La troisième journée de grève nationale contre la réforme du collège, le 17 septembre, peut-elle être décisive pour la réforme ? Tout le monde aura les yeux tournés vers le taux de participation alors que les vrais enjeux sont peut-être ailleurs.
Le mouvement contre la réforme du collège a déjà connu deux journées de grèves en mai et juin dernier. La première journée le 19 mai avait été suivie, le lendemain, par la publication au Journal officiel des textes régissant la réforme. Si les bases de la réforme ont été posées par la loi d’orientation de l’Ecole, le décret d’application va selon le Snes, au delà des équilibre sde 21013. Le syndicat en demande la modification.
L’intersyndicale qui appelle à la grève (Snes, FO, Cgt, Snals, Sud) s’oppose à plusieurs fondements de la réforme. Les nouveaux EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) sont présentés comme diminuant des horaires disciplinaires vécus comme déjà insuffisants alors que pour le ministère ils sont au contraire un moyen de donner du sens aux enseignements disciplinaires. La réforme met aussi en place accompagnement personnalisé chargé d’aider le collégien à comprendre le fonctionnement et les attendus du collège. L’intersyndicale a beau jeu de montrer son inefficacité en s’appuyant sur l’exemple du lycée où il a été introduit en 2010. La fin des sections européennes et des sections bilangues est vécue très négativement par les professeurs de langues. Les professeurs de langues anciennes sont aussi révoltés par l’abaissement des moyens de leurs disciplines et sa transformation partielle en EPI. Derrière ces modifications, le ministère met en avant la volonté de lutter contre les inégalités scolaires en redéployant des moyens au profit de tous et en supprimant des filières présentées comme élitistes. Les anti réformes réfutent ces accusations et estiment que la réforme augmentera les inégalités. La réforme est passée du terrain concret au débat politique.
Combien de manifestants et de grévistes le 17 septembre ? La grève du 19 mai avait réuni de 28% (selon le ministère) à 50% des professeurs des collèges (selon l’intersyndicale). Celle de juin a été moins suivie avec de 12% (ministère) à 33% (intersyndicale) de participants. En ce début d’année les enseignants pourraient être plus réticents à faire grève quelques jours après la rentrée.
Le taux de participation aura pourtant une influence certaine sur le destin de la réforme. S’il est faible, la ministre pourra arguer d’un soutien des enseignants à sa réforme. Elle en aurait bien besoin pour permettre une application réelle dans les classes de ses orientations. Mais u autre scénario semble plus probable. Ce qu’observent même des partisans de la réforme comme le Sgen Cfdt, c’est plutôt un enlisement bureaucratique de la réforme. La façon toute hiérarchique dont va se dérouler la formation des enseignants à une réforme censée encourager l’autonomie des équipes en est un bel exemple. Encore une fois l’Education nationale pourrait produire une « réforme de papier ».
François Jarraud