François Jarraud
Les marchands d’angoisse et les attentes des familles
Le dénigrement est-il un argument de vente ? Il semble que oui à en lire le dernier communiqué de presse de Keepschool. L’entreprise agressive sur le marché de l’accompagnement scolaire publie un « baromètre du second trimestre 2007 » présenté comme une « étude sur les français et le secteur de l’éducation nationale ». Selon Keepschool, pour 67% des personnes interrogées, l’Education nationale « stagne ou va de moins en moins bien, mais surtout elle ne fait rien pour améliorer sa situation ». Mais, quelle chance !, « un peu moins de la moitié pense que des organismes comme Keepschool peuvent se charger du soutien scolaire ».
Ces propos méritent-ils un démenti ? Si nulle part le mot « sondage » est prononcé pour désigner cette « étude », le doute est entretenu et l’entreprise alimente l’angoisse des familles à quelques jours du bac en jetant le discrédit sur l’éducation nationale. Celle-ci a sans aucun doute bien des progrès à faire, mais il faut rappeler qu’une série de réels sondages atteste que les parents ont une vision positive de l’Ecole. Ainsi le sondage La Tribune France Inter de mai 2006 qui montre que 8 parents sur 10 sont satisfaits de l’éducation fournie par l’Ecole. On trouve un taux comparable dans l’Observatoire de la Peep la même année.
Pourtant le succès commercial des entreprises de soutien scolaire est bien réel et il interroge l’Ecole. Certes il s’explique en partie par le crédit fiscal dont bénéficient les clients de ces entreprises. Mais, pour Dominique Glasman, auteur d’une étude sur l’accompagnement scolaire, « le principal carburant de la demande demeure l’incapacité du service public à assurer ses missions : l’insuffisance des dispositifs de soutien gratuits et le manque d’attention porté aux élèves au fur et à mesure qu’ils progressent dans le cursus… Se faire réexpliquer ce que l’on n’a pas compris n’est pas possible dans les conditions normales de fonctionnement de la classe, ça l’est dans le cours particulier ».
Dans la réponse à apporter, les TICE auront sans doute une place intéressante. En effet elles peuvent apporter une aide précise à chaque élève, à la carte et au moment précis où l’élève la souhaite. Des projets d’accompagnement scolaire sont en ce moment entrain de se monter pour pouvoir offrir prochainement un service gratuit aux familles.
Mais ce que révèle le succès de ces entreprises c’est aussi l’inadaptation du modèle scolaire pour un nombre croissant d’élèves. Quels que soient les offres mises au point par les collectivités locales, l’Ecole ne pourra pas faire l’économie de son renouveau pédagogique.
Accompagnement à la scolarité : la campagne 2007-2008
La circulaire interministérielle relative à la mise en œuvre de la politique d’accompagnement à la scolarité pour la prochaine année scolaire est prête. Elle insiste particulièrement sur la laïcité, la mixité des actions et l’articulation avec l’école.
Les actions concernées s’adressent aux enfants et aux jeunes scolarisés de l’école élémentaire au lycée. Elles se déroulent en dehors du temps de l’école et sont distinctes des actions mises en place par l’école pour les élèves en difficulté. La circulaire précise que les accompagnateurs, le plus souvent bénévoles, doivent s’attacher à renforcer le sens de la scolarité et la confiance des jeunes dans leurs capacités de réussite. Notamment : « les accompagnateurs à la scolarité veillent à faciliter les relations entre les familles et l’Ecole, à accompagner et aider les parents dans le suivi et la compréhension de la scolarité de leurs enfants ».
A consulter sur l’excellente rubrique de la Ligue de l’enseignement
Sur le Café : La tribune de Damien Raymond