LE FAIT DU JOUR
L’enseignement supérieur discrimine-t-il les Arabes ?
ÉDITORIAL
Ecole ouverte : le temps de l’autonomie
LE SYSTÈME
Le Snes souligne ses désaccord avec Darcos l Université : le texte gouvernemental l La paix passe par les manuels scolaires l Sénégal : la difficile scolarisation des filles
L’ÉLÈVE
En 6ème et dopé l Handicap : Une pétition pour une législation européenne
LA CLASSE
Le bac vu de Copenhague
LA RECHERCHE
Sorties sans diplôme et inadéquation scolaire
CITOYENNETE
Arrêt sur images définitif
LES DISCIPLINES
Anglais : spécial jeux l Histoire :Histoire @ Politique
Le fait du jour
L’enseignement supérieur discrimine-t-il les Arabes ?
Le fait d’avoir un prénom arabe ou musulman a-t-il des effets discriminants ? Une étude de l’Ores (Observatoire régional des études supérieures) de Lille s’est penchée sur cette question. Elle a étudié précisément le devenir de ces jeunes dans l’enseignement supérieur de la région.
« L’étude prouve que porter un prénom d’origine arabe ou musulmane a bien des effets discriminants sur l’orientation et la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur. Toutefois, ces effets s’associent à ceux produits par d’autres caractéristiques attachées à cette population spécifique d’étudiants : la série de baccalauréat, la précocité au baccalauréat, l’origine sociale et le sexe. S’ils n’ont pas les mêmes chances d’accéder aux mêmes filières de l’enseignement supérieur que les autres, ni d’y réussir, c’est aussi qu’ils sont, moins bien lotis que les autres, tant socialement que scolairement ».
L’étude illustre cette conclusion d’un exemple. « Quand on tient compte simultanément de toutes les variables peut-on observer que l’orientation dans l’enseignement supérieur de la région Nord – Pas de Calais des nouveaux bacheliers 2004 ne dépend pas prioritairement du prénom porté. C’est plutôt leur proximité avec les bacs professionnels (eux-mêmes associés aux origines sociales modestes et au fait d’être “en retard” au baccalauréat) qui “tire” les étudiants porteurs d’un prénom arabe ou musulman vers certaines orientations (en particulier DEG – AES). Néanmoins, si on examine isolément l’effet de chacune des variables considérées sur l’orientation, le prénom apparaît de manière très significative comme celle qui produit les discriminations les plus fortes. Porter un prénom arabe ou musulman plutôt qu’un autre favorise l’inscription dans toutes les filières universitaires sauf en Sciences. Dans les filières sélectives, le fait de porter un prénom arabe ou musulman n’a quasiment pas d’influence (toutes choses égales par ailleurs) sur celui de s’inscrire en IUT ou en CPGE (plutôt que de ne pas s’y inscrire) ; par contre, il réduit considérablement les chances de s’inscrire en STS ».
C’est que la discrimination est visible en amont de l’université. Les étudiants portant un prénom musulman sont plus âgés (la proportion de plus de 20 ans est doublée), leur origine sociale est plus modeste (ils sont deux fois plus nombreux à avoir un père ouvrier ou employé) , ils ont deux fois moins de chance d’avoir une mention au bac. Ils sont aussi 3 fois plus nombreux dans les bacs professionnels.
Sur le Café : article de G. Felouzis
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Ecole ouverte : Le temps de l’autonomie
Avec l’été, voici venu le temps des vacances, et paradoxalement des Ecoles ouvertes…
L’Ecole ouverte, est née il y a quinze ans d’un mince point de départ : ouvrir les collèges et les lycées pendant les vacances scolaires, pour accueillir des enfants et des jeunes qui ne partent pas ou peu en vacances. Ainsi cette opération interministérielle ne s’est-elle pas mise en place facilement :
– Des enseignants avaient beaucoup de réticences. Ils craignaient que le collège ne devienne un grand centre aéré, qu’il y ait un brouillage de repères, qu’on se trompe sur les missions de l’école. Ce regard critique au départ n’empêche pas certains d’entre eux de s’investir aujourd’hui de façon remarquable dans cette action.
– Du côté des mouvements d’éducation populaire et des associations complémentaires de l’école par ailleurs souvent engagées dans l’organisation de centre de loisirs et de vacances, le fait de construire durant les vacances scolaires un projet d’enrichissement culturel et d’accompagnement éducatif des enfants dans les murs de l’école, n’allait pas de soi non plus. C’est pourtant au côté d’autres démarches éducatives un véritable travail public et militant.
– Enfin, si les textes fondateurs et les appels à projets annuels rappellent qu’école ouverte s’adresse d’abord aux élèves les plus en difficulté ou en voie de marginalisation, ne pas se cantonner à ce seul public, constitue un atout supplémentaire dans l’objectif d’une plus grande mixité ou mobilité sociale.
Concrètement, durant l’été la plupart des établissements ouvrent deux semaines, début juillet puis fin août. Ici, un travail sur les marionnettes avec une compagnie théâtrale permet d’aborder le scénario, la construction du castelet, avec des visites au musée. Là, un atelier carrosserie, avec la réalisation d’un kayak en matériaux composites, mobilise tout à la fois des élèves de CM2 et de 6ème, les seconds servant de boussoles aux premiers lors des premiers jours de la rentrée prochaine. En effet si on observe une fréquentation plus marquée de jeunes collégiens de 6ème et de 5ème, les plus âgés prenant davantage de distance avec le collège, les établissements inscrits dans l’opération font une place aux élèves du premier degré.
De leur côté, les associations éducatives, sportives ou culturelles, ne doivent pas simplement constituer des prestataires d’activités ludiques, mais bien davantage participer d’une mobilisation des ressources éducatives locales contribuant à une ouverture de l’Ecole sur son territoire.
En somme, Ecoles ouvertes, c’est un temps adapté pour permettre :
– aux enseignants, aux enfants et ou jeunes, aux partenaires de mettre en place des projets communs ;
– aux enfants et aux jeunes de conduire des projets autonomes dans un cadre collectif et / ou associatif, en prenant des responsabilités,
– aux enseignants, la mise en œuvre d’une pédagogie coopérative et d’assurer l’ensemble de leurs tâches d’accompagnement qui ne se limitent pas aux seules heures de cours.
Enfin, cette opération est peut-être une des réponses les plus fortes à ces stages intensifs de préparation de la rentrée scolaire, déguisés en séjour de vacances, et qui n’en finissent plus d’anticiper les contenus abordés à l’Ecole.
Damien Raymond
Ligue de l’Enseignement
Retrouvez tous les mercredis la tribune de la Ligue de l’Enseignement
Le Snes souligne ses désaccords avec Darcos
« Si les conditions de dialogue nous semblent meilleures que celles rencontrées sous le précédent gouvernement, des désaccords importants ont été mis en lumière et l’importante diminution du nombre d’emplois qui semble se profiler pour la rentrée 2008 risque d’hypothéquer toute possibilité d’amélioration des conditions de travail des personnels et d’enseignement des élèves ». A l’issue de sa rencontre avec le ministre de l’éducation nationale, le Snes souligne les désaccord avec sa politique.
Ainsi si le ministre « a reconnu les carences de l’Education nationale sur d’autres dossiers : formation continue des personnels, aménagement des fins de carrière… il a affirmé fortement son adhésion à la logique gouvernementale de réduction du nombre de fonctionnaires et laissé présager des arbitrages difficiles pour le budget 2008 de l’Education nationale ».
Sur le Café : Portrait d’un ministre
Université : Le texte gouvernemental
« L’université se trouve aujourd’hui confrontée à des défis pressants. La mondialisation et la concurrence accrue des systèmes éducatifs, d’une part. La nécessité d’élever le niveau d’éducation de nos enfants, d’autre part. L’enjeu est clair. Nous sommes entrés dans l’ère de l’économie de la connaissance et de la société de l’innovation. La règle est connue : la compétition mondiale dessine la carte des pôles d’excellence scientifique. Pour relever ces défis, l’université doit avancer sur ses deux pieds : elle doit rester le creuset d’une recherche innovante et d’une formation qualifiante. Mon ambition est de replacer l’université au cœur de l’ambition nationale ». La formulation n’est pas originale. Mais c’est en ces termes que la ministre de l’enseignement supérieur présente le projet gouvernemental de réforme des universités.
Projet de texte portant organisation de la nouvelle université
Présentation du texte par la ministre
La paix passe par les manuels scolaires
« Penser et construire la paix par une conception novatrice des manuels scolaires » est le titre d’une réunion d’experts en provenance de l’Europe et des Etats arabes qui a lieu au Siège de l’UNESCO les 14 et 15 juin.
Le but est d’élaborer des lignes directrices visant à promouvoir la paix et la compréhension interculturelle à travers les programmes d’études, les manuels scolaires et les médias d’apprentissage dans le cadre du Programme de coopération UNESCO-ISESCO.
