Métier enseignant
Géraldine Farges : Mondes enseignants
Peut-on encore parler du corps enseignant ? Pour Géraldine Farges, chercheuse à l’IREDU, le corps enseignant est fragmenté en plusieurs « conditions enseignantes » qui opposent principalement le premier et le second degré. Son ouvrage montre que derrière un référentiel professionnel commun, beaucoup de choses séparent les deux groupes : des conditions de travail et de rémunération mais aussi des sociabilités différentes. Plus divisé que jamais le corps enseignant connait aussi un malaise certain.
Privé : La Fep publie un Livre noir des maitres délégués
Les maitres délégués sont l’équivalent dans l’enseignement privé sous contrat des contractuels dans le public. Sauf qu’ils sont beaucoup plus nombreux (18% des enseignants) et que leur rémunération est inférieure. » Leur charge de travail est très, trop même, importante, voire inhumaine. Les maîtres délégués doivent faire preuve d’une flexibilité à toute épreuve. Les disciplines et les niveaux d’enseignement peuvent être communiqués la veille de la rentrée scolaire. Ils doivent pouvoir être aptes en peu de temps à enseigner dans les trois cycles de primaire et, pour le second degré, en collège, et/ou en lycée, et/ou en post bac, préparer des cours, des AP. Cela, sans compter des autres missions que les maîtres délégués sont obligés d’accepter : être professeur principal, organiser des voyages, etc. », souligne la Fep Cfdt dans un « Livre noir » envoyé au ministre. Le syndicat demande un plan de résorption de l’emploi précaire.
Les enseignants en détresse avec le new public management
Le nouveau management axé sur la performance coute cher aux enseignants. C’estce qui ressort d’un congrès d’un syndicat d’enseignants québécois, la FAE, selon l’Huffington Post. « Les travaux de la sociologue Marie-France Maranda et du professeur Simon Viviers font état de la culture du «trop» et du «manque», soit trop d’élèves dans les classes, trop d’élèves présentant des difficultés diverses et trop d’exigences individualisées alors que parallèlement, les enseignants manquent de ressources, manquent de reconnaissance et manquent de soutien politique », écrit l’Huffington Post. » La philosophie de gestion tourne autour d’un discours positif visant à mousser l’enthousiasme et la résilience face à l’adversité, et qui interprète les situations de surcharge comme un problème personnel de l’enseignant incapable de gérer son temps de travail et son désenchantement comme étant un manque de vocation pour l’enseignement. » Le congrès a mis en évidence le coût final pour le système éducatif : les enseignants craquent, tombent malade et il faut les remplacer.
L’enseignement agricole se dote d’un référentiel pour les CPE
Le décret de juillet 2016 sur les compétences professionnelles des enseignants de l’enseignement agricole avait mis dans le même sac enseignants et CPE. Un nouveau décret publié le 22 novembre précise les compétences professionnelles attendues des CPE.
Collectivités locales
François Bonneau : Ce que demandent les régions
Quel rôle les régions veulent -elles jouer dans l’enseignement professionnel et l’orientation ?? Le 22 novembre, Hervé Morin a été élu président de l’Association des régions de France et François Bonneau président délégué. Il nous explique pourquoi les régions demandent le pilotage de l’enseignement professionnel et de l’orientation et quelle place précise elles veulent y jouer.
80% des communes vont revenir à la semaine de 4 jours
Sous pression des parents et des enseignants, et pour diminuer leurs coûts, plus de 8 communes sur 10 auront demandé le retour à la semaine de 4 jours à la rentrée 2018, selon une enquête de l’Association des maires de France publiée le 22 novembre. Les PEDT sont maintenant également menacés. La moitié des communes choisissant le retour aux 4 jours veut les abandonner. En quelques mois le décret Blanquer aura fait s’effondrer 5 années de politique éducative locale.
Blanquer
Stage antiraciste : Blanquer porte plainte
Le ministre de l’éducation nationale a annoncé le 21 novembre devant l’Assemblée nationale qu’il portait plainte contre Sud Education 93 pour diffamation au motif que le syndicat a utilisé l’expression « racisme d’Etat » dans le document présentant le stage antiraciste controversé. La réponse de Sud Education justifie l’emploi de cette formule. Si la plainte devait être instruite un intéressant débat sociologique devrait suivre. Dans tous les cas le ministre a saisi l’occasion de faire applaudir par l’Assemblée la répression d’un syndicat. Au final c’est la cogestion Etat – syndicats qui est visée.
