L’exposition du Grand Palais est la première rétrospective consacrée à Gréco en France. Elle évoque l’ensemble de sa carrière : Gréco est un artiste complet, peintre d’abord, il a également abordé la gravure, la sculpture et l’architecture. Pour donner à cet évènement tout le rayonnement qu’il mérite, les commissaires de l’exposition, Guillaume Kientz et Charlotte Chastel-Rousseau, proposent deux visites vidéo- l’une générale, l’autre plus technique-, une conférence filmée d’une heure, pour commenter les œuvres présentées sur grand écran. Et un dossier pédagogique est à la disposition des enseignants.
Un parcours original
Dans sa vidéo le commissaire Guillaume Kientz débute la présentation de l’exposition en rappelant le rôle fondamentale joué par la France dans la redécouverte de cet artiste, tombé dans l’oubli et revenu à la mode à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, grâce aux Impressionnistes puis aux Avant-gardes qui voient en lui le prophète de la modernité.
Guillaume Kientz aborde ensuite l’originalité de cet artiste : original par son parcours d’une part, et par le style de sa peinture sensuelle et inventive, d’autre part. De Crète à Venise, de Venise à Rome et de Rome à Tolède, où il deviendra le Gréco que tout le monde connaît aujourd’hui, le commissaire aborde l’évolution de sa peinture, le cheminement de son style.
La commissaire Charlotte Chastel-Rousseau dévoile le parcours de l’exposition qui se veut une vue d’ensemble de sa carrière : peintures, dessins, gravures, quelques sculptures. Elle s’attarde sur les nombreuses peintures réunies exceptionnellement : icônes, peintures de dévotion, scènes profanes, portraits et grands formats dont l’Assomption prêtée par le musée de Chicago, et qui revient pour la première fois en Europe. Elle explique que la scénographie a été choisie très sobre afin de laisser l’espace et la lumière à la peinture du maître.
L’œuvre spectaculaire d’un esprit libre
La « Visite privée » conduite par Guillaume Kientz, se déroule en sept étapes : « Le style Gréco », « Gréco ou l’histoire d’un migrant », « Gréco et son atelier », « Gréco et le dessin », « Gréco architecte », « Postérité », « Piéta, collection particulière ». Le commissaire relate l’histoire d’un migrant, de quelqu’un qui cherche du travail et qui a du mal à le trouver, à Venise, puis à Rome où son arrogance face à la peinture de Michel Ange le fait expulser du Palais Farnèse où il était hébergé. C’est en Espagne où il se rend par relation que sa peinture triomphera. Guillaume Kientz décortique le style de l’artiste, son évolution, et le fonctionnement de son atelier, la répartition des tâches.
La commissaire Charlotte Chastel-Rousseau invite à une conférence filmée où elle commente les œuvres de l’exposition qu’elle présente sur grand écran. Elle suit le parcours du Gréco, de Crète à Venise, de Venise à Rome, et de Rome à Madrid et à Tolède : parcours chronologique adopté par l’exposition dans une scénographie épurée, sur fond blanc pour faire ressortir les couleurs audacieuses de l’artiste. Elle poursuit sa conférence en évoquant la redécouverte de l’œuvre du maître par les romantiques, et l’enthousiasme que des personnalités de tous bords lui ont témoigné : Théophile Gautier, Baudelaire et même le cinéaste Eisenstein qui a écrit un livre sur l’importance du peintre. Elle montre aussi comment des artistes se sont réapproprié son art, en juxtaposant des œuvres : le Lacon de Gréco et les baigneurs de Cézanne, le saint Martin et le pauvre de Gréco et le jeune garçon au cheval de Picasso, L’ouverture du 5ème sceau de Gréco et les demoiselles d’Avignon de Picasso, le Saint Sébastien de Gréco et Naaman de Garouste… Pour conclure, la commissaire affirme que Gréco n’était ni fou, ni mystique, ni illuminé, ni astigmate…et elle invite tout un chacun à trouver ses propres qualificatifs et à construire ses interprétations personnelles pour qualifier l’art du Gréco.
Béatrice Flammang
L’exposition Gréco par les deux commissaires
La visite privée par le commissaire Guillaume Kientz