Dans la filière médico-sociale, on est passé de 83 à 74% de reçus. La première fournée du nouveau bac ST2S, qui remplace le bac SMS, n’est pas réussie. Nous avons demandé à Martine Lemoine, professeur de sciences médico-sociales, son sentiment sur cette évolution négative.
On connaît maintenant les résultats du bac ST2S : 74% de réussite. Ce résultat vous semble t il satisfaisant ?
Non, bien sûr. Les résultats du premier tour avaient été très inquiétants, le deuxième groupe a permis à de nombreux élèves de rebondir, mais nous avons le taux de réussite le plus faible des baccalauréats 2009. Il s’agit toutefois de la première promotion du baccalauréat ST2S.
Depuis deux ans, nous nous battons pour faire reconnaître l’évolution de la série : le passage d’un baccalauréat SMS à un baccalauréat ST2S n’est pas un simple jeu d’affichage, il s’agit d’une réelle mutation.
Par rapport au bac SMS, quels changements trouve t on dans le bac ST2S ?
Le baccalauréat ST2S s’adresse à des jeunes qui ont le désir et les compétences nécessaires pour s’engager dans des études supérieures vers les métiers de la relation dans lesquels le bien-être, la santé, l’affirmation du lien social et l’accompagnement vers la plus grande autonomie possible seront au coeur de leur activité. Il n’a plus, à la différence du bac SMS, de dimension professionnalisante. Sa finalité est de permettre à des jeunes intéressés par les métiers de la santé, du secteur socio-éducatif et de l’esthétique-cosmétique d’acquérir les bases culturelles et l’agilité intellectuelle qui leur permettront de réussir dans leur projet.
La formation a été totalement réécrite pour tenir compte de ces objectifs : augmentation de l’importance des disciplines scientifiques pour faciliter l’insertion dans les écoles paramédicales, intégration de la terminologie à la biologie humaine, approche plus conceptuelle des notions en sciences humaines pour aider à une prise de distance et au développement de l’esprit critique, formation construite sur une démarche type santé publique, au sens le plus large, pour initier à la culture médico-sociale. En sciences et techniques sanitaires et sociales, les élèves découvrent les outils méthdologiques utiles à l’élaboration des réponses politiques ou institutionnelles aux besoins de santé et sociaux des populations et des individus : loin d’une simple application de recettes, il s’agit de permettre aux élèves de découvrir les outils méthodologiques et leurs limites, et de s’initier au questionnement .
Comme pour tout baccalauréat technologique, la formation en ST2S s’appuie sur une démarche inductive. Mais les objectifs visés (poursuite d’études supérieures), les objets étudiés, le contenu des programmes dessinent une formation qui s’adresse à des élèves ayant des compétences en logique, en mathématiques et la capacité à comprendre un texte argumentatif simple. Une certaine curiosité, aussi, pour les faits sociaux, la santé des populations, la cohésion sociale, …
Cette curiosité, cet intérêt est au coeur des Activités Interdisciplinaires où l’élève, en groupe le plus souvent – initiation au travail en équipe – doit mener une étude simple sur un fait sanitaire ou social de son choix. Elle peut être l’occasion d’une prise de contact avec une institution sanitaire ou sociale. Cette rencontre n’est certes pas aussi riche d’enseignement que ne l’était le stage organisé en SMS, mais elle peut être malgré tout l’occasion d’approcher la réalité du terrain.
La finalité, les compétences demandées aux élèves sont donc différentes de celles qui étaient attendues en SMS.
Cela explique-t-il le taux de réussite assez faible ?
Oui, on peut le penser. Entrer en seconde SMS en vue d’un baccalauréat ST2S, signifie avoir le désir, la dynamique, les compétences pour poursuivre encore au moins cinq ans d’études.
Une partie des élèves a été orientée en ST2S sur un profil SMS et non pas ST2S : ce sont des élèves intéressés par le secteur médico-social mais qui ne sont pas dans une dynamique leur permettant d’entrer, deux ou trois ans plus tard, dans une formation post-baccalauréat pour devenir infirmer ou travailleur social, métiers avec une réelle autonomie. Ces élèves ont besoin d’une approche concrète des objets d’études que n’offre pas le baccalauréat ST2S, ils y sont noyés et souvent en souffrance. Si se confirme la création d’un baccalauréat professionnel à dimension sanitaire, ils y réussiraient très bien.
Bouger un des éléments ne suffit pas : c’est l’ensemble du puzzle, du conseil à l’orientation à la carte des formations, qu’il faut mettre en mouvement pour permettre à tous les élèves de réussir.
Qu’en est-il des débouchés de la filière ?
Les débouchés correspondent aux formations vers des emplois de niveau III : écoles paramédicales (infirmier, diététicien, manipulateur en électroradiologie médicale, ergothérapeute…), les formations débouchant sur les emplois du travail social (technicien et conseiller en économie sociale familiale, assistant de service social, éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants…), les formations technico-administratives attendues par les services qui accueillent les publics en demande de soins ou en demande sociale : emplois d’assistants des professionnels de santé ou du social (BTS des services et prestations des secteurs de la santé et du social), … Ces écoles recrutent souvent sur dossier ou sur concours.
Liens :
Les métiers de la santé et du social
http://www.metiers.santesolidarites.gouv.fr/
Le réseau national de ressources en Sciences médico-sociales :
http://rnrsms.ac-creteil.fr/spip/
Association des Professeurs de Sciences médico-sociales
La rubrique ST2S du Café
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/enseigneme[…]