Le Snuipp lance un appel pour que le ministère soutienne toute la recherche
« Il y a un parti pris du ministre en faveur des neurosciences. On sait qu’elles sont importantes mais on n’a pas affaire à des cerveaux de laboratoire mais à des enfants vivants ». A l’issue d’un colloque sur la difficulté d’enseigner, le 23 novembre, Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp, annonce le lancement d’un appel à diffuser toute la recherche dans la formation continue des enseignants. Une cinquantaine de chercheurs soutiennent l’appel, par exemple E. Gentaz, B. Cyrulnik, M. Duru Bellat. R. Goigoux ou P. Meirieu.
Caen et Rouen, un laboratoire pour les autres académies
« Rien ne bouge. On ne change rien ! Le mouvement des enseignants sera celui des académies de Caen et Rouen à la rentrée prochaine… Aucune fusion de services n’est à l’ordre du jour ». Dans Paris Normandie, Denis Rolland, le nouveau recteur de Caen gérant aussi l’académie de Rouen par dérogation, tient un discours rassurant. Mais il annonce aussi que cette expérimentation est suivie et pourra être généralisée rapidement. » Les services de l’État se regroupent à l’échelle de la région sauf dans l’Éducation nationale. Nous expérimentons donc dans un périmètre de cinq départements, un périmètre gérable, sans être loin des territoires… Nous allons adapter ce qui doit l’être. Et si cela doit arriver, cela le sera par le ministre. Attendez mars… »
Budget : Un rapport du Sénat demande une autre gestion des enseignants
Peut-on adopter un budget tout en sachant que le document présenté n’est pas conforme à la réalité ? Apparemment oui puisque l’Assemblée a déjà voté la loi de finances 2018. Or le rapport sur le budget réalisé par G Longuet pour le Sénat rappelle que les 373 millions prévus au budget pour l’application des accords PPCR dans l’Education nationale ne seront pas dépensés en ce sens puisque le gouvernement a décidé du gel de ces accords.
Souâd Ayada à la tête du CSP
C’est une inspectrice générale de philosophie que Jean-Michel Blanquer a choisi pour présider le Conseil supérieur des programmes après la démission de Michel Lussault. Spécialiste de la mystique musulmane, S Ayada va de facto décider de l’avenir d’un conseil qui semble peu acquis aux thèses ministérielles. S Ayada est aussi membre de la mission Mathiot.
APB s’appellera ParcoursSup
Les ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur annoncent le nom qui sera donné à la nouvelle plate forme d’orientation post bac : ce sera « ParcoursSup ».
Devoirs faits : Une mise en route peu brillante
Selon un sondage organisé par le Se Unsa, un collège sur trois n’aurait pas lis en place le dispositif Devoirs faits, censés être appliqué à la rentrée de la Toussaint. Le Se Unsa parle de « mise en oeuvre précipitée qui e réussirait pas à impliquer les différents acteurs de la communauté éducative. L’enquête montre que seulement un collège sur cinq a reçu les moyens nécessaires à Devoirs faits.
Plan Etudiants : Un projet précipité selon le Conseil d’Etat
Dans un avis rendu public le 23 novembre, le Conseil d’Etat analyse le projet de loi sur l’orientation dans le supérieur. Il souligne la précipitation avec laquelle la réforme est lancée. » appelle particulièrement l’attention du Gouvernement sur le calendrier extrêmement tendu et contraint dans lequel doit être mise en œuvre une réforme qui concernera plus de 600 000 nouveaux arrivants dès la rentrée universitaire 2018 et dont l’essentiel (processus amont d’information et d’orientation, nouvelle plateforme numérique de préinscription, conformité aux exigences de la législation sur l’informatique et les libertés, conditions du dialogue entre lycées, étudiants, universités et rectorats, notamment) reste à construire ».
Réforme du bac et du lycée
Lycée : Quelles seront les « épreuves universelles » du nouveau bac ?
