Comment impliquer un établissement dans un projet autour des truffes ? Valérie Beltrame, enseignante de français, et Christophe Laborde, enseignant de technologie au collège Antoine Courrière de Cuxac Cabardès (11) ont mis les plants mycorhizés au cœur d’un projet pédagogique. Au delà de la création d’un verger trufficole et de l’étude des différentes espèces de truffes, les enseignants font aussi réfléchir les élèves sur le reboisement et la protection des écosystèmes. Comment les tâches sont-elles réparties de la 6ème à la 2nde ? Les enseignants proposeront une dégustation pédagogique de leur travail au 11èmeforum des enseignants innovants ce samedi 23 novembre à Paris.
Comment se créer un verger trufficole ?
Nous avons procédé en 4 étapes. D’abord l’obtention d’un terrain. Puis l’observation des spores, des différentes espèces de truffes, des essences, du terrain et des plantes accompagnatrices. Vient ensuite le temps des réflexions pour rentabiliser une plantation pour pouvoir en vivre. Enfin la création et la plantation des fruitiers et des plants mycorhizés.
Quelles sont les espèces végétales étudiées en classe ?
Les espèces de truffes étudiées en classe sont la tuber melanosporum, la tuber aestivum (uncinatum), la tuber albidum pico et la tuber brumale principalement. Nous travaillons aussi les essences trufficoles et fruitières, les plantes accompagnatrices et les essences fruitières compatibles avec les différentes truffes.
Que font concrètement les élèves au cours du projet ?
En CM2 et en 6ème, les élèves récupèrent des glands, étudient et réalisent des plants. Nous allons aussi observer une truffière sauvage et le lieu où on va implanter le verger trufficole. L’étude historique de la truffe, l’étymologie des termes et la visite du musée trufficole de Villeneuve Minervois sont aussi au programme.
En 5ème, les élèves ont réalisé une plantation des essences arboricoles et une étude des plantes accompagnatrices. En 4eme, les collégiens entretiennent les sols, font des tris et plantations des plantes accompagnatrices.
Enfin en 3ème et en en seconde, les élèves font une étude économique et de rentabilité d’un verger trufficole . Ils analysent des données récoltées depuis la 6eme. Ils découvrent aussi le dressage du chien pour caver. De façon plus inattendue, l’anglais se joint à nous dans un projet e-twinning où nous présentons la Montagne Noire et ses richesses
En quoi votre projet s’inscrit-il dans les parcours des élèves ?
Le projet s’inscrit dans le parcours avenir. Il y a la découverte du métier de technicien de la chambre d’agriculture et celle du métier de trufficulteur avec mise en situation : chacun va devoir réfléchir pour rentabiliser son verger trufficole.
Dans le parcours citoyen, il y a la prise conscience de la nécessité de reboiser : tenue du sol, diminution du CO2, impact sur le réchauffement climatique. Et la réflexion éco-citoyenne. Notre projet a été finaliste du concours Lumexplore Junior.
Le projet a aussi une dimension d’éducation au développement durable : limiter la consommation d’espaces et préserver les milieux, protéger les écosystèmes et certaines espèces emblématiques et menacées, permettre la transition de nos modèles de production et de consommation et prendre en compte le lien entre santé et environnement.
On a aussi travaillé dans le cadre du parcours d’éducation artistique et culturel : réalisation des exposés pour les Ampélofolies de Moussoulens et réalisation d’une vidéo pour la saison 10 de « Je filme le métier qui me plaît ».
Quelles contributions apportent les partenaires extérieures pour la réussite du projet ?
Nous avons travaillé avec un membre de l’association trufficole audoise (organisation des visites ; démonstration de cavages estival et hivernal ; dons de truffes pour étude et pour réalisation de plants). Nous avons aussi été aidé par un technicien trufficole de la chambre d’agriculture : conseils ; interventions auprès des élèves ; lien entre la chambre agriculture et l’institution éducative, et enfin de la mairie.
Quels sont les suites à donner au projet ?
Nous allons nous pencher sur la réactualisation des connaissances et des découvertes scientifiques récentes faites sur les truffes (systruff 1 et 2 ; Cultur’Truff). Nous envisageons de nouveaux moyens pour étudier le système racinaire et les champignons invasifs, et aussi pour obtenir des sondes thermo-hydriques.
Avec le projet, nous pensons obtenir un partenariat avec un lycée agricole pour un suivi et une intervention des élèves lycéens et un lycée professionnel pour réflexion et la réalisation d’un matériel spécifique à l’entretien du verger trufficole.
Entretien par Julien Cabioch