Entre 2014 et 2015, les salaires des enseignants déjà en poste en 2014 ont augmenté de 3.8% annonce la Depp (division des études du ministère) Mais cette moyenne ne représente ni la médiane , ni la réalité perçue par la majorité des enseignants. Publiée alors que le ministre rêve d’une rémunération au mérite, l’étude met en avant les inégalités existantes dans la paye des enseignants.
De fortes inégalités de revenu
Si je vous dis que les enseignants gagnent en moyenne 2 360 € nets, j’entends d’ici les protestations ! Pourtant le calcul réalisé par la Depp est imparable. Mais la moyenne est loin de refléter la situation vécue par la majorité des enseignants.
L’étude de la Depp met surtout en avant les fortes inégalités existant entre enseignants malgré tous les efforts réalisés pour rapprocher les corps, par exemple entre certifiés et professeurs des écoles (PE).
D’après la Depp le salaire net mensuel en 2015 d’un professeur des écoles s’est établi à 2 163 € contre 2504 € pour un certifié et 3 536 pour les agrégés et professeurs de chaire supérieure (réunis en un seul ensemble pour épargner ces derniers). La rémunération moyenne des contractuels s’établit à 1612 €.
Les écarts entre PE et certifiés tiennent d’abord à l’ISAE encore fixée à 400 € en 2016 quand l’ISOE des certifiés est à 1200 €. L’écart tient aussi aux heures supplémentaires , fréquentes dans le second degré mais absentes dans le premier. Enfin la part des professeurs du privé est plus forte dans le premier degré. Or leur salaire net est plus faible du faut de taux de cotisations sociales plus élevés (régime général). Au final quand 90% des agrégés gagnent plus de 2500 euros nets par mois, 80% des PE gagnent moins que cette somme repère.
Des évolutions divergentes
La Depp montre aussi de fortes inégalités dans l’évolution du salaire net entre 2014 et 2015. Alors que le point fonction publique est gelé , les enseignants ont connu une hausse de 3.8% en euros en 2015.
Mais cette hausse moyenne ne correspond ni à la médiane, ni à la situation vécue par la majorité des enseignants. Ainsi pour les enseignants n’ayant connu ni changement d’indice ni changement de rythme de travail, la hausse moyenne est de +0.5% alors que la médiane est égale à -0.1%, soit une nette baisse de pouvoir d’achat (compte tenu de l’inflation). Pour les enseignants qui ont changé de rythme de travail, la moyenne est de +6.1% mais la médiane est de -0.9%.
Si en moyenne les enseignants ont vu leur rémunération augmenter en 2015, en fait la moitié a vu son revenu réel diminuer, soit que le revenu net ait baissé soit qu’il ait stagné.
Ces données ne comparent pas avec les autres pays européens ou les autres métiers. Elles sont publiées pour montrer les inégalités de rémunération alors que le ministre annonce sa volonté d’installer la paye au mérite. Mais il ne faut pas s’y tromper : ce système augmenterait davantage les inégalités et achèverait la prolétarisation des enseignants.
François Jarraud