Si les classes préparatoires sont très hiérarchisées, avec au sommet un petit nombre d’établissements socialement et scolairement hyper sélectifs, elles se sont aussi « démocratisées » avec le développement de classes préparatoires de proximité visant souvent des publics particuliers (bacs technologiques ou professionnels) et ayant du mal à recruter. Ces établissements doivent développer des efforts de « marketing » pour trouver « une clientèle » capable de remplir les classes et d’éviter les fermetures. C’est cette logique de marché qu’analysent P David, X Lanéelle C Michaut (CREN) et le regretté Yves Dutercq , dans le dernier nuémro (23) d’Education comparée.
« L’enseignement supérieur sélectif mobilise pour être attractif une diversité de principes reposant sur le marché, l’efficacité, la familiarité, la réputation, mais aussi le civisme », expliquent-ils. « Dans un monde où prévaut la concurrence, y compris parmi les acteurs publics, les stratégies trop peu différenciées (sites internet, journées portes ouvertes, participation à des salons, etc.) ne suffisent pas et ce sont des atouts distinctifs qui paraissent décisifs : démarchage, réseau de partenaires, internat, etc. Les arguments mobilisés doivent apaiser les craintes des parents aussi bien que des élèves… Ainsi, le secteur public de l’enseignement supérieur français se trouve sous l’influence de modes d’action non seulement empruntés à ceux du secteur privé mais confinant aussi à la marchandisation : élaboration d’un produit, positionnement sur une niche, publicité, démarchage, etc. sous peine de voir certaines sections disparaître, faute de public, faute de demande ».
Tous ces efforts de marketing sont fait au nom de la « démocratisation » et de l’égalité pour convaincre des jeunes de milieu populaire d’entrer en prépa. Mais cette démocratisation est relative, concluent-ils, puisque ces jeunes n’ont accès qu’aux filières de seconde main.