» La réponse à nos problèmes (de citoyenneté et de laïcité) ne se situe pas sur le plan moral, où se complaisent beaucoup de responsables politiques et de journalistes… Elle se situe sur le plan socio-économique et sur le plan politique. Socio-économique d’abord, parce l’exclusion est la mère de toutes les déviances. On ne peut pas attendre d’une personne qu’elle respecte les normes de la société ordinaire si elle est de fait maintenue en marge de cette société. Dans la dernière enquête que nous avons faite dans un quartier difficile de Marseille, le taux de chômage des jeunes de 16 à 24 ans est de 56%. Et le taux d’échec au brevet des collèges dans le quartier n’est probablement pas très loin de ce niveau. Il est juste impossible de bâtir la citoyenneté sur de telles mises à l’écart du système. Politique ensuite, parce que les habitants des quartiers populaires ne votent plus et ne sont de fait représentés par personne sur l’échiquier politique. Ils n’ont dès lors aucun moyen de contestation dans le système. Cette double exclusion est à l’origine de la plupart de nos problèmes », estime le sociologue Laurent Mucchielli dans un entretien donné à la Gazette.
» C’est ensuite la mythologie républicaine qu’il faudrait réviser. En 1789, il était fondamental de proclamer l’égalité de tous et d’imposer la conception unitaire d’un « Citoyen » débarrassé de ses affiliations religieuses, régionales, linguistiques, etc. Mais nous sommes au 21ème siècle. L’enjeu n’est plus d’imposer l’idéal républicain face à la monarchie. Il est désormais indispensable d’adapter la citoyenneté à une société multiculturelle, c’est-à-dire de trouver les modalités d’un vivre ensemble qui ne dénigre pas un certain nombre de différences dans les identités des personnes et des groupes sociaux. Pour cela, il faut faire des compromis, trouver un modus vivendi. «