Les devoirs à la maison sont-ils indispensables à la réussite scolaire ? La publication d’une étude par la revue académique d’Aix Marseille « La Durance » relance la polémique. Elle relève une chute considérable du temps consacré au travail à la maison.
Selon La Durance, les élèves de 6ème ne consacreraient plus que 3 à 5 heures hebdomadaires au travail à la maison au lieu de 6 à 8 heures en 1993. Cette derniere évaluation provient des travaux de D Glasman. La nouvelle évaluation est issue d’un sondage auprès de 988 élèves de l’académie. Au lycée la chute se confirme. 6 à 8 heures de travail hebdomadaires là où il y en avait 10 à 15 heures. « On observe une diminution d’environ 50% de ce temps en 20 ans », affirme Daniel Dalet, responsable de l’étude pour La Durance.
Comment expliquer la chute ? » En collège, c’est moins la fréquence que l’existence d’un contrôle familial qui semble déterminante. En lycée, ce suivi parental importe nettement moins », continue D Dalet. Les élèves seraient « « moins sérieux », c’est ce qui ressort de la comparaison des deux enquêtes sur la planification du temps de travail : en 1993, 87 % des élèves déclarent « chercher à s’avancer » dans leur travail scolaire. En 2013, ils ne sont plus que 51 % des lycéens à ne pas faire leurs devoirs au dernier moment ». L’accès Internet est mis aussi en accusation.
» Le contrôle parental allant en diminuant, l’élève en profite pour faire juste le nécessaire (exercices demandés, leçons) et pour réaliser le tout au dernier moment », conclue La Durance. « Au-delà des comportements individuels de nos élèves, l’ampleur de la baisse du temps que ces derniers consacrent à leur travail scolaire interroge notre système éducatif. Le discours récurrent sur l’école qui ne joue plus son rôle d’ascenseur social mais, au contraire, renforce les situations inégalitaires peut conduire bon nombre d’enseignants à limiter le travail de leurs élèves hors temps de cours. On peut également s’interroger sur l’organisation de nos établissements ou sur l’évolution de la réglementation. »
Cette étude sort au même moment qu’un travail de chercheurs américains, C M Kalenkosi et S W Pabilonia, sur le travail à la maison en lycée. Elle démontre l’efficacité du travail à la maison. Les lycéens qui travaillent chez eux ont plus de chances d’entrer en université (college), particulièrement les garçons.
Les points faibles de l’étude de La Durance sont sans doute de généraliser l’évaluation scolaire en raisonnement moral et d’y associer tous les niveaux. Si le travail à la maison est efficace en lycée, pour autant l’est-il au collège ? L’est-il à l’école ? Quelle est son utilité alors qu’Internet permet en effet de réduire fortement le temps de sa réalisation, pour peu que l’enseignant n’ait pas saisi cette réalité… ? Une autre dimension avait été mise en avant par D Glasman et est malheureusement oubliée dans cette étude. C’est l’efficacité sociale du travail à la maison. On sait qu’il profite essentiellement aux enfants des familles favorisées.
L’Ecole ne peut s’abstraire de ces considérations. Le travail à la maison est aussi une pratique sociale , souvent mécanique, dégagée d’objectifs de réussite scolaire. L’étude d eLa Durance ne met pas fin à la réflexion sur ce sujet.
François Jarraud