Au fur et à mesure que la commission Mathiot, en charge de la réforme du lycée, reçoit les associations professionnelles, elle dessine le projet du nouveau bac et par ricochet celle la réforme du lycée. Si la classe de seconde doit rester une classe d’orientation, la spécialisation des élèves apparaitrait dès la 1ère. Selon l’APPEP (professeurs de philosophie), le nouveau bac comprendra 2 épreuves universelles passée spar tous les élèves de terminale générale et technologique en juin et deux épreuves de spécialité passées plus tôt. S’ajouterait l’épreuve anticipée de français. Selon l’Appep, la philosophie serait une des deux épreuves universelles. La deuxième épreuve universelle serait un grand oral pluridisciplinaire.
Lycée : « Les SVT maintenues en seconde » d’après l’APBG
L’APBG publie un bilan de son audition par Pierre Mathiot, chargé par le ministre de la réforme du bac. « Cette audition, d’une heure, a permis de prendre la mesure des différentes pistes envisagées par le ministère mais aussi de relayer les craintes que nous avons ». D’après le communiqué, « les SVT sont bien maintenues en seconde ». Au cycle terminal, on évoque « une filière scientifique dans laquelle les SVT auront leur place avec de gros horaires et une spécialisation progressive ». Pour les filières non scientifiques « la piste d’un enseignement de culture scientifique est envisagée. » L’APBG demande un retour aux 2 heures d’enseignement de SVT en seconde et 4 heures en 1ère S et terminale S. L’association n’est pas contre un contrôle continu en 1ères ES / L. Elle souhaite être sollicitée pour la construction des futurs programmes. L’APBG prévient : « dans le cas d’un recul de la place des Sciences de la vie et de la Terre dans la réforme du lycée, l’APBG mobilisera les élus, les chercheurs et les enseignants pour sauvegarder un enseignement scientifique à la hauteur des enjeux avenirs. »
Plan étudiants : Les personnels de direction sous tension
« Les personnels de direction se retrouvent seuls à la manoeuvre et voient leurs conditions de travail dégradées », dénonce ID Fo dans un communiqué. Le Snpden tweete de son coté sur une circulaire de 72 pages pour appliquer la réforme de l’orientation. Les chefs d’établissement sont sommés de trouver un second professeur principal pour les terminales et d’organiser la semaine d’orientation avant les conseils de classe du 1er trimestre qui ont lieu dans quelques jours et en même temps de lancer les fiches Avenir sans avoir le temps de les présenter. Et ne parlons pas des proviseurs de LP pour qui le calendrier officiel n’a pas de rapport avec l’organisation de l’année…
Bac : Eclairage sur les épreuves du bac
Selon l’Apses, reçue le 15 novembre par la mission Mathiot, chargée de la réforme du bac, » la mission n’a que deux impératifs – limiter à 4 les épreuves terminales du bac, et instaurer une dose de contrôle continu – tous les autres points étant ouverts à la discussion ». Pour la filière ES, la mission a demandé à l’Apses son avis que « un système qui, en première et en terminale, serait constitué autour de disciplines de tronc commun, de disciplines de spécialité « majeures » et de disciplines de spécialité « mineures ». « Deux exemples nous ont été donnés », poursuit l’Apses : « pour un élève de profil ES, outre les disciplines de tronc commun, l’élève pourrait choisir une majeure SES et une majeure Maths, avec Histoire-Géographie en mineure. Ou à l’inverse, l’élève pourrait choisir une majeure SES et une majeure HG, avec Maths en mineure; pour un élève de profil S, l’exemple était similaire mais avec les matières Maths, Physique-Chimie et SVT. La mission a aussi évoqué, parmi les 4 épreuves terminales du bac, que l’une d’entre elles puisse être un grand oral basé sur deux disciplines de spécialités choisies par l’élève ».
L’élève
La chronique de Véronique Soulé : Les pauvres toujours oubliés de l’école ?
Les riches, ça va bien ! On va parler des pauvres, des enfants qui arrivent à l’école avec un déficit de mots, qui ne peuvent pas être aidés chez eux et qui n’ont pas d’endroit pour travailler, qui se retrouvent perdus en fin de primaire et qui n’auront pas la chance d’intégrer l’un de ces « internats d’excellence » chers au ministre Jean-Michel Blanquer parce qu’ils ne sont pas assez prometteurs ou méritants. Récit d’une action initiée par la mairie de Grigny (Essonne) pour renforcer le lien parents école et donner ainsi plus de chances aux enfants de réussir en classe.
Comment améliorer la scolarisation des élèves immigrés ?
