« Il y aura accélération de la réouverture des écoles et collèges et des lycées en zone verte ». Edouard Philippe annonce une amplification de la réouverture des écoles et établissements scolaires à partir du 2 juin. JM Blanquer invite a nouveau les familles à envoyer leurs enfants à l’école. Mais cette amplification a deux limites. En zone orange (Ile de Frances, Mayotte Guyane) seuls les lycées professionnels accueilleront des élèves en classe (terminales de bac pro et de CAP) et par suite l’oral de français est annulé. Partout le protocole sanitaire reste strictement en vigueur. Concilier le protocole avec une amplification de l’accueil des élèves reste une gageure…
Trois régions en zone orange
« Les résultats sont bons sur le plan sanitaire ». En ouvrant son intervention, Edouard Philippe lance une nouvelle étape du déconfinement qui ira du 2 au 22 juin. Le taux de reproduction du virus est en dessous de 1 (0.77% en moyenne). Il reste actif dans 3 régions qui passent en orange : Ile de France, Guyane et Mayotte. Tout le reste du pays passe en vert.
» La réouverture des écoles et des établissements est une urgence sociale, c’est aussi un impératif éducatif », explique JM Blanquer. Pour l’éducation nationale c’est donc une nouvelle étape qui commence à quelques jours de la fin de l’année scolaire.
Réouverture de toutes les écoles
Dans le premier degré, 22% des écoliers sont déjà accueilli, quitte à ce que ce soit par alternance, en zone verte et 14% en zone rouge. « A partir du 2 juin toutes les écoles seront ouvertes », annonce JM Blanquer. « Toutes les familles qui le souhaitent doivent pouvoir scolariser leur enfant au moins une partie de la semaine ». Le ministre dit travailler avec les communes pour qu’elles rouvrent toutes leurs écoles. Il lui reste à convaincre 10% des communes de le faire. Certaines ont déjà annoncé qu’il n’y aura pas de réouverture avant septembre.
Réouverture progressive de tous les collèges
« L’ensemble des collèges vont désormais ouvrir, que ce soit en zone verte ou en zone orange », déclare JM Blanquer. « En zone verte, cela signifie donc que l’on ajoute la quatrième et la troisième après la sixième et la cinquième, qui ont déjà ouvert. En zone orange, nous allons accueillir en priorité les élèves de sixième et de cinquième. Et si les conditions matérielles sont réunies, les élèves des autres niveaux pourront ensuite être accueillis ». Le ministre nuancera un peu plus tard ces propos en disant que les collégiens de 4ème et 3ème seraient accueillis « peut-être ».
Les lycées restent fermés en zone orange sauf les LP
» A partir du 2 juin, l’ensemble des lycées vont ouvrir avec un protocole sanitaire qui est le même que pour celui des collèges. En zone verte, les lycées généraux, technologique et professionnel vont rouvrir et accueillir progressivement les élèves au moins sur l’un des trois niveaux pour commencer. En zone orange, nous sommes évidemment plus prudents. Les lycées professionnels ouvrent aussi, mais ils accueillent en priorité les élèves qui ont besoin de certifications professionnelles, c’est à dire les élèves de terminale et les élèves de CAP. Pour les lycées généraux et technologiques, les élèves sont accueillis sur convocation de l’équipe éducative pour des entretiens individuels et du travail en tout petits groupes ».
Autrement dit, contrairement à ce que dit le ministre , tous les lycées ne rouvrent pas. Seuls ceux de zone verte rouvrent en théorie le 2 juin pour un niveau. Mais pas ceux de la zone orange ou seuls les LP sont invités à tenter de récupérer leurs élèves. Rien n’a été dit pour les élèves de BTS ou de préparatoire.
L’oral de français n’aura pas lieu
Par suite l’oral de français est annulé. Le ministre le justifie par « les inégalités de préparation » dont lui aurait parlé le CNVL le 27 mai. En fait , a partir du moment où les lycées généraux et technologique de zone verte ne rouvrent pas , l’examen ne peut pas être tenu. Mais JM Blanquer ne veut visiblement pas être le ministre qui n’ouvrent pas les lycées. Il explique par exemple que « les entretiens individuels » auxquels seront convoqués les élèves relèvent de la personnalisation de l’enseignement…
Double défi pour l’Ecole
Dans les trois niveaux, le protocole sanitaire reste en vigueur. « C’est parce qu’on a un protocole strict qu’on évite qu’il y ait des foyers » épidémique, dit JM Blanquer.
Ecoles, collèges et lycées vont donc se retrouver devant deux défis. Comment faire face à la demande des familles qui selon le ministre ont un droit à ce que leur enfant regagne l’école ? Comment accueillir davantage d’élèves dans le cadre du protocole ?
Il est clair que le protocole fixe des maximas dans l’accueil des élèves. Il y a les 4 m² par élève qui pour le ministère sont compatibles avec la présence de 15 élèves dans une salle de classe ordinaire. JM Blanquer a rappelé ce chiffre de 15 élèves. Il y a la circulation des élèves avec une porte d’entrée et une de sortie , qui fait fermer toutes les salles en impasse. Il y a surtout la capacité de nettoyage dont dispose le directeur ou le chef d’établissement. Il ne peut ouvrir que les locaux qui font l’objet d’un nettoyage biologique. Cette contrainte là a peu de chances d’évoluer.
Par conséquent la seule marge de manoeuvre dans les écoles va être d’établir un roulement, peut -être encore plus rapide qu’actuellement, des groupes d’élèves. Ce roulement satisfera la communication ministérielle. Mais il a une limite. A un mois de la fermeture des établissements, faire venir les élèves pour 3 ou 4 heure de français ou 2 heures d’anglais dans le mois n’a pas grand intérêt pédagogique, si ce n’est de renouer le contact. Ce qui n’est pas nul. Mais « la continuité pédagogique » va devoir se faire par l’enseignement à distance qui semble s’essouffler à beaucoup d’endroits.
Une position politicienne
Gérer les attentes des parents sera donc le grand défi des directeurs et des chefs d’établissement. JM BLanquer leur a très directement adressé le mécontentement des parents. En principe les écoles et établissements doivent accueillir les enfants qui veulent retourner en classe. Le ministre a parlé des 2S2C, ce qui est une façon de mouiller les maires. Mais on sait qu’ils sont loin de se mettre en place partout. Aux directeurs et chefs d’établissement de se débrouiller dans un temps très court pour gérer cela.
JM BLanquer n’a pas dit grand chose sur la façon dont il espère faire revenir les « 500 000 » élèves qui restent sans lien avec l’école. On sait qu’ils sont nettement plus de 4% en zone prioritaire et dans les LP. Il a évoqué la « mobilisation des assistantes sociales, des élus, des professeurs, des directeurs d’école ». C’est un peu court comme campagne.
Le discours de JM BLanquer est donc très ambivalent. On peut approuver la nécessité de faire revenir à l’Ecole les élèves et particulièrement les enfants défavorisés. Mais JM Blanquer a fait un discours très politique, poussant les parents contre les acteurs de terrain. A ceux-ci il n’a rien à offrir.
François Jarraud