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Angelina Caussé fait partie des pionnières d’Internet. Cet entretien est l’occasion de faire le point après plusieurs années de pratique et d’innovation plus ou moins solitaire. FJ- Angélina, comment ça s’est passé l’arrivée d’Internet dans ton collège ? AC- Au début il a fallu convaincre les collègues qu’Internet avait un avenir. Et encore aujourd’hui, alors que beaucoup de profs ont Internet chez eux, c’est encore difficile de le faire passer en classe car ça demande une réflexion pédagogique et ça prend du temps. Mais c’est génial de briser la routine ! FJ- Cela a-t-il fait évoluer les relations avec les collègues ? AC- Je travaille dans un collège ZEP et les relations sont bonnes entre enseignants malgré un turn-over important. Les collègues qui acceptent d’entrer dans le jeu sont vite enthousiastes. Les autres c’est le contraire… Mais ils sont quand même impressionnés par les réalisations des élèves quand ils les voient. Ce qui est amusant c’est quand ils découvrent que des personnes éloignées du collège le connaissent mieux qu’eux ! En fait c’est surtout dans la relation avec les élèves qu’Internet entraîne des changements. FJ- On dit souvent qu’Internet stimule l’intérêt des élèves. Cet argument revient sans cesse. Est-ce réel ? AC- Pour les gamins, être publié c’est magique. D’autant que c’est sur un écran que leur texte apparaît. Finalement on fait avec les TICE le même genre de travail qu’avant avec les cahiers et les livres. Par exemple des récits réalisés dans le cadre d’ateliers écriture. Mais c’est le média qui leur plaît. FJ- Par exemple que fais tu avec eux ? AC- En dehors des ateliers d’écriture, on fait aussi de la correspondance. Dans les deux cas, les élèves pratiquent beaucoup l’autocorrection. Avant d’envoyer un mèl, il faut le relire, corriger les fautes. En langue, Internet sert à faire des recherches à partir desquelles les élèves devront rédiger des questionnaires. En fait, l’impact d’Internet est plus puissant aujourd’hui car les élèves savent que leurs textes seront lus un peu partout dans le monde. Ils le savent car ils reçoivent du courrier électronique, y compris nominatif. Par exemple, ils sont fiers d’avoir eu un message de Charlélie Couture, du groupe I am ou d’une universitaire canadienne. Ils font des efforts pour produire des textes. Ils sentent qu’ils sont beaux et quand un gamin voit en ligne un texte pour lequel il a produit de gros efforts, ça le touche. Internet ça sert d’abord à améliorer l’estime de soi et c’est très important, particulièrement en ZEP. FJ- Cette image arrive à être relayée auprès des familles ? AC- La plupart des parents n’ont pas d’ordinateurs. On est là aussi pour réduire la fracture numérique. Les parents voient le travail de leurs enfants au collège. Les enfants leur montrent. FJ- Cet effet positif existait probablement au début d’Internet. Aujourd’hui n’est ce pas devenu plus banal et moins enthousiasmant ? AC- Ce qui compte c’est l’utilisation que l’on fait d’Internet. L’outil facilite l’invention. Par exemple, les exercices interactifs réalisés avec Hot Potatoes plaisent beaucoup aux élèves en ce moment . Si une pratique fonctionne moins bien, on en inventera une autre ! C’est à nous d’inventer continuellement. Les Enfants d’Anatole
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