Le ministère de l’éducation du Québec publie un rapport sur « les pratiques de socialisation utilisées auprès des élèves issus de l’immigration récente et d’élèves autochtones ». Le rapport , réalisé par uen chercheuse de l’Université du Québec à Montréal, établit des préconisations au regard de ce qu’elle a constaté sur le terrain. » En nous appuyant sur des résultats positifs obtenus par des recherches analysées dans le cadre de cette synthèse de connaissances, nous nous permettons de recommander l’implantation d’une approche d’éducation émancipatrice, qui implique la valorisation des langues et des cultures d’origine, autant auprès des élèves d’origine autochtone qu’auprès de ceux issus de l’immigration récente », écrit-elle. Elle demande une révision des curriculum en ce sens. » Une telle approche permettrait l’instauration d’une dynamique sociale positive et la diminution des risques de repli identitaire. Pour les deux catégories d’élèves, l’implication des parents et des communautés constituent un moyen puissant de socialisation secondaire qui favorise la réussite scolaire ». Elle invite aussi à mieux former les enseignants à la différenciation pédagogique.
Un cahier de délégué au collège
Réalisé par le collège Emile Zola de Royan (17) ce cahier de délégué aide les élèves à exercer une fonction essentielle pour le climat scolaire et la réussite des élèves. » Ton expérience de délégué.e peut être le sujet de l’épreuve orale du brevet que tu passes en fin de 3ème », rappelle d’emblée le Cahier dès la 1ère page. » Le « cahier de délégué.e » que tu as sous les yeux t’accompagne pendant toute cette année scolaire pour t’aider à jouer pleinement ton rôle. Il te permet aussi de garder une trace de tout ce que tu fais comme délégué.e ». Le Cahier détaille le rôle des délégués , aide les élèves à préparer et s’organiser pour le conseil de classe et rappelle la formation délivrée aux délégués par le collège. Un outil et une démarche efficaces dont on peut s’inspirer.
Un nouveau site pour l’orientation en terminale
Destiné aux élèves de terminale, ce nouveau site de l’Onisep décrit le parcours vers l’enseignement supérieur en 5 étapes dans le nouveau cadre qui se met en place. Il donne des conseils pour d’orienter, présente les métiers et les filières. Le site est amené à évoluer avec le déploiement de la réforme de l’orientation.
Numérique
Bruno Devauchelle : L’avenir de la vidéo dans l’enseignement
Quand on sait la difficulté qu’ont eu le cinéma puis la télévision à prendre pied dans le monde de l’enseignement scolaire, on peut s’interroger sur l’avenir de tout ce qui est images animées et en particulier vidéo au service de l’enseignement d’une part mais aussi de ceux qui veulent apprendre quelque chose. Il semble par ailleurs que, sur les écrans des appareils connectés à Internet, les vidéos de toutes sortes prennent progressivement la place du texte. Elles s’y insèrent, parfois même quasiment de force, soit à l’initiative de l’auteur d’un message soit à l’initiative des publicitaires. On le sait, le monde scolaire et universitaire a fait de l’écrit un point de passage obligatoire de toute forme d’étude. Enfin on constate que les sites de vidéos en ligne sont parmi les plus visités de tous les sites en particulier de ceux de réseaux sociaux. Après l’image fixe conversationnelle, la vidéo entre aussi dans la danse. Le monde scolaire est-il compatible avec cet univers ?
Bruno Devauchelle : Une charte éducative pour les smartphones ?
Le monde scolaire est aujourd’hui amené à faire face à l’impact des téléphones portables et des smartphones. Présents dans les cartables ou les poches d’un nombre de plus en plus grand d’élèves, mais aussi de la plupart de leurs enseignants, les échanges et les billets se multiplient sur internet et les réseaux sociaux pour inviter soit à la bienveillance, soit à l’opposition radicale. Bref les smartphones ne laissent pas indifférents. Si les lois peuvent tenter de limiter les usages, l’observation des pratiques quotidiennes et ordinaires invite à se questionner sur la manière et le cadre pour les situer dans l’espace scolaire. Nombre d’établissements ont déjà introduit des éléments soit dans le règlement intérieur, soit dans les diverses chartes de l’établissement. Cette évolution, que nous avions prévue il y a plusieurs années est en cours. Mais les propos des uns et des autres, acteurs politiques, décideurs blogueurs, marchands etc. troublent l’analyse, sans compter la nécessité de repérer le cadre juridique pertinent qui se met en œuvre (RGPD, entre autres par exemple).