l’article va bien au-delà et interroge aussi indirectement le monde scolaire.
Bruno Devauchelle : Scénarisation pédagogique et numérique
Le terme de scénario est habituellement connu par le cinéma et plus largement l’audiovisuel, milieux professionnels dans lesquels il définit même un métier et un objet. Les expressions de « préparation de cours », ou encore de « fiche pédagogique » ou même de « progression », de « séquence pédagogique » sont les termes habituellement employés dans le monde de l’enseignement. Depuis plusieurs années, le développement de logiciels d’enseignement sur ordinateur et de l’enseignement à distance avec des moyens numériques a amené à reconsidérer les termes employés et indirectement à introduire le terme de scénario ou celui de scénarisation dans l’enseignement. Désormais ce terme est devenu apparemment courant, comme on peut le penser en lisant le site de Canope ou encore le site du ministère de l’éducation qui proposent des scénarios pédagogiques de séances et de séquences.