« Vous souhaitez valoriser les villes de votre département de manière poétique ? #MaVilleEnAcrostiche est fait pour vos élèves et vous ! ». Voici la jolie invitation que lance actuellement Manon Brunet, professeure de français au collège Jacques Prévert à Châteauneuf-sur-Sarthe. Pour rappel : l’acrostiche est un court poème dont les initiales de chaque vers composent un nom. Comment exploiter un dispositif d’écriture aussi simple pour favoriser la créativité et la coopération, l’appropriation de son territoire, le maniement de la langue et du numérique ? Le projet s’adresse aux classes de tout niveau et de toute ville : le réseau Twitter et une carte interactive permettront de partager les productions. Eclairages de Manon Brunet, qui avait présenté au Forum des Enseignants Innovants un autre projet d’écriture à contraintes et en réseau…
Comment le projet #MaVilleEnAcrostiche est-il né ?
L’idée m’est venue alors que je préparais une séquence sur le thème de la ville pour le niveau 4ème. Je souhaitais faire écrire les élèves sur des villes de leur région de manière poétique. L’acrostiche semblait parfaitement convenir à cet exercice. La contrainte de cette forme amène les élèves à se questionner sur les usages de la langue, à jouer avec les mots, les classes grammaticales, les lettres et à s’approprier la ville sur laquelle ils écrivent en évoquant des lieux symboliques. Ils peuvent pour cela effectuer quelques recherches sur Internet.
Dans un second temps, je souhaitais qu’ils puissent participer à un processus d’écriture plus large dont la lecture serait plus étendue, au-delà du rapport habituel professeur/élève, qui leur permettrait de s’ouvrir à autrui et à d’autres univers. L’utilisation de Twitter est pour cela un excellent outil de partage et de communication. La forme poétique de l’acrostiche, agrémentée de la contrainte des 280 caractères, oblige les élèves à s’interroger sur le choix des mots, sur la syntaxe et la cohérence de leur texte et de leurs idées. Ils peuvent ensuite à leur tour lire et découvrir d’autres villes, parfois méconnues.
Comment les élèves travaillent-ils à l’écriture des acrostiches ?
Les élèves se rendent en salle multimédia pour rédiger leurs poèmes sur des villes de leur département. Ils utilisent un analyseur, créé sous LibreOffice, qui leur permet de valider ou non leur tweet. En effet, pour que leur production soit recevable, elle doit comporter le hashtag #MaVilleEnAcrostiche et ne doit pas dépasser les 280 caractères. De plus, l’analyseur propose des coups de pouce pour pallier les difficultés en langue ou enrichir le texte produit. Les élèves peuvent directement accéder au site du CNRTL (pour trouver des synonymes, des antonymes, une orthographe lexicale ou grammaticale, des mots commençant par…) et celui du TLF (pour trouver des définitions).
Comment récupérer ensuite les créations des élèves ?
Une fois le tweet validé par l’analyseur, les élèves le publient sur un Padlet modéré par le professeur et qui sera ensuite partagé avec toute la classe. Cet outil permet de récupérer plus facilement l’ensemble des productions sur n’importe quel poste connecté à Internet.
Il s’agit ensuite de récupérer une à une les productions et de les publier sur Twitter avec un compte, éventuellement géré par le professeur. Afin de planifier et d’espacer dans le temps les publications, il est possible d’utiliser l’outil Tweetdeck (publication hebdomadaire par exemple).
Quels usages envisagez-vous de ces créations ?
Un temps d’échange avec les élèves permet de faire un bilan de leur travail, ce qu’ils en ont pensé, d’évoquer les difficultés éventuelles rencontrées, le plaisir qu’ils ont pris à écrire… et de lire avec eux des publications d’autres classes. La carte interactive sera un support pertinent à présenter aux élèves.
Toutes les publications seront en effet valorisées à l’aide d’une carte interactive. Chaque ville illustrée par un acrostiche sera enrichie d’un point d’insertion qui renverra aux tweets publiés. Le projet n’étant pas limité dans le temps, la carte pourra régulièrement être enrichie grâce aux nouveaux acrostiches postés.
Quelles vous semblent les compétences ainsi travaillées ?
Ce projet, loin d’être chronophage, permet de travailler de nombreuses compétences. Dans ce travail d’écriture original, les élèves mettent à profit leurs connaissances et leurs acquis en français. Ils mobilisent des compétences d’écriture et de langue, notamment en grammaire, en orthographe et en vocabulaire, et travaillent leurs compétences numériques, en travaillant sur le traitement de texte et la recherche d’informations. C’est aussi le moment de faire de l’éducation aux médias. L’utilisation de Twitter est l’occasion de sensibiliser les élèves à un usage raisonné et responsable des réseaux sociaux, à l’identité numérique et aux limites de la liberté d’expression. Enfin, c’est un excellent moyen pour les élèves de connaître et de faire connaître le territoire dans lequel ils évoluent.
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut