« J’ai pris du plaisir à enseigner et à avoir de réels échanges avec les élèves ». Professeure au collège M Genevoix de Chateauneuf-sur-Charente, un petit bourg situé au milieu des vignes du Cognac, Lydia Combeaud-Lunel participe à un dispositif pédagogique qui engage toutes les classes de 3èmes. Pour sa part, elle a monté un projet pédagogique particulièrement bien pensé qui engage intellectuellement les élèves et entretient le plaisir d’apprendre.
« Combat » pour les élèves
« Nos élèves sont sympathiques mais sortent peu de leur campagne », explique L Combeaud-Lunel. Cela se traduit par un manque d’ambition à la fin du collège, un décrochage discret qui amène beaucoup d’enfants à demander le lycée professionnel du secteur.
Une situation qui fait réagir le collège qui s’est engagé dans la mise en place de « Combat », un dispositif interdisciplinaire qui veut « offrir un meilleur bagage pour l’après troisième ». « C’est une heure d’interdisciplinaire en plus de l’horaire normal chaque semaine », précise Lydia Combeaud-Lunel… Les classes sont mises en barrettes et travaillent en demi groupe sur un thème commun à dominante scientifique ou littéraire.
« Les élèves ont changé »
En apparence rien que du classique. Lydia Combeaud-Lunel fait travailler ses élèves sur un espace de production local, la centrale nucléaire du Blayais. Les élèves travaillent en groupe en s’appuyant sur des outils numérique.
En réalité ce travail est un trésor de réflexion pédagogique qui réussit à la fois à vaincre la passivité scolaire et à engager intellectuellement les élèves.
« Les élèves ont changé », explique-t-elle. « Il s’ennuient dans les cours normaux. Ils ne s’engagent pas dans le travail. Et par ailleurs le numérique fait parte de leur vie ». En réaction, dans Combat, elle propose « d’apprendre en faisant » c’est à dire d’apprendre vraiment.
Accent sur la synthèse
La première bonne idée c’est l’utilisation d’un padlet comme support documentaire pour son groupe équipé de tablettes. « Les élèves s’ennuient avec les textes. Le padlet permet de varier les documents qui peuvent être aussi bien textuels que vidéo ou sonores. Cela varie les supports ».
Seconde bonne idée, chaque groupe réalise une bande dessinées en utilisant le site Paxton. « Il a un coté ludique qui fascine les élèves. Ils mettent du temps à habiller leurs personnages par exemple », explique Lydia Combeaud-Lunel. « Mais il les oblige surtout à synthétiser leur travail ». Chaque groupe doit sur une demi page de BD mettre en avant les résultats de ses recherches. Cette trouvaille s’avère très efficace.
La volonté synthétique se retrouve aussi dans un débat final qui fait appel aux fondamentaux de la géographie. Pour Lydia Combeaud-Lunel il s’agit de travailler d’abord l’expression orale, une compétence peu utilisée en classe.
Découvrir la complexité des échelles et des acteurs
Mais les élèves sont répartis en groupes chacun ayant un rôle à défendre. Il y a là le préfet, le maire, un représentant de l’Europe, d’associations. Ainsi Lydia Combeaud-Lunel brasse les échelles géographiques. La question de la centrale ne se pose pas dans les mêmes termes au niveau local , national ou européen.
Elle met en avant les acteurs de l’aménagement. Là aussi les pouvoirs et les intérêts s’opposent entre représentants d’associations, élus locaux, fonctionnaires.
« Ce débat qui synthétise le travail de groupe aiguise leur esprit critique », remarque Lydia Combeaud-Lunel. « Ils découvrent la complexité des acteurs. Au final, je prends du plaisir à enseigner. Et on questionne davantage les élèves que dans un cours ordinaire ». Dernier avantage : une partie du programme est traite sur cette heure. Et sans doute mieux traitée.
François Jarraud
Les autres travaux de L Combeaud Lunel
Notamment Carnet d’un chevalier (qui mériterait lui aussi un article !)