Comment on raconte l’histoire aux enfants
Darcos appelle les éditeurs à la vigilance (2004)
Sénégal : La difficile scolarisation des filles
« Des filles ont abandonné l’école pour cause de problèmes de sanitaires inadaptés ou totalement inexistants ». A M’Bour, au Sénégal, raconte Sud Quotidien, la parité n’est pas encore en place à l’école. Parmi les motifs, outre les difficultés infrastructurelles, « des faits quotidiens qui les empêchent de suivre les enseignements. Parfois certaines fillettes croulent sous le poids des travaux domestiques ou la garde de leurs petits frères et soeurs. En plus, elles n’ont pas assez de femmes leaders auxquelles se référer, des modèles pouvant constituer des exemples à suivre ». D’autres facteurs jouent encore, comme les mariages précoces.
En 6ème et dopé
Selon Le Monde, qui rend compte d’une étude parue dans le British Journal of Sports Medecine, le dopage sportif toucherait 1 à 3% des collégiens. Les produits les plus utilisés seraient le Salbutamol ainsi que des anabolisants.
Handicap : Une pétition pour une législation européenne
« Je signe pour une Union européenne dans laquelle les droits des personnes handicapées sont protégés grâce à une législation réelle luttant contre toute forme de discrimination et garantissant la totale intégration de plus de 50 millions de citoyens handicapés au sein de la société européenne ». La pétition pour les droits des personnes handicapées dépasse maintenant 140 000 signatures.
Au même moment, l’Apajh (Associations Pour Adultes et Jeunes Handicapés) déplore « l’absence d’un secrétariat d’Etat consacré aux personnes en situation de handicap dans la composition du nouveau gouvernement ».
La classe
Le bac vu de Copenhague
« Au Danemark, on ne valorise pas l’apprentissage par cœur. C’est la 1ère chose que ceux qui arrivent adoptent des « moeurs locales ». Mais les élèves sont intelligents et cultivés. Et le bac n’est pas une fin en soi ». Le bac français se passe aussi en Europe du Nord. Maryline Limonier enseigne au lycée français de Copenhague. Elle corrige des copies venues de Stockholm et d’Oslo.
Car l’organisation de l’épreuve brasse les nationalités et ignore les frontières compte tenu du faible nombre de candidats : 24 pour son jury. « Copenhague est le centre de la zone scandinave. Les écrits ont eu lieu aux mêmes dates que la France. Les sujets sont ceux de toute la zone centre, Nord de l’Europe et de certains pays d’Afrique. Certains de mes collègues sont partis corriger et interroger à Varsovie, Vienne et Berlin ».
Pourtant le bac français n’attire pas que les enfants des français expatriés. Seulement un quart des candidats sont dans ce cas. L’école française attire des familles de diplomates francophones ou pas et des Danois. « L’école française a bonne réputation au Danemark. Dans l’esprit des parents danois, c’est une bonne école de rigueur. Dans les écoles danoises, les études sont beaucoup plus libres. Les élèves choisissent leurs enseignements. Ils travaillent essentiellement en groupe ». Toutes choses dont le système français n’abuse pas…
Dernière particularité du bac en Europe du Nord : la solitude des correcteurs. » Pour la correction la différence c’est surtout l’absence de concertation, d’harmonisation. Une feuille de correction m’a été donnée avec les copies. Mais je ne peux avoir aucun dialogue avec un collègue ».
La recherche
Sorties sans diplôme et inadéquation scolaire
« D’après l’enquête « Génération 2001 » menée par le Céreq (2005) sur un échantillon de 10 000 jeunes qui ont quitté le système éducatif en 2001, 18 % d’entre eux sont sortis sans aucun diplôme et 45 % avec seulement un diplôme du secondaire. Ces chiffres qui se répètent dans d’autres pays de l’OCDE traduisent un phénomène préoccupant pour les chercheurs et les politiques. Et cependant, comment demander à ces jeunes de poursuivre leurs études, comment leur expliquer que les diplômes ont de l’importance quand à la fin du cycle de formation, l’emploi n’est pas au rendez-vous ? » Rédigée par Marie Gaussel, la Lettre VST du mois de juin analyse les sorties sans qualification du système éducatif et met en relation le problème du décrochage et de la valeur des diplômes.
C’est que le problème se pose partout y compris en France. « Selon les critères de référence de la stratégie de Lisbonne, 17% des jeunes âgés de 20 à 24 ans sont trop faiblement formés en France. Cette proportion continue cependant de diminuer : elle était de 23 % en 1996 et de plus de 30 % à la fin des années soixante-dix ».
