Le ministère publie le 24 septembre de premiers chiffres sur l’application du droit au retour en formation. Il saisit l’occasion pour mettre en avant des formations spécifiques pour ces retours. Deux illustrations d’un seul problème posé par l’application du décret de décembre 2014 : avec quels moyens accueillir ces jeunes ?
Selon le ministère , la campagne « Reviens te former » a généré 9000 appels téléphoniques depuis mai 2015 dont seulement 7000 ont été traités. Au final 3254 rendez vous ont été pris avec le jeune dans un CIO ou une mission de lutte contre le décrochage.
Un résultat modeste au regard de la masse de décrocheurs et des objectifs du décret de décembre 2014. Selon ce texte, « tout jeune âgé de seize à vingt-cinq ans révolus sortant du système éducatif sans diplôme ou ne possédant que le diplôme national du brevet ou le certificat de formation générale bénéficie, à sa demande, d’une durée complémentaire de formation qualifiante qui a pour objet de lui permettre d’acquérir soit un diplôme, soit un titre ou certificat inscrit au répertoire national des certifications professionnelles ». La formation peut être dispensée » sous statut scolaire, dans le cadre d’un contrat en alternance ou sous statut de stagiaire de la formation professionnelle. » Sous statut scolaire, » la formation qualifiante dispensée sous statut scolaire a une durée n’excédant pas une année scolaire, éventuellement renouvelable en fonction de la durée de formation nécessaire pour accéder au diplôme ».
En mars 2015, la circulaire d’application introduisait l’idée de formation spécifiques pour ces décrochés. » La formation dans le cadre scolaire peut prendre plusieurs formes : intégration totale ou partielle dans une classe, formation dans une structure de type micro-lycée, actions diplômantes relevant de la MLDS (de type « repréparation de l’examen par alternance » – MOREA), etc. Lorsque le retour en formation se déroule dans le cadre scolaire, l’élève bénéficie des mêmes droits et il est soumis aux mêmes obligations que les autres élèves, qu’il s’agisse de la formation proprement dite ou de la vie scolaire à laquelle il participe… Les établissements mettront en œuvre des modalités pédagogiques adaptées et prendront en compte les acquis du jeune pour organiser son emploi du temps et ses activités ».
Le bilan publié par le ministère le 24 septembre va un peu plus loin. « Dans la plupart des cas, la formation ne peut pas consister en une simple intégration dans une classe existante. Il est nécessaire d’adapter aux acquis du jeune la durée de sa formation, son emploi du temps et ses activités de formation ».
Ainsi pour le ministère dans l’intérêt du jeune il faudrait leur proposer un retour au lycée ou au lycée professionnel partiel à travers des parcours réduits. Nul doute que cela ne convienne à certains décrochés qui n’en peuvent plus de l’Ecole. Mais est ce la cas des jeunes qui prennent soin de se porter volontaire pour le droit au retour, d’appeler l’éducation nationale , et d’en rencontrer les membres ?
L’idée de parcours réduits est apparue également l’an dernier dans le cas des redoublants de terminale dans les académies où les places manquaient comme les Hauts de Seine. Présentée comme une solution permettant de renforcer la réussite des jeunes, elle est surtout apparue comme un moyen de dépenser moins pour des jeunes qui demandaient un vrai retour au lycée.
La question des moyens pour assurer l’exercice du droit au retour reste posée et surtout sans réponse de la part du ministère. Du coup les rectorats appliquent le décret avec un zèle mesuré et en utilisant les moyens du bord fortement réduits à cette rentrée du fait de l’arrivée de 40 000 élèves supplémentaire au lycée. Sur ces arbitrages, la rue de Grenelle jette un voile pudique…
François Jarraud