C’est pire dans le supérieur. « Plus de 80 000 jeunes sortent chaque année de l’enseignement supérieur sans avoir obtenu de diplôme… Dans les pays de l’OCDE ayant des données comparables, en moyenne 32 % des jeunes en âge d’obtenir un diplôme tertiaire terminent avec succès une formation de type A (licence, maîtrise, diplôme d’ingénieur, etc.), alors que cette proportion atteint 40 % en Australie, en Finlande, en Islande et en Pologne, mais ne dépasse pas 20 % en Allemagne, en Autriche et en République tchèque. En France, ce taux est de 26,7 %. Pour les diplômes de type B (DUT, BTS, diplôme paramédical ou social, etc.), on observe une moyenne de 18,6 % pour la France, l’Espagne, l’Irlande, le Japon, le Royaume-Uni et la Suisse alors que la moyenne de l’ensemble des pays de l’OCDE n’est que de 9,3%. »
Ces échecs sont liés aux inégalités sociales. Mais d’autres facteurs jouent également dans le décrochage. La Lettre présente la littérature scientifique française et internationale. Elle aborde la question des dispositifs de prévention et de l’inflation scolaire.
Sur le Café : Décrochage Que faire ?
Sur le Café : Dossier inflation scolaire
citoyennete
Arrêt sur images définitif
« Au fond, la question n’est pas : pourquoi s’arrête Arrêt sur images ? La question est : pourquoi ne s’arrête-t-elle que maintenant ? Comment avons-nous fait, pour tenir douze ans ? Si je touchais à l’émission, j’aurais l’impression d’être liberticide », nous disait, souriant et un peu étonné lui-même de cette drôle d’impression, Jean Mino, qui fut le premier directeur des programmes de la chaine, à sa création. Puis, vinrent d’autres hommes, qu’effleura sans doute la même impression. Jusqu’au quatuor actuel. A-t-il décidé seul ? A-t-il entendu des suggestions ? Je n’en sais rien. Peut-être, seulement, aura-t-il été enhardi par la tendance de la saison, à la décomplexion ». Daniel Schneidermann commente sur son blog la décision prise par France 5 d’arrêter son émission Arrêt sur images (ASI).
ASI s’était imposée comme une émission de référence pour tous ceux qui souhaitent comprendre et analyser le travail des médias français. C’est dire qu’elle pouvait déranger et que la suspicion règne sur les motifs de cette décision. Car cet arrêt ne peut bénéficier qu’aux pouvoirs.
Une pétition est lancée pour obtenir le retour de l’émission.
Anglais : Spécial Jeux
Christine Reymond propose dans le Café 84 une sélection de jeux éducatifs en ligne pour élèves de primaire et de collège, classés par ordre de complexité linguistique, du plus facile pour des débutants, à des jeux plus complexes pour des élèves de quatrième minimum. De quoi terminer l’année agréablement.
Histoire : Histoire @ Politique
« Nous ne prétendons pas ici détenir toutes les clés du métabolisme des sociétés humaines mais nous souhaitons, plus prosaïquement, apporter notre écot à cette activité modeste, inlassable et sans cesse remise sur le métier qu’est l’exhumation d’un passé aboli et la tentative pour lui donner un sens ». Jean-François Sirinelli présente en ces termes la nouvelle revue historique et électronique de Sciences Po : Histoire@Politique. Autour de JF. Sirinelli, on trouve au comité de rédaction Christine Bard, Pascal Cauchy, Laurent Wirth, Sébastien Laurent, Anne Dupuy etc.
On ne s’étonnera donc pas que ce premier numéro offre un dossier sur « les femmes et le pouvoir ». « Elles sont rares et discrètes dans l’histoire et la mémoire nationales. Qui connaît le nom des premières femmes au Gouvernement, ou de la première femme ministre ? Quant à Edith Cresson, première Premier ministre (mai 1991-avril 1992) qui souleva pendant une quinzaine de jours un enthousiasme fou, son passage à Matignon ne laisse pas de trace majeure dans l’histoire. Une exception : Simone Veil, ministre de la Santé dont le nom est associé à une loi marquante pour les droits des femmes, qui fut la première présidente du Parlement européen et bénéficia d’une popularité exceptionnelle » écrit C. Bard.
Elle analyse la lente féminisation des gouvernements en Europe, l’invisibilité historique des femmes de gouvernement.
Sur le Café : Le CES veut plus de place pour les femmes dan l’enseignement
le Cafe
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